Comédie satirique modulable
Pourront-ils-elles sauver leur entreprise ?
Accordez-nous moins d’1h30 de lecture et découvrez comment faire entrer votre public dans une entreprise où l’on se chamaille au moins autant qu’on s’aime bien (même si plusieurs de vos interprètes débutent).
Vous reconnaîtrez sans doute vos collègues !
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On a 3 questions rapides à vous poser :
🆘 Est-ce que vous avez assez de tomber sans cesse sur des textes qui ne correspondent jamais à votre répartition femmes/hommes ?
🆘 Est-ce que vous n’en pouvez plus de ces pièces où les scènes tirent en longueur ?
🆘 Est-ce que vous faites partie de ces personnes qui détestent les comédies ne parlant pas du monde d’aujourd’hui ?
Si vous avez répondu oui à au moins deux questions, alors lisez vite ce qui suit !
Résumé de La Vie de bureau. Dans la filiale « United Smokes » de Villiers-Saint-Marc, spécialistes en fumigènes, on s’aime, on se déteste, on se fait des blagues. On bosse aussi, quelquefois. La fermeture annoncée du site mettra le petit groupe en émoi.
En accédant au texte intégral de La Vie de Bureau, vous obtiendrez un fichier pdf de 76 à 96 pages pour un poids ultra-réduit entre 475 ko et 584 ko. Le fichier est donc très facilement téléchargeable sur votre téléphone, votre ordinateur, votre tablette et imprimable à volonté. La mise en page vous permettra de noter sur le texte toutes les indications et notes de régie que vous jugerez utiles.
Avec « La Vie de Bureau » vous découvrirez :
✅ une comédie faisant avancer de front 4 intrigues, relançant sans cesse l’intérêt du public
✅ une histoire d’amour très vaudevillesque, proposant au public un type d’humour qu’il a toujours plaisir à retrouver
✅ des personnages attachants, donnant aux interprètes l’opportunité de gagner la sympathie du public
✅ une pièce aux très nombreuses distributions possibles, s’ajustant avec plasticité aux effectifs de votre compagnie
✅ une comédie sur le thème de l’entreprise, qui proposera à votre public un regard sur le monde d’aujourd’hui tout en le distrayant
La pièce a été créée par la troupe Cadohifaden en février 2020 à Botz-en-Mauges.
Bonne nouvelle : la lecture, le téléchargement et l’impression de La Vie de Bureau sont totalement gratuits !
Intéressé-e ? Téléchargez gratuitement le texte de La Vie de Bureau.
Attention, cependant : cette pièce est fortement déconseillée aux personnes qui n’aiment pas le monde du travail.
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Questions fréquentes sur La Vie de bureau
Quel est le thème principal de La Vie de Bureau ?
Cette comédie explore avec humour le monde du travail, ses tensions, ses amitiés et ses rivalités. C’est une satire sociale qui parle autant de la solidarité que de la compétitivité, dans une entreprise menacée de fermeture
Combien de comédiens faut-il pour monter cette pièce ?
La distribution est modulable : plusieurs combinaisons sont possibles selon vos effectifs. La pièce s’adapte aussi bien à une troupe réduite qu’à un grand groupe, grâce à une écriture souple et équilibrée entre les rôles.
Ce texte est-il adapté aux troupes amateures ?
Absolument. Les dialogues sont dynamiques, les scènes bien rythmées et les personnages très typés. Même avec des comédiens débutants, la pièce fonctionne parfaitement : le public rit, s’attache et se reconnaît.
Pourquoi choisir cette comédie plutôt qu’une autre ?
Parce qu’elle conjugue rire et réalisme. La Vie de Bureau fait rire tout en parlant du monde d’aujourd’hui : les relations hiérarchiques, la vie d’équipe, la peur du licenciement et la camaraderie. C’est une comédie moderne et fédératrice.
La pièce a été créée le 22 février 2020, à Botz-en-Mauges, par la troupe Cadohifaden. La version retenue était une version à 9 personnages.


Extrait de La Vie de Bureau
Personnages
Jocelyne, directrice générale de la filiale de United Smokes à Villiers-Saint-Marc, pleine d’empathie.
Bernard, directeur adjoint de la filiale de United Smokes à Villiers-Saint-Marc, blagueur.
Ysée ou Arsène, supervision des filiales de United Smokes, très pro.
Fred, réceptionniste, peu diplomate.
Jean-Louis ou Valérie, représentant-e commercial-e volontiers paillard-e.
Eva, commerciale piquante.
Tom, commercial sentimental.
Laura, service après-vente, discrète.
Olivier, délégué de la commune de Villiers-Saint-Marc, guindé.
Brad ou Emma, supervision des filiales de United Smokes, très techno.
Bret ou Emmy supervision des filiales de United Smokes, très mode.
Baba, agent d’entretien taciturne.
Sacha, service de la paie, toujours le souci de bien faire.
Dany, comptable, décontracté-e.
Lou, assistant-e aux ressources humaines, espérant monter en grade.
Sil, manutentionnaire, beaucoup de créativité.
Chris, manutentionnaire, beaucoup de logique.
NOTE
- Les interventions de Sacha, Dany, Lou, Sil et Chris sont autonomes et peuvent être coupées sans gêner le bon déroulement de la pièce.
- Plusieurs rôles peuvent être joués par un-e même acteur/actrice.
- Les rôles de Ysée/Arsène, Jean-Louis/Valérie, Brad/Emma, Bret/Emmy, Baba, Sacha, Dany, Lou, Sil et Chris peuvent indifféremment être joués par des hommes ou des femmes.
Le décor
Un open space. Les bureaux de Tom, Eva et Laura. Ordinateurs, bouteilles d’eau, paperasse. Une réception. Un panneau « United Smokes inc. » Un distributeur d’eau. Une porte donnant sur le bureau de Bernard. Une ouverture vers d’autres bureaux. Une ouverture vers l’extérieur.
Tableau 1.
L’espace est vide et plongé dans la pénombre. Une porte s’ouvre et une silhouette paraît. C’est Fred. Elle appuie sur un interrupteur et la lumière s’allume. Elle enlève son manteau, pose une pile d’enveloppes sur la réception et va s’asseoir derrière. Elle examine les différentes enveloppes quand le téléphone sonne.
Fred, décrochant, prenant un ton aimable. — United Smokes Villiers-Saint-Marc, bonjour ! (Un temps.) Non, il n’y a personne. (Un autre temps.) Non, je ne sais pas. (Un autre temps, perdant son sourire.) Je vous dis que je ne sais pas.
Eva entre.
Eva, tonitruante. — Hello Fred !
Fred, à Eva, sèche. — Je suis au téléphone !
Eva, à part. — Hou ! De bonne humeur, on dirait… (Elle s’installe à son bureau.)
Fred, au téléphone, sortant de ses gonds. — Puisque je vous dis que j’en n’ai aucune idée ! Je suis pas médium ! Oh ! (Raccrochant subitement.)
Eva, à part. — Eh ben après ça, on s’étonne que la clientèle soit en baisse…
Fred, un soupçon germe dans son esprit. — Qu’est-ce que tu dis ?
Eva, haut. — Rien ! Je disais… « Il me semble que la température est en baisse… » Non ?
Fred. — Je sais pas… (Montrant son front.) Y a pas marqué « Station météo ».
Eva, à part, ironique. — Je confirme, c’est glacial…
Entre Laura, rasant les murs.
Fred, regardant passer Laura et lui lançant, comme un reproche à quelqu’un d’impoli. — Bonjour !
Laura, sursautant. — Ah ! Bonjour Fred… Je n’avais pas vu que tu étais là…
Fred, haussant les épaules alors que Laura va à son bureau comme si elle voulait entrer dans un trou de souris. — Où tu veux que je sois ?
Eva, aimable. — Salut Laura !
Laura, sursautant de nouveau. — Ah ! Euh… Salut Éva…
Eva, ironique. — Excuse-moi de te réveiller…
Laura, balbutiant. — Tu ne me réveilles pas, simplement j’étais… je…
Eva, poursuivant sa blague. — T’inquiète, rendors-toi !
Entrent Sacha et Dany.
Sacha, terminant une conversation. — Et depuis, tout le monde s’entend hyper bien ! (À Fred, Eva et Laura ) Bonjour, estimées collègues !
Sacha et Dany se dirigent vers un autre espace et disparaissent tandis que le téléphone sonne.
Fred, répondant au téléphone, aimable. — United Smokes Villiers-Saint-Marc bonjour ! (Un temps.) Quoi ?
Entre Lou, parlant au téléphone. Il fait un signe à Fred qui ne répond pas.
Lou, au téléphone. — Il ne pouvait pas faire ça, c’était contraire à toutes les règles morales…
Lou se dirige vers un autre espace et disparaît.
Fred, toujours au téléphone. — Pardon ? J’ai pas compris… (Après un temps.) Non, ce n’est pas la Boucherie Léonard ! (Un temps.) Mais non, monsieur, vous ne pouvez pas me commander un steak haché ! Ici, vous êtes chez United Smokes Villiers-Saint-Marc, spécialistes des fumigènes, feux à mains et feux d’artifices, alors pensez bien qu’un jarret… Quoi ? Un jambon fumé ? (Comprenant soudain.) Oh !… Bernard, c’est bon, je vous ai reconnu… (Un temps.) Mais arrêtez, Bernard, je sais que c’est vous… (Un temps.) Hein ? (La mine désespérée.) Ouais, ouais… c’était très drôle… (Un temps.) Non, j’ai vu personne. (Un autre temps.) Jocelyne non plus. (Un temps court.) Oui, à tout de suite ! (Elle raccroche.)
Entre Tom, un peu gêné.
Fred, voyant Tom, soudain radoucie. — Salut Tom !
Tom, battant en retraite face à Fred. — Oui… salut…
Fred, souriante, alors que Tom s’éloigne de la réception. — Je vais pas te manger, tu sais…
Eva, gentille, à Tom. — Hello !
Tom, mal à l’aise. — Hello !…
Eva. — Alors, c’était bien, ta soirée ?
Tom, bredouillant. — Oui, oh… Je suis resté devant la télé, finalement…
Eva, moqueuse. — T’aurais mieux fait de venir boire un verre avec moi, comme je te l’avais proposé…
Tom, apercevant Laura, gêné. — Salut…
Laura, gênée. — Salut…
Entre Jocelyne.
Jocelyne, joyeuse. — Bonjour les chéris ! Regardez ce que je vous ai amené… (Elle brandit un sac.) Des croissants !
Tout le monde se précipite vers elle, en disant « Merci Jocelyne ». Soudain, Eva prend le croissant que Fred avait saisi.
Fred. — Oh ! C’était le mien !
Eva, mutine, riant. — Ha ha ha ! Tous les coups sont permis !
Jocelyne, gentiment grondeuse. — Allons, ne vous disputez pas ! Il y en aura pour tout le monde ! Nous sommes une grande famille, après tout…
Entrent Sil et Chris.
Sil, s’adressant à Chris. — Et là, je lui dis : « mon pote, moi, j’ai une idée par minute ! » T’aurais vu sa tronche… (Soudain, tout le monde s’arrête de parler et les regarde.) Quoi ? On vient boire un verre d’eau ? On n’a pas le droit ?
Jocelyne, souriante. — Mais si, bien sûr !
Chris. — C’est pas parce qu’on bosse à l’entrepôt…
Jocelyne, souriante. — Nos amis de l’entrepôt sont aussi nos amis ! Bon… (Son sourire s’efface peu à peu.) Vous êtes souvent couverts de sueur, vous crachez toutes les deux minutes, vous faites des fautes d’orthographe à l’oral… (Retrouvant son sourire.) Mais vous faites quand même partie de la grande famille United Smokes Villiers-Saint-Marc ! Prenez donc un croissant.
Fred, à Jocelyne, tandis que Sil et Chris, dépité-e-s, prennent un croissant et s’en vont et que les autres regagnent peu à peu leurs bureaux et se mettent à travailler. — Vous avez eu un appel.
Jocelyne. — Les peintres ?
Fred. — Non !
Jocelyne. — Oh ! Mais quand est-ce qu’ils vont finir ? En attendant, je suis toujours sans bureau…
Fred. — C’était Bernard.
Jocelyne. — Un problème ?
Fred. — Il demandait si votre rendez-vous était là.
Jocelyne. — Mon rendez-vous ?
Fred. — Le vôtre et le sien, aussi.
Jocelyne. — Ah oui ! On attend quelqu’un de la supervision des filiales…
Fred. — Un problème ?
Jocelyne. — Non, visite de routine…
Entre Bernard, avec éclat.
Bernard, mimant une guitare. — Rock’n roll !
Jocelyne, riant. — Quand on parle du loup !
Bernard, d’humeur rieuse. — Eh ! Salut Fred !
Fred, n’entrant pas dans son jeu. — Bonjour, Bernard…
Bernard, transformant sa voix. — « Allô, la boucherie Léonard ? »
Fred, levant les yeux au ciel. — Très drôle…
Jocelyne. — Qu’est-ce que c’est que cette histoire ?
Fred. — Laissez tomber, Jocelyne…
Bernard, la voix toujours transformée. — « Je voudrais un steak haché de deux cents cinquante grammes, s’il vous plaît » !
Fred, le regard noir, contrefaisant un rire. — Ah ah ah…
Jocelyne. — Quelqu’un m’explique ?
Bernard, se retenant de rire. Dis-donc, Fred, tu trouves pas qu’il fait un peu (Il mime un frisson.) « fred » ce matin… (Fred ne sait que répondre. Bernard sort un papier qu’il tend à Fred.) Tiens, Fred, voilà mes notes de « fred »… (Fred prend le papier sans même esquisser un sourire.) Donne ça à Sacha. (À Jocelyne.) Ah ! Voilà ma cheffe préférée…
Jocelyne, aimable. — Bonjour Bernard… Prends un croissant.
Bernard, prenant un croissant de bon cœur. — Ah ! génial ! C’est pour ça que j’adore bosser ici… (La bouche pleine, rectifiant le tir.) Enfin… mis à part le fait qu’on vend les meilleurs fumigènes du monde… (Sortant une boîte et la posant sur la réception.)
Fred. — Posez pas des trucs sur ma réception !
Bernard. — Ce n’est pas un « truc » ! C’est un prototype que le siège vient de nous envoyer. Fumax. Un fumigène d’intérieur très efficace, paraît-il.
Jocelyne, préoccupée. — Tu te souviens que c’est aujourd’hui qu’on a rendez-vous avec la supervision des filiales ?
Bernard, toujours de bonne humeur. — Et comment ! Je me suis fait une alerte sur mon agenda : « Attention, rendez-vous avec les raseurs de première ». Christine arrive à quelle heure ?
Jocelyne. — C’est pas Christine. C’est un nouveau ou une nouvelle, je sais plus…
Bernard. — Pourquoi c’est pas Christine qui vient ?
Jocelyne. — On pourra aller dans ton bureau ? Les peintres n’ont toujours pas fini dans le mien…
Bernard. — No problemo. Je vous accueille avec plaisir dans ma tanière !
Entre Ysée ou Arsène. Une allure stricte, un attaché-case de prix.
Ysée/Arsène, à Fred. — Bonjour. J’ai rendez-vous avec Mme Muflot.
Jocelyne, allant à Ysée ou Arsène. — Bonjour, enchantée, je suis Jocelyne Muflot, directrice générale de notre filiale de Villiers-Saint-Marc.
Ysée/Arsène, lui serrant la main. — Bonjour.
Jocelyne. — Je vous présente Bernard Triquard, notre directeur adjoint.
Bernard, serrant la main d’Ysée ou Arsène. — Bonjour ! Et bravo !
Ysée ou Arsène. — Bravo ?
Bernard, se retenant de rire. — Votre GPS a trouvé Villiers-Saint-Marc sur ses cartes, ce qui n’est pas donné à tout le monde ! (Il rit franchement.)
Ysée ou Arsène, comprenant la blague. — Ah… oh… Euh… Enchanté-e, Ysée/Arsène de Bayeux, je viens de prendre en responsabilité la supervision des filiales locales.
Bernard, rieur. — Nous, pauvres tâcherons d’une minuscule filiale de province, nous sommes très honorés de recevoir la visite d’un-e grand-e ponte du siège national…
Jocelyne, à Ysée/Arsène. — Vous désirez un croissant ?
Ysée ou Arsène. — Non merci, j’ai avalé une galette d’épeautre et d’avoine bio en arrivant.
Bernard, incrédule, l’esprit joueur. — D’avoine ? Vous étiez cheval dans une autre vie ? (Ysée/Arsène ne comprend pas la blague.)
Jocelyne, à Ysée/Arsène. — On va aller dans le bureau de Bernard, parce que le mien est en travaux.
Bernard, allant à une porte. — Venez, c’est par ici. (Il ouvre la porte.) Je vous en prie. (Jocelyne fait signe à Ysée/Arsène d’entrer.)
Ysée ou Arsène, mettant un pied dans le bureau de Bernard et s’arrêtant net. — Pouh !
Bernard. — Qu’est-ce qui se passe ?
Ysée ou Arsène, sans achever sa phrase. — Je ne sais pas, il y a quelque chose qui…
Jocelyne, voulant entrer à son tour mais ressortant immédiatement. — Ouf ! Oui, c’est vrai, Bernard, ça sent très fort…
Bernard. — Hein ? (Il entre dans son bureau. Off ) Wouah ! Mais qu’est-ce qui coince comme ça…
Jocelyne. — Bernard, ferme cette porte…
Bernard, off. — On dirait un animal mort… une fois, mon oncle, qui est chasseur, avait oublié un faisan dans son coffre et… ça sentait un peu comme ça…
Fred, se bouchant le nez. — Dites, si vous pouviez fermer la porte parce que ça commence à sentir d’ici…
Bernard, off. — Mais d’où peut venir cette odeur nauséabonde… (Reniflant ) Peut-être le cadavre d’une souris en décomposition…
Jocelyne, se bouchant le nez elle aussi. — Fred a raison Bernard, on va fermer la porte et appeler l’entretien !
Bernard, sortant, reniflant. — Ou un rat… (Reniflant encore ) Ou une musaraigne… oui… c’est ça… une musaraigne blessée, maculée de sang, baignant dans son jus…
Jocelyne, à Fred. — Appelle Baba.
Bernard, poursuivant sa description macabre, comme hypnotisé et incommodé par la vision qu’il évoque. — Une musaraigne dont les chairs pourries sont dévorées par de gros vers blancs, gras et luisants…
Fred. — La porte !
Jocelyne. — Ferme cette porte, Bernard, c’est insoutenable !
Bernard, allant précipitamment derrière la réception alors que Jocelyne ferme la porte. — Excusez-moi ! (Il se penche, disparaît derrière la réception et vomit.)
Fred. — Ah ! Bernard !…
Bernard, se redressant, livide. — Excuse-moi, Fred…
Fred. — C’est bon, ça va aller…
Bernard, chancelant. — Désolé, mais c’est cette odeur, je… (Il se penche et vomit de nouveau.)
Fred, dont la tête tourne. — Oh non ! (Dans le combiné ) Allô Baba ? Faut que tu montes. Il y a un problème chez Bernard.
Bernard, se redressant et dégageant de la réception, un sac poubelle bien rempli à la main. — Navré, Fred, je…
Bernard sort avec le sac.
Fred, au téléphone, s’énervant. — Eh ben comme ça, ça te fera bosser un peu, feignasse !
Jocelyne, tentant de faire bonne figure face à Ysée/Arsène. — Bien alors… récapitulons… On ne peut aller ni chez Bernard ni chez moi… (Elle réfléchit un instant.) On n’a qu’à aller en salle de conférence !
Eva. — Non, il y a Lou qui fait sa formation…
Jocelyne. — Ah… Bon… Eh bien… (À Ysée/Arsène ) On va rester ici, tout simplement… Je vais chercher des chaises…
Ysée/Arsène. — Euh… Vous voulez dire que euh… le rendez-vous va se faire ici ?
Jocelyne, à Ysée/Arsène. — Ça vous pose un problème ?
Ysée/Arsène. — Eh bien… c’est que… j’ai différentes informations confidentielles à vous communiquer alors je ne sais pas si… (Elle/Il a désigné Eva, Laura et Tom qui, toujours assis à leurs bureaux, ont dressé l’oreille sur les derniers mots.)
Jocelyne, à Ysée/Arsène. — Vous savez, ici, on est une grande famille ! (Devant l’air peu convaincu d’Ysée/Arsène.) Bien… (Aux autres ) S’il vous plaît, votre attention ! Aujourd’hui, en raison de nos très bons chiffres du mois dernier… je vous autorise à tous aller prendre un café !
Fred. — Quoi ?
Tom. — Hein ?
Jocelyne. — Allez !
Tom, Laura, Eva et Fred sortent de mauvaise grâce alors que Jocelyne fait asseoir Ysée/Arsène et que Bernard revient.
Jocelyne. — Ça va aller Bernard ?
Bernard. — Oui, oui, c’est… c’est passé… Je me demande vraiment ce qu’il y a dans mon…
Jocelyne, craignant que Bernard ne soit de nouveau indisposé. — N’en parlons plus !
Bernard. — Oui, tu as raison, je crois que c’est le mieux…
Jocelyne. — Va prendre l’air 5 minutes.
Bernard. — Non, non… c’est bon… je suis d’attaque… (À Ysée/Arsène.) Nous sommes pendus à vos lèvres…
Ysée/Arsène, après un moment d’appréhension. — Euh… bon… alors…
Bernard, la/le coupant. — Comment va Christine ?
Ysée/Arsène. — Pardon ?
Jocelyne, gentiment grondeuse. — Bernard !
Bernard. — Ben quoi ? Je demande des nouvelles de Christine…
Ysée/Arsène. — Christine va très bien…
Bernard. — Tant mieux…
Ysée/Arsène. — Bien… donc, si je suis ici aujourd’hui…
Bernard, la/le coupant. — Vous lui direz bonjour de notre part.
Ysée/Arsène. — Quoi ? Euh… oui, oui…
Jocelyne, faisant les gros yeux. — Bernard !
Bernard. — C’est vrai, elle est sympa, Christine…
Jocelyne, à Ysée/Arsène et avec intention en direction de Bernard. — Nous vous écoutons.
Bernard. — Pourquoi c’est pas elle qu’est venue, d’ailleurs ?
Ysée/Arsène. — Christine est passée à la prospective…
Jocelyne, en colère. — Bernard, maintenant ça suffit ! (À Ysée/Arsène.) Excusez-nous… Allez-y.
Ysée/Arsène. — Oui… merci… Voilà… ce n’est pas simple… (Elle/il sort des papiers de son attaché-case.) Le siège national a repris vos chiffres depuis deux ans et… vous êtes en-dessous des autres filiales. Très en-dessous… (Silence glacial.)
Jocelyne, surprise. — Ah bon ? Faites voir ? (Prenant le papier.) Je ne comprends pas… Bernard ? (Elle lui passe la feuille.)
Bernard, la feuille sous le nez. — Oui, en effet, c’est étonnant parce que ça ne ressemble pas du tout à mes chiffres… Vous avez dû faire une erreur…
Ysée/Arsène, manipulant d’autres papiers et les passant à Jocelyne. — Euh… non… j’ai repris tous les chiffres et… regardez… ça correspond bien à toutes vos déclarations depuis deux ans…
Jocelyne, compulsant les papiers. — Tu t’es peut-être trompé, Bernard…
Bernard. — Impossible !
Jocelyne. — Alors comment expliquer ces chiffres ?
Bernard. — Dany a dû faire des fautes de frappe pendant les télétransmissions mensuelles et…
Ysée/Arsène, faisant passer d’autres papiers. — Eh bien… euh… non, regardez… les télé-données mensuelles de votre comptabilité recoupent bien vos chiffres et notre graphique de synthèse, alors…
Bernard. — En ce cas, je ne vois qu’une seule solution : vous vous êtes plantés dans vos calculs.
Ysée/Arsène, n’en croyant pas ses oreilles. — Je vous demande pardon ?
Jocelyne, bas. — Bernard !
Bernard, paternel, à Ysée/Arsène. — Une erreur de multiplication, ça arrive à tout le monde…
Ysée/Arsène, piqué-e. — Je suis titulaire d’un Master de comptabilité et…
Bernard, rieur. — « Bla bla bla »…
Ysée/Arsène, fulminant. — Je suis également diplômé-e en Hautes Études commerciales et…
Bernard, la/le coupant. — 12,73 X 85,48.
Ysée/Arsène, déstabilisé-e. — Mais… mais…
Jocelyne, bas. — Enfin, Bernard !
Bernard, rigolard et avec un air de défi, à Ysée/Arsène. — Puisque t’es une tête en compta, vas-y, je t’écoute : 12,73 X 85,48, ça fait combien ?
Ysée/Arsène, se levant et remettant un autre papier à Jocelyne. — Bien ! Voici un extrait du relevé de décisions de la dernière réunion de direction du siège national. Il y apparaît que nous vous demandons de remonter significativement vos chiffres de vente d’ici cinq mois. Si dans cinq mois, vos chiffres ne sont pas parvenus à un niveau optimal, la filiale de Villiers-Saint-Marc sera fermée.
Jocelyne, après un long silence, regardant alternativement le papier et Ysée/Arsène. — Quoi ?
Bernard. — Fermée ?
Jocelyne, perdue. — Mais… que deviendront nos employés ?
Ysée/Arsène. — Une petite partie se verra proposer une mutation à la filiale de Bulot-les-Deux-Clochers. Quant aux autres, ils seront licenciés.
Bernard. — Bulot-les-Deux-Clochers ?… C’est au moins à… à 300 kilomètres !…
Jocelyne, paniquant. — Licenciés ?
Ysée/Arsène. — La balle est dans votre camp.
Bernard. — Ça doit être une erreur, je vais appeler le siège et…
Ysée/Arsène. — Appelez le siège, si vous voulez. United Smokes est en pleine expansion. Comme vous le savez, nous venons de racheter les briquets Fire Power. Alors suivez mon conseil : employez votre énergie à sauver la filiale de Villiers-Saint-Marc, pas à chercher d’où vient l’erreur, parce que l’erreur, c’est le bas niveau de vos ventes. (Silence durant lequel Jocelyne et Bernard sont comme sonnés.) Je sais que c’est dur à entendre. Cela dit, il y a une mesure qui redonnerait un coup de fouet immédiat à la filiale.
Jocelyne, avec espoir. — Laquelle ?
Ysée/Arsène. — Licenciez quelqu’un.
Jocelyne, n’en croyant pas ses oreilles. — Hein ?
Ysée/Arsène. — De cette façon, vous améliorez sur le champ le résultat de votre exercice et vous envoyez un signal fort aux autres : chez United Smokes, pas de tire-au-flanc ! Vous savez, parfois, il faut savoir sacrifier un poste pour en sauver quinze autres.
Sur cette sentence qui a claqué comme un coup de carabine, Ysée/Arsène sort laissant Jocelyne et Bernard désemparés alors que rentrent Fred, Tom, Éva, Laura et Sacha.
Jocelyne, bas, à Bernard. — Pas un mot aux autres !
Eva. — Votre rendez-vous est parti ?
Bernard. — Oui ! Oui…
Tom. — Tout va bien ?
Jocelyne. — Très bien, oui ! (Elle éclate en sanglots.)
Bernard, riant, pour donner le change. — C’est rien !…
Jocelyne sort accompagnée de Bernard, tandis que Fred, Éva, Laura et Tom rejoignent leurs postes.
Sacha, alors que Tom se rassoit. — Alors, comment tu vas faire ?
Tom. — Je ne sais pas ! La dernière fois que je suis allé voir Bernard pour lui demander une augmentation, il a pris un accent et il a tendu sa main vers moi en disant : « S’il tou plaît, moussieur, por manger, s’il tou plaît… »
Sacha. — Stratégie de fuite classique…
Tom. — Quoi ?
Sacha. — Je viens de finir un bouquin sur la résolution de conflits.
Tom. — En quoi ça me concerne ?
Sacha. — Bernard et toi vous êtes en conflit.
Tom. — Pas du tout, on s’entend très bien !
Sacha. — Ça n’a rien à voir avec l’entente. Tu veux une augmentation, il ne veut pas te l’accorder : vous êtes en conflit.
Tom. — Bien, alors comment faire ?
Sacha. — Il y a cinq manières pour résoudre un conflit.
Tom. — Je t’écoute.
Sacha. — La première est « l’évitement ».
Tom. — Comment ça marche ?
Sacha. — Je te montre. Tu fais Bernard et moi je joue ton rôle. (Il fait quelques pas de côté et revient, jouant Tom.) Bernard, je souhaiterais être augmenté.
Tom, jouant Bernard. — Pas question.
Sacha. — OK, aucun problème. (Il se retourne et s’en va.)
Tom, après un silence. — Et ? … C’est tout ?
Sacha. — C’est tout ! D’une simplicité enfantine…
Tom. — C’est peut-être simple, mais c’est pas très efficace, comme méthode…
Sacha. — Ça a le mérite de vous préserver tous les deux.
Tom, ironique. — Ça… (Redevenant sérieux) Tu n’aurais pas quelque chose de plus… plus punchy ?
Sacha. — Si tu veux du punchy, il faut utiliser la méthode de la compétition. Juge par toi-même. (Prenant le rôle de Tom)Bernard, je voudrais être augmenté.
Tom, jouant Bernard. — Tu peux toujours rêver !…
Sacha. — Ah oui… je peux toujours rêver ? Tu te souviens quand t’étais bourré comme un coin pendant la soirée de fin d’année de la boîte ? J’ai plusieurs photos de toi en train de dégobiller sur tes escarpins vernis. Alors soit tu me donnes cette putain d’augmentation, soit je balance tous les fichiers au siège. Ok, tocard ?
Tom, après un petit silence. — Un peu brutal, peut-être…
Sacha, se justifiant. — Tu voulais du punchy…
Tom. — Tu n’aurais pas un truc qui mélange punchy et douceur ?
Sacha. — Si, la méthode du compromis. (Prenant le rôle de Tom.) Bernard, je voudrais une augmentation.
Tom, jouant Bernard. — Non, Tom, je te le répète, c’est pas le moment pour une augmentation.
Sacha. — Très bien. En ce cas donnez-moi une prime et on n’en parle plus.
Tom, après un petit silence. — Une prime ?
Sacha, redevenant Sacha. — Une prime. Un compromis entre vos deux positions.
Tom. — Mouais… ça ne répond que très partiellement à mon problème…
Sacha. — En tout cas, c’est mieux que rien ! Sinon, un truc qui peut surprendre l’adversaire, c’est la méthode de la conciliation.
Tom. — La « conciliation » ? J’aime bien, ça. C’est comment ?
Sacha. — Très facile. (Prenant le rôle de Tom.) Bernard, j’aimerais une augmentation.
Tom, jouant Bernard. — Tom, c’est pas la peine de revenir dans mon bureau toutes les cinq minutes, tu n’auras pas d’augmentation.
Sacha. — Compris, Bernard. J’ai bien vu qu’en ce moment on avait des petits problèmes de budget alors, voilà ce que je vous propose. Ça vous ennuie de m’augmenter ?
Tom. — Oh que oui !
Sacha. — Très bien. En ce cas, vous n’avez qu’à me diminuer.
Tom. — Hein ?
Sacha. — Oui, rétrogradez-moi et passez-moi à 90% de mon salaire actuel. Allez, bonne journée ! Et ne me remerciez, pas, c’est cadeau.
Tom, après un court temps. — Ah… oui alors là… C’est sûr que ça va le surprendre…
Sacha. — Je te l’avais dit !
Tom. — Ça va le surprendre mais moi, ça va me mettre dans le rouge !
Sacha. — Bon, alors, il reste la méthode coopérative.
Tom. — Comment ça marche ?
Sacha. — Il s’agit de discuter pour dégager une solution créative. (Prenant le rôle de Tom.) Bernard, je voudrais une augmentation.
Tom, jouant Bernard. — Non, Tom, impossible.
Sacha. — Pourquoi non ?
Tom. — Le budget est trop serré.
Sacha. — Ah. Donc, si le budget était moins serré, vous pourriez m’augmenter ?
Tom. — C’est ça.
Sacha, après un petit temps de réflexion. — Virez Fred.
Tom. — Quoi ?
Sacha. — Virez Fred ! (Les yeux au ciel ) Quelqu’un à la réception, mais ça sert à rien ! À la place, vous mettez un standard automatisé qui dirige les appels, « Pour commander des fumigènes, tapez 3 », ça économise un salaire, et vous pouvez m’augmenter !
Fred, qui a entendu les derniers mots. — Qu’est-ce qu’il raconte sur moi, lui ?
Tom, à Fred. — Rien ! Rien ! (À Sacha ) Là, on est allés un peu loin dans la créativité !
Sacha. — Tu trouves ? Bon, écoute, en tout cas tu as des pistes. Ça peut t’aider !
Tom, souriant. — Oui Sacha ! Merci beaucoup pour tes conseils !
Sacha sort.
Tom, quittant son sourire et affichant un visage désespéré. — Je crois que ça va beaucoup m’aider…
Tom retourne s’assoir.
Fred, répondant au téléphone. — United Smokes Villiers-Saint-Marc bonjour ! (Regardant dans la pièce.) Hum… attendez, je vais voir.
Fred sort tandis qu’entrent Lou et Dany. Lou a un porte-documents à la main.
Lou. — Et c’est comme ça que le siège m’a demandé de monter cette formation !
Dany. — Intéressant.
Lou. — Ça n’a pas été trop compliqué. Ils m’ont envoyé le livret de formateur et je n’ai eu qu’à le suivre pas à pas…
Dany. — Et qui est inscrit ?
Lou, consultant son porte-documents. — Attends, laisse-moi regarder… euh… personne.
Dany. — Personne ?
Lou. — Personne !
Dany. — Alors toi, tu as préparé ta formation, demandé la salle de conférence, amené ton matériel, et tout ça pour rien ?
Lou. — Je ne sais pas si l’info est bien passée…
Dany, à la cantonade. — Eh ! Qui veut aller à la super formation de Lou ? (À Lou ) C’est sur quoi, déjà ?
Lou. — L’éthique professionnelle.
Dany, jouant l’enthousiasme. — L’éthique professionnelle ! Ça va pulser ! (Flottement général.) Tom ?
Tom. — Ah non, désolé, j’ai des tas de trucs en retard, là…
Dany, alors qu’Éva se lève et sort. — Eva ? euh… hum… (Se dirigeant vers Laura.) Laura ? (Laura sursaute et lève sur Dany un regard apeuré.) Non, rien…
Lou. — Pourquoi tu viendrais pas, toi ?
Dany. — Moi ?
Lou. — Tu as sûrement des choses à apprendre, côté éthique professionnelle…
Dany, blaguant. — Non mais dis donc ! Je suis très éthique, moi…
Lou. — Tu parles…
Dany. — Mettrais-tu en doute mes qualités morales ?
Lou. — Éthique et morale sont deux choses différentes.
Dany. — Ah oui ?
Lou. — Exemple : une petite mamie a dans son jardin une troupe de lapins qui mangent les carottes de son potager. Elle t’appelle pour acheter un fumigène susceptible de vider le terrier de ces rongeurs, et ainsi les chasser de chez elle. Le fumigène qu’elle a repéré coûte 25,95 €. Mais en réalité un simple feu d’herbes suffirait largement pour régler son problème et qui plus est, ça ne lui coûterait rien. Que fais-tu ?
Dany. — Facile !
Lou. — Je t’écoute.
Dany. — Je ne lui vends rien et je lui conseille de faire un feu d’herbes devant le terrier.
Lou. — Erreur !
Dany. — Ah bon ?
Lou. — Si cette petite mamie t’a appelé, c’est qu’elle a besoin d’aide. En lui expliquant qu’elle doit régler elle-même son problème, non seulement tu la culpabilises en faisant porter toute la responsabilité sur ses seules épaules, mais en plus tu l’invites à faire un effort trop intense pour son âge. Conclusion : elle rentrera chez elle déprimée, massacrera ses plates-bandes en y arrachant de l’herbe, et fera une attaque cardiaque en poussant sa brouette jusqu’au terrier !
Dany. — Ah oui… c’est vrai… j’y avais pas pensé…
Lou. — Tout cela ne serait jamais arrivé si elle avait seulement posé un fumigène United Smokes devant le terrier détesté et simplement appuyé sur un bouton.
Dany. — Bien vu…
Lou. — Autre situation : alors que tu es en train de vendre un feu de Bengale qu’un client veut pour sa femme, ce dernier fond en larmes et t’explique que sa femme est en réalité morte voici trois mois dans le cambriolage de leur maison qui a dégénéré. Que faire ?
Dany. — Bah… J’abandonne la vente et je lui propose de boire un café.
Lou. — Erreur !
Dany. — Encore ?
Lou. — Eh oui ! En parlant avec cet homme de la mort de sa femme, tu vas raviver sa douleur et le pousser à bout. Lorsqu’il raccrochera le téléphone, il reverra sa femme mourir dans d’atroces souffrances et en plus, il n’aura même pas la perspective d’égayer un peu son intérieur avec un feu de Bengale, tout en rendant hommage à son épouse défunte. Bref, s’il ne va pas se tirer une balle, on aura de la chance.
Dany. — Wouah ! Effectivement, je n’avais pas mesuré toutes les conséquences…
Lou. — Rien de tout cela ne serait arrivé s’il avait acheté un feu de Bengale United Smokes.
Dany. — Sans doute… (Une idée lui traverse la tête.) Au fait : un copain à moi s’est trouvé dans une situation éthiquement intéressante. Il n’a pas su comment réagir.
Lou. — Raconte-moi ça !
Dany, avec malice. — Eh bien voilà : imagine que tu montes une formation sur l’éthique professionnelle. Tu es en train d’expliquer le contenu de la formation à un ou une collègue, mais cette personne te répond que ta formation, d’ailleurs commanditée par le siège, est en réalité un prétexte pour supprimer toute éthique professionnelle en poussant les commerciaux à faire preuve d’inhumanité, et ce dans l’objectif de faire un max de ventes. Que ferais-tu ?
Lou, après un moment de réflexion. — Ce que je ferais ?
Dany. — Oui.
Lou. — Eh bien je proposerais à ce ou cette collègue de venir à ma formation pour en avoir le cœur net !
Dany, avec admiration. — Bien joué !
Lou. — Bon, on y va ?
Dany. — Où ?
Lou. — Ben… à ma formation !
Dany, désabusé-e. — OK…
Lou sort en entraînant Dany qui traîne un peu la patte.
Tom regarde autour de lui, se lève, paraît ne pas savoir où aller et finit par se diriger près de Laura, que ce déplacement rend mal à l’aise.
Tom. — Ça va ?
Laura. — Euh… oui…
Tom, s’asseyant près de Laura. — On dirait pas…
Laura. — C’est juste que… j’ai plein de dossiers à mettre à jour, alors…
Tom, mettant la main sur Laura. — Ah… ça me rassure parce que…
Laura, se dégageant. — Qu’est-ce que tu fais ?
Tom. — Il n’y a personne.
Laura. — Quelqu’un peut venir !
Tom. — Oui, c’est vrai, tu as raison… (Il sort une boîte et la donne à Laura.)
Laura. — Qu’est-ce que c’est ?
Tom. — Je l’ai vue ce matin, en arrivant. Je n’ai pas pu résister…
Laura, ouvrant la boîte et en sortant une rose. — Oh !… Tom !… Elle est très jolie.
Tom. — Comme toi, mon amour…
Laura, le prenant dans ses bras. — C’est vraiment une attention délicate !
Tom. — Je t’aime…
Laura. — Moi aussi je t’aime… (Se dégageant soudain de Tom.) On avait dit que personne ne serait au courant !
Tom. — Mais personne n’est au courant !
Laura, montrant la rose. — Je suis vraiment très touchée, mais en me l’offrant ici… on dirait vraiment que tu veux que ça se sache !
Tom. — Pas du tout ! J’ai eu un coup de cœur, alors j’ai…
Laura. — Tu te rends bien compte que si on sait pour nous, la situation va devenir difficile ?
Tom. — Oui, oui…
Laura. — Toi et moi, on travaille très bien ensemble, mais si les autres savent qu’on est en couple, le regard des collègues va changer…
Tom. — J’en ai conscience, oui…
Laura. — Si l’un de nous prend des décisions qui sont favorables à l’autre, les collègues vont s’imaginer qu’on le fait à cause de nos sentiments et non parce que c’est bon pour la boîte…
Tom. — Peut-être…
Laura. — Mais c’est sûr ! Et ce sera un enfer…
Tom, déprimé. — Tu dois avoir raison…
Fred et Éva rentrent. Laura se débarrasse précipitamment de la rose offerte par Tom.
Éva. — Je ne sais pas, je le trouve un peu bizarre en ce moment…
Fred. — Mets les pieds dans le plat !
Éva. — Pourquoi pas ?…
Fred regagne la réception alors qu’Éva regagne son bureau.
Éva, à Tom. — Tu es très élégant aujourd’hui… (Gêne de Tom et de Laura.)
Tom. — Euh… merci…
Éva. — Hier soir, tu n’étais pas libre, mais ce soir, tu pourrais peut-être aller prendre un verre avec moi ? (Tom et Laura se montrent mal à l’aise.)
Tom. — Euh… oui, oui… pourquoi pas… (Laura fulmine silencieusement.)
Éva. — Enfin !
Tom, rencontrant soudain le regard noir de Laura. — En fait non !
Éva. — Non ?
Tom. — Non, c’est pas possible, ce soir j’ai un… un truc…
Éva, incrédule mais amusée. — Tiens ? Qu’est-ce que c’est ?
Tom. — Oh une…une soirée…
Éva, alléchée à l’idée d’en savoir un peu plus sur Tom. — Ah ! Avec qui ?
Tom. — Euh… un… un plombier… (Cette réponse fait tiquer Laura.)
Éva, ayant peur de mal comprendre. — Pardon ?
Tom. — J’ai une fuite dans… la cuisine alors… le… le plombier vient ce soir…
Éva, toujours incrédule. — Ah… Dommage ! Au moins, tu viendras demain, pour mon pot d’anniversaire ?
Tom. — Oui, peut-être… Tu m’excuses, il faut que je…
Tom se dirige vers la réception et commence à discuter avec Fred.
Éva, à Laura, sans être entendue de Tom et Fred. — Il est trop craquant…
Laura, ayant peur de comprendre. — Quoi ?
Éva. — Tom ! Il est trop chou !… (Laura répond à cette affirmation avec un petit rire.) Tu trouves pas ?
Laura, balbutiant. — Hein ?… Euh… (Jouant celle qui n’est pas intéressée ) Offh… Moui…
Éva. — Oh si ! Il est quand même mignon ! Non ?
Laura, ne trouvant pas ses mots. — Bah… disons que… faut aimer ce genre…
Éva. — Regarde-le… Il est carrément beau mec !
Laura, tentant de donner le change. — J’ai vu mieux…
Éva. — Mieux ? Pas dans la boîte en tout cas ! En plus, il a un joli petit cul ! Ça, tu peux pas dire !
Laura, gênée. — Éva !
Éva. — D’ailleurs, il en joue complètement en mettant des pantalons bien slims comme il faut…
Laura, très gênée. — Éva, arrête !
Éva. — Je suis sûre que c’est un très bon coup au lit…
Ulcérée, Laura se lève, se dirige avec résolution vers Tom, le renverse en arrière, l’embrasse avec passion, le remet d’aplomb, revient s’assoir à son bureau, ressort la rose dont elle s’était débarrassée et la met en évidence. Tout le monde est médusé par cette action.
***
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