Lady Baba

Vaudeville explosif à distribution modulable

Que feriez-vous si vos rêves entraient en conflit avec vos origines ?

Accordez-nous moins d’une heure trente de lecture et plongez votre public dans une comédie burlesque et mordante sur la quête d’identité et la liberté (même si vous avez des débutants dans le groupe).


Embarquez votre public dans une danse effrénée !


Avant de vous en dire plus, on a 3 questions rapides à vous poser :

🆘 Vous fuyez les pièces qui manquent d’humour et de rebondissements ? 
🆘 Vous en avez assez des comédies qui divertissent sans faire réfléchir ?
🆘 Vous n’en pouvez plus de ces vaudevilles, qui utilisent des vieilles ficelles sans les renouveler ?

Si vous avez répondu oui à au moins deux questions, alors lisez vite ce qui suit !

Voici le résumé de Lady Baba :
Marie-Ségolène, jeune chanteuse montante connue sous le pseudonyme de Lady Baba, cache sa double vie à son père Louis-Stéphane, président du Parti des Traditions. Entre perruques, lunettes, et mensonges à répétition, elle tente de maintenir son secret. Mais lorsque son père débarque sans prévenir, accompagné de sa sœur et alors que la campagne présidentielle s’emballe, les quiproquos s’enchaînent. Peut-elle continuer à vivre son rêve sans renoncer à ses valeurs ou trahir sa famille ?

En accédant au texte intégral de Lady Baba, vous obtiendrez un fichier PDF de 92 pages pour un poids ultra-réduit de 581 Ko, téléchargeable sur votre ordinateur, votre tablette, votre téléphone, et imprimable sur n’importe quel support. La mise en page vous permettra de noter sur le texte toutes les indications et notes de régie que vous jugerez utiles.

Avec Lady Baba, vous découvrirez :

✅ Une comédie explosive : un rythme effréné et des dialogues percutants qui provoquent l’hilarité du public
✅ Des personnages hauts en couleur : chaque interprète aura l’occasion de marquer les spectateurs
✅ Un décor simple : un appartement moderne facilement adaptable à vos contraintes
✅ Une intrigue universelle : un mélange d’humour et de réflexion sur les conflits familiaux et les pressions sociales qui parlera à tout le monde
✅ Un final inoubliable : un dénouement qui mêle chant, danse, rire et émotion, laissant le public conquis.

Intéressé(e) ?

Téléchargez gratuitement le texte intégral de Lady Baba et laissez votre public découvrir une histoire où la musique, l’identité et les traditions s’entrechoquent dans une symphonie de rires et de surprises !

Attention : la pièce est déconseillée aux Compagnies qui veulent éviter de parler politique.

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Vous projetez de mettre en scène Lady Baba ?

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Questions fréquentes sur Lady Baba

De quoi parle la comédie Lady Baba ?

C’est une comédie burlesque et grinçante sur la double vie d’une jeune chanteuse pop dont le père est… candidat à la présidence du Parti des Traditions ! Entre perruques, mensonges et chansons, elle tente de concilier liberté et loyauté familiale.

Pourquoi choisir Lady Baba pour votre troupe ?

Parce qu’elle combine rires, rythme et sens : un texte qui amuse autant qu’il fait réfléchir sur l’identité, les origines et la liberté. Et parce qu’elle offre un final aussi inattendu qu’émouvant — le public en ressort conquis.

Combien de comédiens faut-il ?

La distribution est souple : idéale pour une troupe de taille moyenne, de 7 à 9 personnes. Le texte est donc adaptable. Certains rôles sont plus restraints, permettant à des personnes d’implications diverses d’intégrer le spectacle.

Le décor est-il compliqué à monter ?

Pas du tout ! L’action se déroule dans un appartement contemporain. Quelques meubles, un téléphone, une table basse : et vous voilà prêts à entrer en scène.

À qui s’adresse (ou ne s’adresse pas) cette pièce ?

Aux troupes qui aiment les comédies intelligentes, rythmées et engagées. En revanche, si vous préférez éviter toute allusion à la politique, mieux vaut passer votre tour : Lady Baba ne fait pas dans la neutralité. 


Extrait de Lady Baba

Personnages

MARIE-SÉGOLENEplus connue sous le pseudonyme de Lady Baba.

TOINETTEfemme de chambre de Marie-Ségolène.

WANDAimpresario de Marie-Ségolène.

LOUIS-SÉPHANEpère de Marie-Ségolène.

MARIE-DOMINIQUEsœur de Marie-Ségolène.

PATRICE, paparazzi.

ZIGGYancien fiancé de Marie-Ségolène.

BOGGIEnouveau fiancé de Marie-Ségolène

***

Note : les rôles de Ziggy et Boggie peuvent être joués par le même comédien.

Le décor

L’action se déroule dans l’appartement de Marie-Ségolène. La décoration murale indique que la jeune femme vit résolument avec son temps : affiches et posters faisant partie de la culture pop, mobilier moderne, etc.

Acte I

Affalée sur le canapé, Marie-Ségolène dort à poings fermés. Toinette paraît avec un plateau garni d’un petit-déjeuner, qu’elle dépose près du canapé. Elle observe Marie-Ségolène un instant.

TOINETTEà part. Oh lala… ça me fait de la peine de la réveiller… Elle dort si bien… (Regardant sa montre) Quand même… il est presque quinze heures… (Elle hésite, puis) Bon… allez… quand faut y aller… (Chuchotant, à Marie-Ségolène) Madame… Madame… (Voyant que cela n’a aucun effet, elle lui tape sur l’épaule et dit d’une voix claire) Madame !… Madame !… (Constatant que cette méthode est inefficace, elle la secoue carrément en criant ) Madame ! Madame ! (Cela ne marche pas et Toinette se trouve démunie. À part ) À ce stade, c’est pas le marchand de sable qui s’est occupé d’elle, c’est le marchand de béton armé ! (Elle regarde autour d’elle et tombe sur une bouteille de whisky ouverte.) Ou le marchand de Whisky ! (Une idée germe ) Mais bien sûr… (Elle prend la bouteille et place le goulot près du nez de Marie-Ségolène. À elle) Madame ! Madame…

MARIE-SÉGOLÈNEhumant le whisky, les yeux toujours clos mais remuant. Hum…

TOINETTEà part. Ça marche ! (Continuant d’agiter le goulot mais le reculant, de sorte que Marie-Ségolène, attirée, se relève progressivement. À Marie-Ségolène) Madame ! Madame…

MARIE-SÉGOLÈNEmaintenant assise mais les yeux toujours clos. Ah… Toinette… Sers-moi un verre… j’ai soif…

TOINETTE. Tout de suite, madame ! (Toinette prend un verre qui était sur le plateau et le donne à Marie-Ségolène.) Tenez.

MARIE-SÉGOLÈNEbuvant, ouvrant les yeux et recrachant immédiatement. Pouah !… Mais qu’est-ce que c’est que ce truc ?

TOINETTE. Euh… de l’eau…

MARIE-SÉGOLÈNEreposant le verre. Ne me refais jamais ça… Quelle heure il est ?

TOINETTE. Quinze heures.

MARIE-SÉGOLÈNE. Quoi ? Mais pourquoi tu me réveilles si tôt ?

TOINETTE. C’est l’heure de votre rendez-vous.

MARIE-SÉGOLÈNE. Mon rendez-vous ?

TOINETTE. Avec votre impresario.

MARIE-SÉGOLÈNE. Ah c’est vrai ! Wanda m’a dit qu’elle aurait des nouvelles de World Music. (Elle commence à prendre son petit-déjeuner.)

TOINETTE. Madame n’est pas raisonnable. Vous avez tellement bu la nuit dernière, que vous n’avez pas eu la force d’aller jusqu’à votre chambre.

MARIE-SÉGOLÈNE. Je me suis posée ici et après… le trou noir…

TOINETTE. Justement, hier soir, vous avez cassé votre clé dans la porte, qui, du coup, ne ferme plus. Il faut dire d’urgence à votre père…

MARIE-SÉGOLÈNE. Pas question ! J’ai fait changer les fenêtres quand j’ai sorti Taxi girl, j’ai refait la déco avec l’argent de Dreaming, je ferai remplacer la serrure grâce à mon prochain tube. 

TOINETTE. Ça aussi…

MARIE-SÉGOLÈNE. Quoi, « ça aussi… » ? Maintenant, tu vas me reprocher d’être une chanteuse pop ?

TOINETTE. Jusqu’ici, ça ne posait pas de problème… Vous avez fait deux chansons qui ont été très remarquées sur internet… Mais si vous signez avec World Music, votre père finira forcément par être au courant…

MARIE-SÉGOLÈNE. Mais non ! … Avec ma perruque et mes lunettes de scène, je suis méconnaissable ! Et puis j’ai mon pseudo !

TOINETTE. Et quel pseudo ! Lady Baba… Vous feriez mieux de tout lui dire…

MARIE-SÉGOLÈNE. À mon père ? Tu veux qu’il ait une attaque ? 

TOINETTE, ne voyant pas où est le problème. Tout de même, il vous a bien installée ici pour faire de la musique ?

MARIE-SÉGOLÈNE. Mais pas la musique que je fais ! Mon père, c’est messe, cantiques et requiem. Sans parler de son engagement politique ! Non, non, moi, mon idéal c’est : profiter de la life, chanter, danser, boire un coup quand j’ai envie, aller où le vent me porte… bref, pas du tout le kif de mon père ! Alors autant te dire que s’il savait que j’étais Lady Baba…

Entre Wanda.

WANDA, trop heureuse de se mêler à la conversation. Si qui sait que tu es Lady Baba ?

MARIE-SÉGOLÈNE. Tiens, tu es là ?

WANDA. La porte était entrouverte…

TOINETTE. Nous parlions du père de madame. Je disais à madame qu’il serait temps qu’il connaisse les véritables activités de madame et…

WANDA. Hein ? Tu es folle ! Le père de Marie-Ségo est persuadé qu’elle étudie le piano au conservatoire. Quand il vient, elle lui joue Mozart et Beethoven et quand il repart, on peut enfin bosser tranquille !

MARIE-SÉGOLÈNE. C’est ce que je me tue à lui dire !

WANDA, méfiante, regardant Toinette. Oh… mais dis-donc… tu vas pas aller tout lui révéler ?

TOINETTE. Quoi ? Mais non !…

MARIE-SÉGOLÈNE. Toinette, je sais que tu adores parler, alors jure-moi que tu ne lui diras rien !

TOINETTE. Si madame insiste, je le jure !

WANDA. D’ailleurs, ce ne serait pas dans ton intérêt…

TOINETTE. Et pourquoi ?

WANDA. Réfléchis. Quand le père de Marie-Ségo a décidé que sa fille étudierait le piano classique à Paris, il a pris ce trois pièces et il t’a engagée pour veiller sur elle. Tu crois qu’il serait ravi en apprenant que tu as laissé Marie-Ségo se détourner de Schubert pour aller se déhancher sur toutes les scènes ouvertes pop de la capitale ? Pour rentrer à pas d’heure en semi-coma éthylique ?

MARIE-SÉGOLÈNE. N’exagère pas…

TOINETTE, pâlissant. Quelque chose me dit que non…

MARIE-SÉGOLÈNE. Si papa apprenait que je suis Lady Baba, ce serait ton licenciement assuré !

TOINETTE, résignée. Vous avez raison… Eh bien soit. (Décidée ) Madame, croyez bien que je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour que votre père n’apprenne jamais la vérité.

MARIE-SÉGOLÈNE. Voilà qui me plaît ! 

TOINETTE. Tout de même, vous pourriez au moins lui présenter votre fiancé.

WANDA. C’est vrai que Ziggy est un peu agité, mais il a de l’énergie !

MARIE-SÉGOLÈNE. Je ne suis plus avec Ziggy !

WANDA ET TOINETTE. Quoi ?

MARIE-SÉGOLÈNE. J’ai un nouveau mec. Il est trop chou et il s’appelle Boggie ! D’ailleurs, il doit venir tout à l’heure. 

TOINETTE. C’est votre père qui va être content !

MARIE-SÉGOLÈNE. Sûrement pas ! Il ne rêve que d’une chose, que j’épouse un notaire ou un pharmacien, et que je devienne la plus belle potiche de sa maison !

TOINETTE. Et votre mère ? Vous pourriez lui dire ?

MARIE-SÉGOLÈNE, songeuse. Peut-être… C’était une rebelle, en son temps… elle s’était même fait tatouer Artémis au creux des reins… la déesse de la chasse… une femme de tête… ça avait fait scandale, à l’époque… Et puis elle a fini par rentrer dans le rang… en épousant papa…

TOINETTE. Allons, madame, réfléchissez !…

MARIE-SÉGOLÈNE. C’est tout réfléchi !

Toinette sort.

WANDA. Ton père, ça doit être une sacrée personnalité. J’aimerais bien le rencontrer, un jour.

MARIE-SÉGOLÈNE. Au bout de deux minutes, tu ne pourrais plus le supporter ! (Elle verse du whisky dans son café.)

WANDA, prenant la bouteille. Hep hep hep !

MARIE-SÉGOLÈNE. Tu vas pas t’y mettre ?

WANDA. J’ai besoin que tu sois lucide.

MARIE-SÉGOLÈNE. Je suis lucide !

WANDA, dubitative. Après la nuit que tu as passée ?

MARIE-SÉGOLÈNE. Je ne me suis jamais sentie aussi opérationnelle !

WANDA, pas convaincue. Je demande à voir…

MARIE-SÉGOLÈNE. Regarde ! (Elle se lève et marche avec un déhanché provocateur.) Alors ? Tu vois que Lady Baba sait encaisser les chocs ! (Soudain, elle perd l’équilibre mais se récupère in extremis.) OK, faut que je règle les instruments de bord, mais je peux t’assurer que le châssis est impeccable ! (Elle se rassoit.)

WANDA. Très bien. (Tendant un papier à Marie-Ségolène.) Pour commencer, regarde ça.

MARIE-SÉGOLÈNE, prenant le papier. C’est quoi ces chiffres ?

WANDA. Tes droits d’auteur, ma vieille. Je les ai reçus ce matin de la Société des Auteurs-Compositeurs-Interprètes.

MARIE-SÉGOLÈNE. Wouah ! ça commence à faire…

WANDA. Maintenant, vise un peu ça.

MARIE-SÉGOLÈNE, posant le premier papier et prenant le second. Un contrat ? Un contrat de World Music ?

WANDA. C’est le début de la gloire !

MARIE-SÉGOLÈNE, rendant le papier. Je ne veux pas.

WANDA. Tu ne veux pas quoi ?

MARIE-SÉGOLÈNE. Je ne veux pas le signer ! Jusqu’ici j’ai pu faire ce qu’il me plaît. Chanter ce que je veux chanter, danser comme j’aime danser. En signant pour une grande compagnie, je vais devenir un produit et je devrai appliquer les ordres.

WANDA. Tu te trompes. Ils adorent ton style et ils veulent que tu fasses exactement ce que tu as fait jusqu’ici.

MARIE-SÉGOLÈNE. C’est vrai ?

WANDA. Je te le certifie !

MARIE-SÉGOLÈNE, heureuse. Je me demande si je rêve… (Signant) Et voilà. Maintenant, je vais pouvoir être Lady Baba vingt-quatre heures sur vingt-quatre ! (Wanda reprend le contrat.)

Toinette rentre en trombe.

TOINETTE, paniquée. Madame ! Madame ! Votre père arrive !

MARIE-SÉGOLÈNE ET WANDA. Quoi ?

TOINETTE. Il vient de sonner à l’interphone ! Il est avec votre sœur !

MARIE-SÉGOLÈNE, prenant peur. D’habitude, il prévient ! Que se passe-t-il ?

TOINETTE, très nerveuse. Il faut redonner à cette pièce une apparence convenable !

MARIE-SÉGOLÈNE. Tu as raison ! Faisons vite !

Toinette, aidée par Marie-Ségolène et Wanda, enlèvent les posters de pop culture et les remplacent par des posters du pape, de Jésus, de la Vierge, etc. Soudain, on sonne. Elles se figent.

MARIE-SÉGOLÈNE. C’est lui… (À Toinette) Va ouvrir ! Essaye d’être normale…

Toinette sort.

MARIE-SÉGOLÈNE, à Wanda. Et moi ? De quoi j’ai l’air ?

WANDA, arrangeant Marie-Ségolène. C’est pas brillant…

TOINETTE, off. Bonjour monsieur, quelle bonne surprise ! 

LOUIS-STÉPHANE, off. Ma fille est là ?

TOINETTE, off. Bien sûr, monsieur…

MARIE-SÉGOLÈNE, à Wanda, chuchotant. Cache-toi ! (Alors que Wanda s’éclipse, la rattrapant et lui donnant la bouteille de whisky avec le verre) Attends !

Alors que Wanda disparaît, entre Toinette suivie de Louis-Stéphane et de Marie-Dominique.

TOINETTE, annonçant. Madame, monsieur, le père de madame et madame, la sœur de madame.

LOUIS-STÉPHANE, avec autorité, écartant Toinette. Pas besoin de cérémonie. (Embrassant Marie-Ségolène)  Bonjour, Marie-Ségolène. 

MARIE-SÉGOLÈNE. Bonjour, père. 

LOUIS-STÉPHANE, effaré par la dégaine de sa fille. Vous… vous venez de vous lever ?

MARIE-SÉGOLÈNE. Je… je sortais juste d’une petite sieste…

LOUIS-STÉPHANE, humant, suspicieux. C’est curieux… ça sent… ça sent l’alcool…

TOINETTE, sans réfléchir, pour donner le change. C’est moi, monsieur !

LOUIS-STÉPHANE, choqué. Comment, c’est vous ?

TOINETTE. Je veux dire c’est… c’est la dinde que j’ai préparée pour le déjeuner… une dinde au whisky…

LOUIS-STÉPHANE, mécontent. Au whisky ? À l’avenir, évitez.

TOINETTE. Bien, monsieur. 

Toinette sort.

LOUIS-STÉPHANE, à Marie-Dominique. Dites bonjour à votre sœur. 

MARIE-DOMINIQUE, faisant la bise, sans entrain. Bonjour.

MARIE-SÉGOLÈNE, idem. Bonjour.

LOUIS-STÉPHANE, à Marie-Ségolène. Votre mère vous embrasse, elle est restée à Bousincourt.

MARIE-SÉGOLÈNE, faussement aimable. Que me vaut le plaisir de votre visite ?

LOUIS-STÉPHANE. Vous n’avez pas vu les infos ?

MARIE-SÉGOLÈNE. Non.

LOUIS-STÉPHANE. Ah… Bon, je vais vous mettre au courant, mais avant, j’ai une bonne nouvelle à vous annoncer. Il y a quatre ans, j’ai pris cet appartement pour que vous puissiez prendre des cours de piano au conservatoire. 

MARIE-SÉGOLÈNE. Et je vous en remercie. 

LOUIS-STÉPHANE. Je n’ai fait que mon devoir. Une femme s’accomplit en fondant un foyer et en devenant mère. Mais pour fonder un foyer, il faut l’agrémenter. Une femme jouant de la harpe ou du piano fait plaisir à son mari, lorsqu’il rentre du labeur, fatigué et tendu. Marie-Dominique s’est mise à la harpe et elle va prochainement se fiancer avec François-Henri de Lavrille, notre nouveau notaire.

MARIE-SÉGOLÈNE, surprise. Je ne savais pas… (À Marie-Dominique) Félicitations. 

MARIE-DOMINIQUE, froide. Merci. 

LOUIS-STÉPHANE. Marie-Ségolène, vous m’avez toujours donné du fil à retordre. Alors que Marie-Dominique désirait s’inscrire à la danse classique, vous vouliez faire de la boxe française. Quand votre sœur demandait au Père-Noël une licorne en peluche, vous espériez une panoplie de garagiste. J’en ai eu les plus vives inquiétudes. Heureusement, tout s’arrange : je viens de vous trouver un fiancé. 

MARIE-SÉGOLÈNE, presque un cri. Quoi ?

LOUIS-STÉPHANE, désagréablement surpris. Vous élevez la voix ? 

MARIE-SÉGOLÈNE, se ressaisissant. C’est la surprise…

LOUIS-STÉPHANE, revenant à ses moutons. Il s’agit de Charles-Henri de la Butinière, qui reprend l’usine familiale. 

MARIE-SÉGOLÈNE, horrifiée. Ce boutonneux ?

LOUIS-STÉPHANE, à qui le détail avait échappé. Il a des boutons ?

MARIE-SÉGOLÈNE, catégorique. Il a des boutons !

LOUIS-STÉPHANE, pratique. Ma foi… vous lui ferez passer !

MARIE-SÉGOLÈNE, sans réfléchir. Impossible !

LOUIS-STÉPHANE, contrarié. Comment, impossible ?

MARIE-SÉGOLÈNE, tentant de se justifier. Oui, c’est impossible parce que… parce que… j’ai déjà un fiancé !

LOUIS-STÉPHANE, tombant des nues. Quoi ? Mais… mais… J’espère au moins que vous êtes passés devant Dieu…

MARIE-SÉGOLÈNE, qui n’avait pas pensé à ce détail. Oui, oui… évidemment !

LOUIS-STÉPHANE. Où avez-vous fait cela ?

MARIE-SÉGOLÈNE. Pardon ?

LOUIS-STÉPHANE. Dans quelle église vous êtes-vous fiancés ?

MARIE-SÉGOLÈNE. Euh… eh bien dans l’église du quartier… À Notre-Dame de l’Assomption…

MARIE-DOMINIQUE, soudain intéressée. Comment s’appelle-t-il ?

MARIE-SÉGOLÈNE, cherchant quoi dire. Euh… il s’appelle… euh… Jean… euh… Christian…

LOUIS-STÉPHANE, sans comprendre. Il s’appelle Jean ou Christian ?

MARIE-SÉGOLÈNE, pataugeant. Euh… les deux… Jean-Christian…

LOUIS-STÉPHANE, s’emmêlant. Christian, c’est son nom de famille ?

MARIE-SÉGOLÈNE, pataugeant. Euh… non… non… Son prénom est : Jean-Christian.

MARIE-DOMINIQUE, dont les yeux s’allument. Il est mignon ?

LOUIS-STÉPHANE, s’emmêlant. Mais… euh… Jean-Christian comment ?

MARIE-SÉGOLÈNE, pataugeant. Euh… Jean-Christian euh… de Roubaix…

LOUIS-STÉPHANE, suspicieux. Jean-Christian de Roubaix… Catholique ?

MARIE-SÉGOLÈNE, mentant effrontément. Baptisé, confirmé…

LOUIS-STÉPHANE. Et qu’est-ce qu’il fait dans la vie ?

MARIE-SÉGOLÈNE, inventant au fur et à mesure. Eh bien il va… il va reprendre l’entreprise familiale… Grosse fortune…

LOUIS-STÉPHANE. Grosse fortune ? Je veux le rencontrer au plus vite. 

MARIE-DOMINIQUE. Moi aussi !

LOUIS-STÉPHANE. Ensuite, je prendrai ma décision. Il faut que nous puissions présenter une famille complète pour le début de la campagne.

MARIE-SÉGOLÈNE. Quelle campagne ?

LOUIS-STÉPHANE. La campagne électorale ! J’ai été désigné candidat à la présidentielle par le parti. 

MARIE-SÉGOLÈNE, effarée. Le Parti des Traditions ?

LOUIS-STÉPHANE. Évidemment ! Sous quelle bannière vouliez-vous que je me présentasse ! En tant que président du parti, j’étais son candidat naturel, mais les adhérents ont confirmé cela par un vote. Je suis donc devenu le candidat officiel du Parti des Traditions. J’ai embauché votre sœur en tant qu’assistante. La famille sera au cœur de ma campagne. Voilà pourquoi je veux montrer aux médias notre famille, unie par les valeurs chrétiennes et le respect de l’ordre moral. 

MARIE-SÉGOLÈNE, à part. Oh purée !

LOUIS-STÉPHANE. Pardon ?

MARIE-SÉGOLÈNE. Je disais : quelle bonne idée !

LOUIS-STÉPHANE. Dites-lui de passer maintenant.

MARIE-SÉGOLÈNE. Qui ?

LOUIS-STÉPHANE. Jean-Christian !

MARIE-SÉGOLÈNE. Euh… Oui… bien sûr…

LOUIS-STÉPHANE. Je fais un aller-retour au parti, pour contrôler l’impression de mes affiches. « Un seul recours : Louis-Stéphane de Bousincourt » !

MARIE-DOMINIQUE. « La France de toujours : Louis-Stéphane de Bousincourt » !

LOUIS-STÉPHANE. « Pour les traditions, pas de détour : Louis-Stéphane de Bousincourt » ! Marie-Dominique, en route !

MARIE-DOMINIQUE. Père, puis-je rester ici ?

LOUIS-STÉPHANE. Pour quoi faire ?

MARIE-DOMINIQUE, dont les yeux brûlent. Eh bien… pour… faire la connaissance de mon futur beau-frère…

LOUIS-STÉPHANE, l’œil réprobateur. Enfin ! Marie-Dominique ! Que dirait votre futur fiancé ! (À Marie-Ségolène) J’ai constaté que la porte d’entrée ne ferme plus ?

MARIE-SÉGOLÈNE. Oui, c’était hier soir : je suis rentrée complètement bourrée ! (Devant la mine de son père) Euh… je veux dire… complètement bourrée… bourrée d’idées à propos des morceaux de musique que je travaille en ce moment… j’ai cassé la clé dans la serrure…

LOUIS-STÉPHANE. Je vais la faire remplacer.

MARIE-SÉGOLÈNE. Merci père, je ferai ça moi-même.

LOUIS-STÉPHANE. Avec quel argent ?

MARIE-SEGOLÈNE. Celui de mes concerts.

LOUIS-STÉPHANE. Vous… vous donnez des concerts ?

MARIE-SÉGOLÈNE. Oui ! (Devant le regard interrogateur de son père.) Dans l’église de… Notre-Dame-de-Lorette… Bach… Mozart… Beethoven…

LOUIS-STÉPHANE. Il faudra arrêter. 

MARIE-SÉGOLÈNE. Arrêter ?

LOUIS-STÉPHANE. Une femme de directeur d’usine joue pour ses amis, pas en public. À tout à l’heure !

MARIE-SÉGOLÈNE. Je vous fais raccompagner. (Appelant) Toinette !

LOUIS-STÉPHANE. Inutile !

Louis-Stéphane sort, suivi de Marie-Dominique, alors que Toinette rentre et que réapparaît Wanda.

TOINETTE, très digne. Madame m’a fait demander ?

MARIE-SÉGOLÈNE. Arrête ton cinéma, mon père est parti !

WANDA. Tu t’en es sortie ?

MARIE-SÉGOLÈNE. M’en parle pas : mon père me marie !

WANDA ET TOINETTE. Quoi ?

MARIE-SÉGOLÈNE, à Toinette. Sois vigilante : mon nouveau mec va arriver. Il ne faut surtout pas que mon père tombe sur lui !

TOINETTE. Bien reçu !

MARIE-SÉGOLÈNE. En attendant, aidez-moi à retrouver forme humaine !

Marie-Ségolène sort suivie de Wanda et Toinette. Le salon reste vide un instant. Puis Patrice entre, avec beaucoup de précautions, un appareil photo en bandoulière.

PATRICE, regardant à droite et à gauche, à la cantonade. Y a quelqu’un ? … S’il vous plaît ? (Voyant les posters religieux) C’est les Scouts d’Europe ou quoi ? (À part) Personne… Je me suis peut-être planté… (Téléphonant) Allô ? C’est Patrice… (Plus fort) C’est Patrice ! … Ben justement, j’y suis, là… (Sortant un petit carnet) C’est bien au 15, avenue de Montmorency ? Septième étage, quatrième porte à gauche en sortant de l’ascenseur ? Je comprends pas, y a personne… T’es sûr que c’est là que crèche la fille de Bousincourt ? Et… t’es sûr qu’elle se produit sur scène sous le nom de « Lady Baba » ? … Bon… elle est peut-être sortie… Moi, je me casse ! Hein ? Mais non, j’ai pas peur ! Tu sais bien que moi, y a trois choses qui comptent : une bonne photo, une bonne photo et une bonne photo ! Et le fric qui va avec, évidemment… Quoi ? Non, je pensais planquer en face de l’appart, mais vu que la porte était ouverte… Hein ? Ah c’est sûr que si on arrive à sortir l’info… Je vois ça d’ici : « La fille du candidat des traditions est une chanteuse trash ! » Ça va flinguer sa campagne… Quoi ? T’inquiète pas ! Tu sais très bien que si j’ai su réussir dans le métier, c’est parce que personne n’a jamais pu voir ma tête !

Rentre Toinette.

TOINETTE, interloquée à la vue de Patrice. Monsieur ?

PATRICEpenaud rangeant hâtivement son téléphone. Madame…

TOINETTE, croyant avoir compris. Vous êtes le nouveau ?

PATRICE, sans comprendre. Le… le… le nouveau ?

TOINETTE. Eh bien le nouveau… le nouvel ami de madame ? 

PATRICE, presque malgré lui. Oui… oui, c’est ça… le… le nouvel ami de madame… Je… je peux la voir ?

TOINETTE. Pas tout de suite ! Elle est dans son bain… (Voyant son appareil.) Vous êtes photographe ?

PATRICE. Euh… oui…

TOINETTE. C’est quoi, votre nom, déjà ? Madame me l’a dit mais… un nom en i, c’est ça ?

PATRICE. Vous avez une bonne mémoire !…

TOINETTE, attendant que Patrice lui dise un nom, puis, comme il ne dit rien. Vous voulez pas me le dire ?

PATRICE. Quoi ?

TOINETTE. Votre nom !

PATRICEmal à l’aise. Ah !…

TOINETTE. C’est vrai que je ne me suis pas présentée ! Toinette, femme de chambre de madame !

PATRICE. Ah  vous êtes la femme de chambre de…

TOINETTE. Oui ! J’ai été recrutée par son père pour veiller sur elle ! Elle était censée prendre des cours de piano au conservatoire mais bon…

PATRICE, intéressé. Bon quoi ?

TOINETTE. Ben, ça a un peu dévié, comme vous savez…

PATRICE, de plus en plus intéressé. Ah non, dites-moi ça ?

TOINETTE. Oh ! Vous n’allez pas me dire que vous n’êtes pas au courant ?

PATRICE, sortant son calepin. Au courant de quoi ?

TOINETTE, sur un ton confidentiel. Vous connaissez madame sous le nom de Lady Baba.

PATRICE, tentant de masquer sa surprise. Euh… oui…

TOINETTE. Eh bien ça n’est pas son vrai nom. Elle se nomme en fait Marie-Ségolène de Bousincourt.

PATRICE, notant. La fille de ?…

TOINETTE, approuvant de la tête. Oui ! Louis-Stéphane de Bousincourt.

PATRICE, jubilant et notant. La candidat du Parti des Traditions à l’élection présidentielle ?

TOINETTE. Lui-même ! (Regardant Patrice) Mais… vous prenez des notes ?

PATRICE, pris en faute. Hein ? Oui ! C’est que… j’ai une mauvaise mémoire…

TOINETTE. Toujours est-il que le père de madame n’apprécierait pas du tout d’apprendre les véritables activités de sa fille. Même si la mère de madame a été, elle aussi, en son temps, une sorte de rebelle…

PATRICE, prenant des notes à tout vas. Tiens ? Dites-moi ça…

TOINETTE. Je vous le dis parce que vous êtes le nouvel ami de madame, mais, n’est-ce pas, ça reste entre nous ?

PATRICE, notant avidement. Comptez sur moi !

TOINETTE. Eh bien voilà… Figurez-vous que la mère de madame, Anne-Françoise, s’était fait tatouer au creux des reins la déesse Artémis.

PATRICE, que la surprise arrête. Non ?

TOINETTE. Comme je vous le dis… Et puis elle a épousé monsieur et s’est assagie… Mais, je ne sais toujours pas votre nom.

PATRICE. Ah ! euh… (Il cherche) Fred !

TOINETTE. Je croyais que c’était un nom en i ?

PATRICE, cherchant une parade. Tout le monde m’appelle Freddy !

TOINETTE. Eh bien, Freddy, partez ! Il ne faut surtout pas que le père de madame vous trouve ici, sinon, ça ferait du grabuge. Je peux compter sur vous ?

PATRICE. Affirmatif !

***

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