Comédie dramatique 3F/1H
Quand les apparences s’effondrent…
Accordez-nous moins d’une heure de lecture et plongez votre public dans une comédie dramatique captivante et profondément humaine (même vous avez peu l’habitude des scènes émotionnelles).
Est-ce du théâtre ? Un rêve ? Un souvenir ?
Avant de vous en dire plus, on a 3 questions rapides à vous poser :
🆘 Vous en avez assez des pièces où les tensions restent superficielles et prévisibles ?
🆘 Vous ne supportez plus les intrigues sans surprises ni profondeur émotionnelle ?
🆘 Vous cherchez un texte qui mêle finesse psychologique et puissance théâtrale ?
Si vous avez répondu oui à au moins deux questions, alors lisez vite ce qui suit !
Voici le résumé de 104 rue Ordener :
Malgré les supplications de sa femme Charlotte, Rémi décide de chasser sa belle-sœur Murielle, dont la présence encombrante bouleverse leur quotidien. Mais dans cet appartement bourgeois, les tensions éclatent, et des souvenirs refoulés remontent à la surface, révélant que la réalité n’est peut-être pas ce qu’elle semble être. Entre affrontements acérés et révélations troublantes, cette pièce nous plonge dans les méandres de l’intime, où chaque personnage se bat pour sa place.
En accédant au texte intégral de 104 rue Ordener, vous obtiendrez un fichier PDF de 122 pages pour un poids ultra-réduit de 512 Ko, téléchargeable sur votre ordinateur, votre tablette, votre téléphone, et imprimable sur n’importe quel support. La mise en page vous permettra de noter sur le texte toutes les indications et notes de régie que vous jugerez utiles.
Avec 104 rue Ordener, vous découvrirez :
✅ Une comédie dramatique d’une rare intensité : des dialogues ciselés et des conflits profonds qui maintiennent le public en haleine.
✅ Des rôles variés et nuancés : chaque personnage offre un défi passionnant pour les comédiens, entre drame et moments de légèreté.
✅ Un décor simple : un appartement à adapter facilement à toutes les scènes.
✅ Une intrigue riche en émotions : des thèmes universels comme la famille, les souvenirs et le besoin d’appartenance, qui parleront à tous.
✅ Une fin ouverte à l’interprétation : idéale pour stimuler la réflexion du public après la représentation.
Intéressé(e) ?
Téléchargez gratuitement le texte intégral de 104 rue Ordener
et laissez votre public explorer les secrets, les tensions et la richesse de ce huis clos fascinant.
Attention : déconseillé aux spectateurs qui préfèrent les comédies légères ou sans confrontation psychologique.
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Questions fréquentes sur Cent quatre rue Ordener
Est-ce une comédie ou un drame ?
C’est une comédie dramatique : l’humour y affleure par moments, mais toujours au service de la tension psychologique. Les rires naissent du malaise, du décalage, ou de la lucidité des personnages face à leurs contradictions.
Faut-il un grand décor pour monter la pièce ?
Non. L’action se déroule entièrement dans un appartement, ce qui en fait un choix idéal pour les scènes réduites ou les représentations en salle polyvalente. Un simple salon bien agencé suffit à créer l’ambiance.
Combien de comédiens faut-il pour jouer 104 rue Ordener ?
La pièce repose sur trois personnages principaux, plus un personnage un peu à part, mais qui se révèlera central. Sa structure en huis clos permet un travail d’acteur intense et centré.
À quel public s’adresse cette pièce ?
À un public adulte ou adolescent amateur de théâtre psychologique. 104 rue Ordener séduit ceux qui aiment les intrigues de l’intime, les dialogues denses et les émotions à fleur de peau.
La pièce a été montée avec succès par plusieurs troupes, marquant les esprits par son mélange de drame amoureux et de satire sociale.
🎭 Les z’ensoleillés, Bouches-du-Rhône, 2017.
🎭 La Compagnie R.A.S., Var, 2018.
🎭 Théâtre en Seine, Yvelines, 2019.
🎭 Les P’Artenaires, Bouches-du-Rhône, 2023-2024.
La pièce a connu un véritable engouement, notamment dans le Sud-Est de la France où il a été joué par 3 compagnies différentes.




Voici quelques images de la production des Partenaires de Marseille dans une mise en scène d’Ève Lamarche, Secrétaire Fédérale adjointe de la Fédération Nationale des Compagnies de Théâtre Amateur.



Extrait de Cent quatre rue Ordener
Personnages
ANNIE.
CHARLOTTE.
RÉMI.
MURIELLE.
Lieu
L’appartement de Charlotte et Rémi.
Chargée de feuilles de papier, Annie paraît. Elle s’assoit, pose ses feuilles devant elle et les relit un stylo à la main.
ANNIE, lisant. — Voyons… comment ça commence, cette affaire ? (Un temps.) Ah oui. Ouverture de la porte. (On entend la porte s’ouvrir.) Tu la refermes énergiquement. (On entend la porte se refermer ainsi qu’Annie l’a décrit.) Tu avances et puis tu lui dis :
CHARLOTTE, venant de paraître, au téléphone. — Vers vingt heures trente ? La séance est à vingt-et-une heures. (Un temps.)O.K. À tout à l’heure. (Extinction du téléphone.)
ANNIE, lisant et regardant Charlotte. — Tu regardes autour de toi. Et c’est là que tu le vois.
CHARLOTTE, avisant un sac de terreau ouvert, pour elle. — Oh non ! Il en a vraiment rien à faire.
ANNIE. — Tu l’as dit.
CHARLOTTE, déplaçant le sac de terreau. — Je lui avais pourtant dit de … (Derrière le sac, est posé un téléphone ancien. Charlotte sort un kleenex et nettoie le téléphone.) Quand je pense à tout le mal que je me suis donné pour …
ANNIE. — Oui, on sait… on sait. De toute façon, inutile de continuer à gémir. On entre. (On entend entrer.) C’est lui.
RÉMI, au téléphone. — Cent quatre rue Ordener. Merci.
ANNIE, semblant comprendre quelque chose. — Mais bien sûr ! Là il faudrait réagir.
RÉMI, raccrochant. À Charlotte. — Déjà rentrée ?
CHARLOTTE. — L’effet Cooper ! (Baiser distrait.)
RÉMI, regardant Charlotte. — En fait, tu viens d’arriver ?
CHARLOTTE. — Oui.
RÉMI, enlevant sa veste. — Ça te fait gagner quoi ? Trente minutes ?
CHARLOTTE. — Trois quarts d’heure.
RÉMI. — Tu t’es garée facilement ?
CHARLOTTE. — Rue Duc.
RÉMI. — Que demande le peuple ?
CHARLOTTE. — Rien, notre bon maître.
ANNIE. — « Que demande le peuple » ? Non. (Elle rature ses feuilles de papier.) « Tu t’es garée facilement ? »
RÉMI. — Tu t’es garée facilement ?
CHARLOTTE. — Rue Duc.
RÉMI. — Alors ?
CHARLOTTE. — Alors quoi ?
RÉMI. — Qui avait raison, une fois de plus ?
CHARLOTTE. — Toi, bien sûr.
ANNIE. — C’est mieux.
RÉMI. — Avoue que ça te change la vie.
CHARLOTTE. — C’est vrai. Je pars quand je veux. J’ai ma radio. Calme, tranquillité. Fini les quais bondés.
RÉMI. — Je te l’avais dit.
CHARLOTTE, à mi-voix. — L’Oracle de Delphes.
RÉMI. — Hein ?
CHARLOTTE. — Rien.
RÉMI. — En plus, le modèle Business est un des plus fiables. C’est vraiment celui-là qu’il fallait prendre. Recommandation de Jean-Ba.
CHARLOTTE. — Si Jean-Ba l’a recommandé…
ANNIE. — Peut-être pas nécessaire, ça.
CHARLOTTE. — Bien besoin de prendre l’air, moi. On va pas tarder ?
RÉMI. — On va pas tarder à ?
CHARLOTTE. — On rejoint Clarisse, ce soir, tu te rappelles ?
RÉMI. — Clarisse ?
CHARLOTTE. — J’en étais sûre. T’as oublié.
RÉMI. — Oublié quoi ?
CHARLOTTE. — On va voir Le Destin d’Antonella.
RÉMI. — Qu’est-ce que c’est que ça ?
CHARLOTTE. — T’es pas drôle ! Des semaines qu’on en parle !
RÉMI. — Excuse-moi…
CHARLOTTE. — Tu sais bien, le dernier Bovery.
RÉMI. — Désolé, mais je vois absolument pas ce que…
CHARLOTTE. — Cinq ou six oscars, je crois…
RÉMI. — Cinq ou six, seulement ? Ça parle de quoi, ton truc ?
CHARLOTTE. — Comme si tu savais pas…
RÉMI. — Je t’assure… En ce moment, on est en plein… enfin, je t’ai raconté ? Alors, redis-moi un peu le… les grandes lignes, hein ?
CHARLOTTE. — Ça se passe au XIXe siècle dans la province du Nouveau-Brunswick.
RÉMI. — Du nouveau quoi ?
CHARLOTTE. — Du Nouveau-Brunswick. C’est au Canada. Antonella, c’est l’héroïne.
RÉMI. — Sans blague ?
CHARLOTTE. — Une jeune orpheline. Elle débarque à la gare de Salisbury, un petit village perdu dans la vallée. En fait, elle est attendue. Par John et Marsha Fulbert, deux frère et sœur assez âgés, qui ont obtenu d’adopter un petit garçon pour les aider dans leur ferme des Vertes-Ramées. Tu imagines leur surprise quand ils voient arriver la petite Antonella avec ses couettes et sa…
RÉMI. — Pardon, mais ça a vraiment l’air très chiant.
CHARLOTTE. — Ben… ils ont quand même eu l’oscar de la meilleure photo, et aussi celui de la meilleure bande origi…
RÉMI. — En tout cas pas l’oscar du meilleur scénario. Je vois ça et j’entends ça d’ici : paysage de brume et piano en boucle. Navré, mais j’ai vraiment pas besoin de ce genre de trip pleurnichard en ce moment…
CHARLOTTE. — Pas d’une gaîté échevelée, c’est vrai.
RÉMI. — Justement, je crois qu’on aurait plutôt besoin d’un truc marrant… ça nous détendrait un peu… Tiens… par exemple… Béguin à Pékin pour OSS117. Hein ? Ça te dit ?
CHARLOTTE. — « Béguin à Pékin » ? Je sais pas…
ANNIE. — Pas du Godard, c’est sûr.
RÉMI. — Mais si ! Avec l’autre, là… le grand brun qui joue sans arrêt au con…
CHARLOTTE. — Moui…
RÉMI. — Je l’ai encore vu l’autre soir dans À poil, les stars ! Il m’a fait rire, cet abruti…
CHARLOTTE. — Bon… si tu veux…
RÉMI. — Séance à vingt-deux heures. Comme ça, en plus, on n’est pas pressés. (Un temps.) Dis à Clarisse de venir.
CHARLOTTE. — Oh, merci, elle préfèrera le Bovery.
RÉMI. — Si elle veut se faire chier, tant pis pour elle. (Un temps.) Tu fais la tête ?
ANNIE. — Non, elle est folle de joie.
CHARLOTTE. — En fait, je pense que Clarisse aurait aimé qu’on…
RÉMI. — Oh … vous aurez d’autres occasions. Et puis autant choisir un film que j’aime bien. Toi, de toute façon, ça t’est égal.
Il sort.
ANNIE. — C’est quand même un peu ta faute, aussi. Combien de fois tu lui as répété, « ça m’est égal », « comme tu veux » ?
Charlotte sort son téléphone, le regarde et le pose.
ANNIE. — Allez. C’est juste un mauvais moment à passer. Respire.
Elle enlève sa veste, reprend son téléphone puis elle passe un appel.
CHARLOTTE. — Oui, c’est moi. Ecoute, je suis embêtée mais je vais pas venir. C’est Rémi… Il préfère aller voir OSS117. OSS117. Béguin à Pékin. Oui, je sais. Oui, je sais… mais il a vraiment besoin de se changer les idées… alors tu vois… C’est vrai, t’as raison. Oui, oui, je l’avais bien noté… Mais, je lui en avais parlé ! Il a oublié. En ce moment, ils ont une tuile avec Genève, alors t’imagines l’ambiance au… Hein ? Attends… tu me répètes ça, s’il te plaît ? « Écrasée » ? Peut-être un grand mot… Pourquoi « encore » ? Mais non. Mais pas du tout. Là, tu te trompes complètement. Non, je ne me suis pas « encoreécrasée », comme tu dis ! Mais c’est la vie de couple, ça ! On discute, on change d’avis, on négocie, bref, on partage ! C’est ça, la vie de couple : partager, échanger, se mettre à la place de l’autre, ne pas rester enfermer dans ses petites certitudes… Oui, bah ça m’étonne pas, si c’était clair, tout ça, tu serais pas encore célibataire à trente-neuf ans ! Quoi ? Non mais je rêve… alors c’est comme ça que tu me vois ? En ce cas, je crois qu’on a plus rien à se dire. (Elle coupe.) Soumise ! Tu vas voir si je suis soumise…
Rémi rentre.
CHARLOTTE. — Dis donc ! …
ANNIE. — Allez, vas-y !
RÉMI. — Oui ?
CHARLOTTE. — Je voulais te dire…
RÉMI. — Quoi ?
CHARLOTTE. — Pour le film…
RÉMI. — Qu’est-ce qu’il y a, le film ?
ANNIE. — OSS117, qu’il se le mette où je pense !
CHARLOTTE. — En fait…
RÉMI. — Bon, allez, accouche !
CHARLOTTE. — Eh ben finalement…
RÉMI. — Tu me le fais en combien d’épisodes, là ?
ANNIE. — « Ton film de beauf, tu peux te le garder ! »
CHARLOTTE. — Y a un parking en face du cinéma ?
RÉMI. — Pourquoi tu me demandes ça ?
CHARLOTTE. — Pour savoir si on peut se garer pas loin.
RÉMI. — Se garer ?
CHARLOTTE. — Oui.
RÉMI. — Pourquoi tu veux te garer ?
CHARLOTTE. — C’est plus pratique que d’entrer dans la salle avec la Cooper.
RÉMI. — La Cooper ?
CHARLOTTE. — Surtout à cause des escaliers.
RÉMI. — Tu veux aller au cinéma avec la Cooper ?
CHARLOTTE. — Pourquoi pas ?
ANNIE. — Bien joué.
RÉMI. — Mais… c’est à trois stations.
CHARLOTTE. — Et alors ?
RÉMI. — Mais… c’est à trois stations.
CHARLOTTE. — Tu viens de me le dire, merci.
RÉMI. — On va pas prendre la voiture, la sortir de la rue Duc, arriver place Clichy, se regarer, et après revenir, tourner pour chercher une place, sans parler de la trace carbone, l’essence, alors qu’on peut très bien…
CHARLOTTE. — Ah non ! Pas les transports en commun ! J’en suis sevrée depuis une semaine, hors de question que j’y remette les pieds !
ANNIE. — C’est ça, vas-y ! Attaque ! Tu le déstabilises !
RÉMI. — Qu’est-ce que c’est que ce caprice ?
ANNIE. — Parce que OSS ça t’a pas pris comme une envie de pisser…
RÉMI. — Pourquoi tu parles de pisser ?
CHARLOTTE. — Pardon ?
RÉMI. — Je vois pas ce que ça vient faire là, pisser…
CHARLOTTE. — Pourquoi tu parles de pisser ?
RÉMI. — C’est ce que je viens de dire…
CHARLOTTE. — J’ai jamais parlé de pisser !
RÉMI. — J’ai entendu pisser.
CHARLOTTE. — On va pas passer la soirée sur pisser !
ANNIE. — Parlé un peu fort, peut-être…
CHARLOTTE. — La discussion est close. On prend la Cooper.
RÉMI. — Mais enfin Charlotte, qu’est-ce qui te prend ?
CHARLOTTE. — Toi, t’as envie de voir OSS, moi, j’ai envie de conduire la Cooper. J’ai le droit, non ?
RÉMI. — C’est fini, oui, ces enfantillages ?
ANNIE. — Tiens bon, il est au bout du rouleau.
CHARLOTTE. — On prend la Cooper.
RÉMI. — Non mais je me demande si je suis en train de…
CHARLOTTE. — On prend la Cooper.
RÉMI. — Tu es sûre que tout va…
CHARLOTTE. — On prend la Cooper.
RÉMI. — Il y a aucune raison…
CHARLOTTE. — On prend la Cooper.
RÉMI. — Si je…
CHARLOTTE. — On prend la Cooper.
RÉMI. — Mais…
CHARLOTTE. — On prend la Cooper.
RÉMI, après un temps. — On prend la Cooper.
Silence. Charlotte savoure ce moment. Rémi est surpris et contrarié. Puis il se dirige vers une porte close.
CHARLOTTE. — Où tu vas ?
RÉMI. — Chercher des clopes.
CHARLOTTE. — Pas maintenant.
RÉMI. — Quoi ? Madame est en transe créative ?
CHARLOTTE. — Pas levée.
RÉMI, après un temps. — Pas levée ? Mais tu te rends compte de l’heure ?
CHARLOTTE. — Couchée vers quatre ou cinq heures. Complètement décalée, en ce moment.
RÉMI. — « En ce moment » ? Fais-moi rire.
CHARLOTTE. — Tu vas pas recommencer…
RÉMI. — Du coup, vous avez pas parlé ?
CHARLOTTE. — J’allais pas la sortir du lit pour…
RÉMI. — On avait dit que tu lui parlais aujourd’hui !
CHARLOTTE. — Je lui parlerai demain, on n’est pas à un jour…
RÉMI. — Trois mois. C’est très correct, je pense, pour du provisoire.
CHARLOTTE. — Tu sais bien que vu sa situation, elle ne peut…
RÉMI. — On avait dit qu’on l’hébergeait trois mois ! Provisoirement ! Le temps qu’elle trouve autre chose. Elle avait promis ! Juré-craché. Résultat : trois mois plus tard, madame écrase toute la journée pendant que nous, comme deux cons, on trime pour la nourrir ! Merde !
CHARLOTTE. — Elle a un contact avec un galeriste… son nom m’échappe… ah oui, Henry Zambeault !
RÉMI. — Oui, je suis au parfum. À moi aussi elle m’a dit que… que… mais… mais attends… C’était pas aujourd’hui son rendez-vous avec Zambeault ?
CHARLOTTE. — Euh… bah…
RÉMI. — Mais si ! Elle a foiré son rendez-vous ! J’espère qu’elle a une excuse valable, cette fois, parce que moi…
CHARLOTTE. — Elle est encore un peu… un peu déboussolée… Elle cherche sa nouvelle manière… elle cherche mais elle ne trouve pas… pas encore. (Mou désapprobatrice de Rémi.) T’es drôle. Après vingt ans de figuratif, on passe pas à l’abstrait comme ça !
RÉMI. — Non mais attends, personne lui a demandé de passer à l’abstrait ! On croirait qu’elle a reçu une notification du ministère de la Culture : « Évolution de votre carrière : vous êtes désormais intégrée dans le corps des peintres abstraits. Bonne chance. » C’est son choix ! Quand je pense que ses illustrations se vendaient si bien…
CHARLOTTE. — Y a pas que ça ! Même si elle dit le contraire… sa rupture avec Nikolaus l’a beaucoup affectée.
RÉMI. — Tous des hauts et des bas…
CHARLOTTE. — Non mais je me demande si elle ferait pas un peu de… un peu…enfin une…
RÉMI. — Une quoi ?
CHARLOTTE. — Ben… quelque chose comme une dépression.
RÉMI. — Ça, ça se soigne ! Je me propose même de lui trouver une clinique.
CHARLOTTE. — On pourrait se mettre d’accord là-dessus : on lui laisse encore un mois et après, si vraiment…
RÉMI. — Non.
CHARLOTTE. — Quoi, non ?
RÉMI. — « Non. » C’est clair, je pense, comme réponse ? J’en peux plus ! J’en peux plus, de ta sœur !
CHARLOTTE. — Doucement, tu vas la…
RÉMI. — J’en m’en fous ! Ou plutôt non : tant mieux ! Trois mois que la cocotte monte en pression. Alors là, tu vois, la cocotte, elle explose ! On lui a laissé notre lit ! Notre intimité, on l’a mise au placard… Peux même plus inviter mes collègues sans qu’elle se mette à déblatérer son espèce de bouillie anarcho-socialo-communo-je-ne-sais-pas-quoi… La dernière fois, tout juste si elle a pas traité Jean-Ba de sale capitaliste. S’est retenue mais je l’observais… ça lui brûlait les lèvres ! Ah ça… au début… elle faisait attention… elle était discrète… Mais maintenant ! Ah maintenant, c’est une autre limonade ! Se permet de rajouter des trucs sur la liste de courses, du style « chocolat noir 90 % sésame et noix de cajou »… Entre dans la salle de bain quand je me brosse les dents… quant au coup de l’augmentation de Mme Rodrigues… ça m’est resté là !
CHARLOTTE. — Des années qu’elle avait le même salaire alors…
RÉMI. — Ta sœur aurait peut-être pu nous demander notre accord ?
CHARLOTTE. — C’est vrai, mais au fond…
RÉMI. — Je crois que j’ai dû rater quelque chose : tu cautionnes tout ça ?
ANNIE. — Lâche pas.
CHARLOTTE. — Elle est vraiment mal…
RÉMI. — La situation ne te pose aucun problème ?
ANNIE. — Lâche pas, je te dis.
CHARLOTTE. — C’est quand même ma sœur…
RÉMI. — Donc elle a le droit de nous empoisonner la vie jusqu’à la fin des rats ?
CHARLOTTE. — Mais non, bien sûr…
RÉMI, cherchant l’approbation de Charlotte. — Il faut qu’on trouve une solution ?
CHARLOTTE. — Oui… oui…
ANNIE. — Ça te coûte, de le dire, hein ?
RÉMI. — On est d’accord ?
CHARLOTTE, après un temps. — On est d’accord.
RÉMI. — Il faut qu’on passe à la vitesse supérieure ?
CHARLOTTE. — Euh…
RÉMI. — Il faut qu’on passe à la vitesse supérieure ?
CHARLOTTE. — C’est vrai… c’est vrai…
RÉMI. — Très bien. Je lui parle tout de suite. (Il se dirige vers la porte close.)
CHARLOTTE. — Quoi ?
RÉMI. — On passe à la vitesse supérieure ?
CHARLOTTE. — Mais elle dort.
RÉMI. — T’inquiète pas, je vais la réveiller.
CHARLOTTE. — Tu crois vraiment qu’elle est en état de discuter ?
RÉMI. — En état ou pas, elle a plus le choix.
CHARLOTTE. — Déjà qu’elle est mal, tu vas la mettre au trente-sixième dessous !
RÉMI. — Comme ça on sera tous au même étage !
Murielle paraît, les cheveux en bataille, vêtue d’une blouse de peintre maculée de différentes taches de couleurs. Silence.
CHARLOTTE. — Tu… tu as bien dormi ?
MURIELLE. — Avec le bruit que vous faites, c’est difficile.
RÉMI. — Excuse-nous de vivre. Si tu veux, on peut apprendre la langue des signes.
***
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