Une femme idéale

Comédie vaudeville pour 2F/1H

Quand on a une femme idéale, est-il bien raisonnable de la tromper ?

Accordez-nous moins d’une heure de lecture et découvrez comment faire entrer votre public dans un tourbillon de rires (même si vous avez peu de moyens).


Le trio vaudevillesque revisité…


On a 3 questions rapides à vous poser : 

🆘 Est-ce que vous faites partie de ces personnes qui détestent les pièces où l’on ne rit pas ?

🆘 Est-ce que vous avez horreur des pièces qui tirent en longueur ?

🆘 Est-ce que vous avez assez de retrouver l’éternel triangle mari-maîtresse-femme sans qu’il y ait de renouvellement ?

Les Compagnies qui ont monté Une Femme Idéale ont répondu oui à au moins deux questions, vous n’êtes plus seul-e !

Voici le résumé de la pièce : Virginie est une femme idéale, zélée dans son travail et attentionnée dans son couple. Pourtant Armand la trompe. Comment la femme idéale réagira-t-elle en apprenant l’infidélité de son mari ?

En accédant au texte intégral d’Une Femme Idéale, vous obtiendrez un fichier pdf de 67 pages pour un poids ultra-réduit entre 427 ko. Le fichier est donc très facilement téléchargeable sur votre téléphone, votre ordinateur, votre tablette et imprimable à volonté.

Avec « Une Femme Idéale » vous découvrirez :

✅ une comédie ménageant les éclats de rire tout au long de son déroulement, pour le plus grand plaisir des spectateurs

✅ une histoire d’amour proposant des variations autour du vaudeville, type d’humour que le public a toujours plaisir à retrouver

✅ un nombre de meubles et d’accessoires réduits, rendant le montage de la pièce très simple

✅ une pièce mélangeant le comique de situation et le comique de mœurs, permettant au public de rire franchement et intelligemment 

✅ une pièce dans laquelle les rebondissements éclatent jusqu’à la fin, ce qui tient le public en haleine tout au long de la représentation

Intéressé-e ?

Téléchargez gratuitement le texte complet d’Une Femme Idéale.

Attention, cependant : cette pièce est fortement déconseillée aux personnes qui n’aiment pas le théâtre de Boulevard !


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Questions fréquentes sur Une Femme Idéale

De quoi parle la comédie Une Femme Idéale ?

C’est une comédie de mœurs pétillante sur l’amour, la fidélité et l’hypocrisie conjugale. Virginie est parfaite à tous points de vue… sauf pour son mari Armand, qui la trompe. Mais la “femme idéale” a plus d’un tour dans son sac !

Pourquoi choisir cette pièce pour votre troupe ?

Parce qu’elle revisite le triangle amoureux classique avec des rebondissements malicieux et un humour vif. Le rythme est soutenu, les personnages hauts en couleur, et le rire provient des travers humains.

Est-elle facile à monter ?

Oui ! Peu d’accessoires, un seul décor, une mise en scène fluide : Une Femme Idéale s’adapte aisément aux troupes disposant de moyens légers ou d’un espace réduit.

Quel type d’humour y trouve-t-on ?

Un mélange savoureux de comique de situation et de comique de mœurs, dans la grande tradition du théâtre de boulevard — mais modernisé, sans clichés poussiéreux.

À qui s’adresse (ou ne s’adresse pas) cette pièce ?

Aux compagnies qui aiment faire rire sans vulgarité et offrir au public une comédie fine et rythmée. En revanche, les allergiques au théâtre de boulevard peuvent passer leur chemin : ici, on assume pleinement le genre !


La pièce a été plébiscitée à plusieurs reprises ces dernières années : 

🎭 La Kompagnie du Parapluie, Bas-Rhin, 2022-2024

🎭 U Many Show, Bouches-du-Rhône, 2022

🎭 Foyer Rural de Bussac-sur-Charente, Charente Maritime, 2023

🎭 In/Tension Théâtre, Alpes-Maritimes, 2024

🎭 Compagnie d’Entrée d’Jeu, La Réunion, 2024

🎭 Édolo, Nièvre, 2024.


Extrait d’Une Femme Idéale

Personnages

ARMAND.

VIRGINIE, sa femme.

ESTELLE, sa maîtresse.

 

Lieu

Le Salon de Virginie et Armand.

Estelle, seule, en peignoir, est assise sur le canapé. Elle se mouche. Elle est rejointe par Armand.

Armand. — Qu’est-ce qu’il y a ?

Estelle. — Mon allergie aux acariens.

Armand. — Tu n’es pas très crédible…

Estelle. — Je t’assure. Ça me prend à chaque fois que je viens ici. (Elle éternue.)

Armand. — N’empêche. Tu n’as pas l’air bien. Allez, dis-moi ce qui ne va pas.

Estelle. — C’est juste que… Je ne vois vraiment pas ce que tu me trouves. 

Armand. — Tu ne vas pas recommencer ?

Estelle. — C’est vrai ! Ma vie professionnelle, ce n’est pas un triomphe ; mes amis, j’en ai presque pas ; quant à mon chez moi, je sais que tu n’en raffoles pas. Alors je me demande ce que je t’apporte. 

Armand. — Tu es normale. 

Estelle. — Normale ? C’est parce que je suis normale, que je te plais ?

Armand. — Oui, tu me plais parce que tu es normale. Tout le contraire de ma femme. 

Estelle. — Virginie ?

Armand. — Elle, c’est une femme idéale ! Elle est parfaite.

Estelle. — Armand, la perfection n’existe pas…

Armand. — Si, elle existe ! Et elle s’appelle Virginie. D’ailleurs je commence à en avoir marre…

Estelle. — Pourquoi ?

Armand. — Parce que la perfection, on s’en lasse…

Estelle. — Armand, réfléchis, il est impossible de rencontrer quelqu’un d’absolument parfait !

Armand. — Tu fais erreur, je t’assure. Virginie est parfaite, et c’est justement ça qui m’emmerde !

Estelle. — Qu’est-ce que tu racontes ?

Armand. — Cette perfection, dans tous les domaines, c’est d’un chiant ! C’est bien simple : dès qu’elle fait quelque chose, c’est magistral. 

Estelle. — Et tu te plains ?

Armand. — Oui, je me plains. Parce que j’en ai assez, moi, du champagne qu’elle ramène quatre fois par mois, vu que toutes les semaines, madame décroche un gros contrat ! J’en ai jusque-là de sa fidélité, parce que depuis qu’on est mariés, pas un écart à lui reprocher, pas même un essai, pas même le début d’un projet ! Quant à ses idées déco, j’en ai ras le pompon ! Dès que quelqu’un entre ici, c’est toujours la même musique : « Mais c’est a-do-rable ! » Je n’en peux plus ! 

Estelle. — Et si quelqu’un t’apportait la preuve que ta femme, elle aussi, a des défauts ? Qu’elle aussi, peut-être, a dévié du droit chemin ?

Armand. — Ça serait vraiment inattendu. Ça pourrait presque me réconcilier avec elle !

Estelle. — Ah ? …

Armand. — Parce que ça prouverait que ma femme est un être humain ! 

Estelle. — Bon, alors… je suppose qu’il faut que je me réjouisse que ce jour ne soit pas encore arrivé ?

Armand. — Ne t’inquiète pas, ce jour n’est pas près d’arriver ! Et toi, rassure-toi, tu es loin d’être parfaite !

Estelle, vexée. — Merci.

Armand. — Ce n’est pas ce que je voulais dire… Tu es intelligente, sensible, belle. Et en plus tu as quelques défauts.

Estelle— N’en rajoute pas, s’il te plaît. 

Armand. — Dans ma bouche, avoir des défauts, c’est une qualité.

Estelle— J’aimerais que tu m’expliques comment des défauts peuvent devenir une qualité. 

Armand. — Tout simplement parce qu’ils te rendent humaine. Moi aussi j’ai des défauts. 

Estelle— C’est bien de le reconnaître.

Armand. — Tous les gens normaux ont des défauts. C’est la perfection qui est anormale ! Et c’est pour ça que tu m’es précieuse. (Il l’embrasse.) Tu comprends ?

Estelle— Je crois. 

Armand. — On va dîner, ça va te faire du bien. Je viens de mettre à réchauffer le lapin à la moutarde de Virginie. Tu vas voir, c’est un poème ! 

Estelle, se levant. — Ah non ! 

Armand. — Tu n’aimes pas le lapin ?

Estelle— Maintenant, c’est moi qui vais commencer à en avoir marre, de ta femme et de sa prétendue perfection !

Armand. — Ah ! Tu vois que c’est casse-pieds !

Estelle, montrant son peignoir. — J’ai déjà son peignoir…

Armand. — Excuse-moi… on s’est déshabillés vite, et quand tu t’es levée, le peignoir était près du lit, alors j’ai pensé…

Estelle— Tu as pensé que je serais bien dans ce merveilleux peignoir merveilleusement fait, et merveilleusement choisi par la merveilleuse Virginie ! 

Armand. — Ne m’en parle pas. Elle est toujours d’un chic, c’est agaçant !

Estelle— J’ai ma dose. 

Armand. — Moi aussi, ma chérie, moi aussi…

Estelle— Tu ne comprends pas…

Armand, soudain inquiet. — Quoi ? Tu en as assez ? Assez de nous deux ?

Estelle, le prenant dans ses bras. — Mais non ! 

Armand. — J’ai eu peur…

Estelle— J’en ai assez d’ici ! Tout me rappelle Virginie ! 

Armand. — On peut aller à l’hôtel, si tu veux…

Estelle— Sûrement pas, ce serait sordide !

Armand. — On ne va quand même pas aller chez toi ? 

Estelle— Et pourquoi pas ?

Armand. — Ton petit studio… il est pittoresque… mais enfin…

Estelle— Mais enfin quoi ?

Armand. — On sent que la déco, c’est pas ton truc…

Estelle— Je sais, c’est mon défaut !

Armand. — Je n’osais pas te le dire…

Estelle— Du coup, tu es rassuré ?

Armand. — Rassuré ? De quoi ?

Estelle— Que j’aie aussi ce défaut-là ? 

Armand. — Ah !… euh… oui ! Oui, bien sûr !… Mais tu vois ici, on a malgré tout une clim réversible, un jacuzzi, une superbe vue sur les toits… Et puis c’est très central.

Estelle— Ça dépend pour qui ! De toute façon, ici, à l’hôtel ou chez moi, c’est la même chose…

Armand. — Pas tout à fait, quand même…

Estelle— On se voit toujours à la sauvette, entre deux rendez-vous.

Armand. — Cette fois-ci, on a tout le weekend ! Virginie ne revient que lundi. Et moi, elle me croit chez ma tante, à la campagne. À part la concierge, personne ne sait que je suis là. 

Estelle— Ça aussi, j’ai ma dose ! 

Armand. — La concierge, ma tante ou la campagne ? 

Estelle— J’en ai assez de tous ces mensonges ! Je veux vivre notre histoire à la face du monde. Je veux que tout le monde soit au courant !

Armand. — Même le cabinet ?

Estelle— Même le cabinet.

Armand. — Même Seb ?

Estelle— Même Seb. 

Armand. — Vous êtes quand même fiancés. 

Estelle— Je considère que nos fiançailles sont rompues ! Ça fait des mois que je n’ai plus de nouvelles. Je suppose qu’il doit bien s’amuser de son côté…

Armand. — Je ne sais pas si c’est une bonne idée…

Estelle— D’ailleurs tout le monde s’est aperçu qu’il y a quelque chose entre nous. 

Armand. — Tu crois ?

Estelle— Armand, ouvre les yeux ! Tu n’as pas remarqué ces regards en coin quand je viens t’apporter ton courrier ? 

Armand. — C’est grave, ce que tu me dis là…

Estelle— Non, ce n’est pas grave… Ou plutôt si, c’est grave, c’est même très sérieux. Ça s’appelle l’amour. Et l’amour, ça se voit !

Armand. — Mais enfin… quelqu’un pourrait parler ! 

Estelle— Oui, nous. 

Armand. — Nous ?

Estelle— Parlons-en à Virginie. 

Armand. — Ça va la mettre dans tous ses états… 

Estelle— Mais ça en vaut le coup, non ?

Armand. — Oui. 

Estelle— Tu lui en parles ?

Armand. — Oui. 

Estelle— Quand ?

Armand. — Lundi, elle sera crevée. La semaine prochaine, elle prépare les négociations avec les Chinois. La semaine suivante, elle est à Pékin. Après, elle va en séminaire pour une nouvelle gamme de produits séniors. Euh… disons dans un mois ? Un mois et demi, pour être sûrs ?

Estelle— Dès son retour.

Armand, après un moment de surprise. — Carrément… D’accord.

Estelle— Promis ?

Armand— Promis. (Son téléphone reçoit un appel. Il le regarde et, soudain inquiet ) C’est Virginie ! Pourquoi elle m’appelle ? Qu’est-ce que je fais ?

Estelle— Réponds !

Armand— Tu crois ?

Estelle— Sinon, elle va trouver ça louche. 

Armand, répondant. — Allô, chérie ? Oui, je suis bien arrivé, oui. (Un temps.) Tantine, ça va, mais avec son arthrose, elle a les doigts tout recourbés. Tu la verrais,  un vrai rapace… (Un temps.) Oh tu sais, l’air de la campagne, ça m’assomme. Alors je vais boire un tilleul et aller au lit. Et toi ? Déjà à Reykjavik ? (Un temps.) Quoi ? (Un temps.) Et pourquoi ? (Un temps.) Ah merde ! Mais tu es où, là ? (Un temps.) C’est pas vrai ! Allô ? Allô ? (À Estelle ) Ça a coupé !

Estelle— Qu’est-ce qui se passe ?

Armand— Elle n’est pas partie ! 

Estelle— Qui ?

Armand— Virginie !

Estelle— Ah bon ! Pourquoi ?

Armand— Grève des aiguilleurs du ciel !

Estelle— Zut !… Mais… elle t’appelait d’où ?

Armand— Du bus. 

Estelle— Du bus ? Mais alors…

Armand— Alors elle va débarquer d’un instant à l’autre ! 

Estelle, peu convaincue. — D’un instant à l’autre…

Armand— Elle est dans le bus. Si ça se trouve, elle sera en bas de chez nous dans cinq minutes ! Alors prends tes affaires et va-t-en, vite ! (Ramassant les vêtements d’Estelle ) Où est ta culotte ?

Estelle— Excuse-moi, mais je ne comprends pas…

Armand— Ah tu ne comprends pas ? Virginie arrive ! Son avion a été annulé et… 

Estelle— Ça, j’avais compris, merci. Par contre, je ne comprends pas ce que tu fais.  

Armand— Je ramasse tes vêtements pour que tu puisses t’habiller et partir ! Quand Virginie rentrera, ça serait bien qu’elle ne trouve pas ma maîtresse chez elle !

Estelle— Et toi ?

Armand— Quoi, et moi ?

Estelle— Tu ne penses pas qu’elle sera surprise de te voir ? Tu es censé être chez ta tante à la campagne. 

Armand— Ah merde, c’est vrai ! 

Estelle— Écoute, Armand. Tout ça tombe à pic. 

Armand— À pic ? Ce n’est pas tout à fait l’expression que j’aurais choisie. 

Estelle— Réfléchis. On avait décidé de tout dire à Virginie dès son retour. 

Armand— Et alors ?

Estelle— Et alors cette grève arrive à point : Virginie est de retour. 

Armand— J’ai peur de comprendre…

Estelle— Parlons-lui maintenant. 

Armand— J’avais bien compris…

Estelle— C’est l’occasion : on est là tous les trois.

Armand— Tu parles sérieusement ?

Estelle— Évidemment ! Cette grève, c’est un signe du destin. 

Armand— Tu penses vraiment que je vais laisser ma femme entrer ici, te voir chez elle, dans son peignoir, et lui annoncer la bouche en cœur : « chérie, je te présente ma maîtresse » ?

Estelle— Que je sois dans son peignoir ou dans le mien, je ne vois pas ce que ça change. 

Armand— Ce n’est pas la question du peignoir, c’est la question du moment !

Estelle— Avec toi, ce n’est jamais le moment !

Armand— Si on dit tout à Virginie maintenant, on va se mettre dans une posture… une posture très défavorable ! 

Estelle— Armand, tu trompes ta femme. Que tu lui dises maintenant ou dans huit jours, avec des fleurs ou des chocolats, ça ne changera rien à la chose ! 

Armand— Si, ça changera quelque chose ! Si elle te trouve là, on va la placer devant le fait accompli… ce sera très gênant…

Estelle— Tu crois ?

Armand— Elle ne verra pas un couple. Elle verra deux pauvres créatures qui se cachent, honteusement…

Estelle— Tu as peut-être raison… 

Armand— Estelle, je t’en prie, il faut partir…

Estelle— Si tu crois que… Mais que ce ne soit pas un prétexte pour remettre l’explication. 

Armand— Lundi ! 

Estelle— Ce soir ! 

Armand— Je te rappelle que je suis supposé être à la campagne jusqu’à dimanche soir.

Estelle— Ah oui, c’est vrai…

Armand— Écoute, je sais que tout ça, ce n’est pas très marrant. Mais voyons le bon côté des choses : on a toujours notre weekend à nous, rien qu’à nous. Simplement, on va changer de lieu. On va aller dans ton studio. 

Estelle— Je croyais que la déco n’était pas top ?

Armand— Je n’avais pas l’intention de me focaliser sur la déco…

Estelle— Je pensais que mon quartier était mal desservi ?

Armand— Avec un taxi, on y sera dans dix minutes. 

Estelle— Alors, tu tiens toujours à moi, dis ?

Armand— Bien sûr. Tu vas t’habiller ; moi, je vais remettre un peu d’ordre, refaire le lit ; et ensuite, toi et moi on descendra…

L’interphone sonne. Estelle et Armand restent immobiles. 

Armand— Déjà ?

Estelle— Ce n’est peut-être pas elle. 

L’interphone sonne une deuxième fois. 

Estelle— Vas-y ! 

Armand— Pourquoi elle sonne ? Elle n’a pas ses clefs ? (Il déroche le combiné de l’interphone.) Oui ? (Un temps. Puis, rassuré )Ah ! Bonjour Mme Ramirez. (À Estelle ) C’est la concierge. (Soudain inquiet, dans le combiné ) Quoi ? Elle monte ? (Un temps.) Elle était surprise ? Non, ce n’est pas grave, merci, Mme Ramirez ! (Il raccroche, paniqué.) Virginie arrive ! Vite ! (Il aide Estelle à enfiler une jupe par-dessous le peignoir.) Elle a croisé la concierge qui lui a dit que j’étais là ! Elle était surprise, il paraît… tu m’étonnes qu’elle était surprise… En principe, je suis à la campagne… Mais vite Estelle, magne-toi ! 

Estelle— Je fais ce que je peux !

Armand, aidant Estelle à enfiler un haut. — Où est la tête, dans ce truc…

Estelle, se débattant avec le haut tandis qu’Armand la fait tourner. — S’il te plaît, ne m’aide pas, ça sera mieux, parce que là…

Armand, chargeant les bras d’Estelle. — Ton sac, tes chaussures… Non, non, tu les mettras en bas ! Allez, tire-toi, nom de dieu ! 

Estelle— Tu ne viens pas avec moi ?

Armand— Je ne peux pas, Virginie sait que je suis là !

Estelle— Eh ben, ça aura été un weekend éclair…

Armand— Ah, pas de reproches, hein ? Parce que s’il y en a un qui est dans la merde, ici, c’est moi ! 

Estelle— Ben voyons ! Et moi ? Je marche sur des pétales de rose, peut-être ? 

Armand, la poussant. — La poésie, ce n’est pas le moment ! Casse-toi !

Estelle— Tu as vu mon téléphone ?

Armand, exaspéré. — Il aurait fallu t’en occuper avant ! 

Estelle, disparaissant. — Pas la peine d’être désagréable ! Fais chier ! 

Armand, la rattrapant. — Attends ! Tu te barres avec le peignoir ! 

Estelle, enlevant le peignoir. — C’est ta faute ! Tu me stresses, je ne sais plus où j’en suis…

Armand, la repoussant. — Et maintenant, dégage ! 

Estelle— En une minute, tu m’as sorti plus de méchancetés qu’en…

Armand, la faisant disparaître. — Dis-moi plutôt ça par texto ! (Seul ) Ah les bonnes femmes ! Enfin… on a évité le pire… Maintenant, il faut que je trouve une excuse…

On toque à la porte. 

Armand, d’une voix qu’il veut normale. — Oui ? 

Estelle, off. — C’est Estelle, ouvre-moi, vite ! 

Armand, faisant entrer Estelle. — Qu’est-ce qu’il y a ?

Estelle— L’ascenseur arrive, j’ai préféré faire demi-tour ! 

Armand— Chut ! (Ils se taisent et écoutent.) C’est le pas de Virginie, je le reconnais ! 

Estelle— Qu’est-ce qu’on fait ? 

Armand— Va te cacher ! 

Estelle— Où ça ?

Armand— Tu n’as jamais vu de vaudeville ? L’amante se cache toujours dans le placard !

On toque. 

Virginie, off. — Armand ? 

Armandbas, à Estelle. — Va dans la penderie de la chambre. Tout au fond, derrière les manteaux, il y a un cagibi où on range les loques et les vieilles chaussures ! 

Virginie, off. — Armand, tu es là ?

Armandbas, à Estelle. — Vite !

Estelle s’éclipse tandis qu’entre Virginie.  

Virginie— Qu’est-ce que tu fais là ? Je te croyais à la campagne. 

Armand. — Moi aussi…

Virginie— Quoi, toi aussi ?

Armand. — Moi aussi, je pensais partir, mais finalement…

Virginie, ne comprenant pas. — Quand je t’ai eu, il y a cinq minutes, tu m’as parlé de ta tante, de l’air de la campagne…

Armand, feignant la surprise. — Moi ? 

Virginie— Tu m’as même dit que tu allais prendre un tilleul et te mettre au lit !

Armand, même jeu. — Moi, moi je t’ai dit ? …

Virginie— Je t’assure. 

Armand, s’efforçant de rire. — Alors ça, c’est la meilleure…

Virginie— Qu’est-ce qu’il y a de drôle ?

Armand, inventant. — Au moment où tu m’as appelé, je dormais. Je crois que je rêvais que j’étais avec tantine. Alors, quand j’ai décroché, je devais être encore dans mes songes… Mais on a été coupés.

Virginie— Mon téléphone est à plat. Il faut que je le recharge. (Elle s’exécute.)

Armand. — Tu es contrariée ?

Virginie— Si je suis contrariée ? Plutôt, oui ! Il faut absolument que je passe un coup de fil. 

Armand. — Prends le fixe. 

Virginie— Je ne connais pas le numéro par cœur. 

Armand. — Le numéro ?

Virginie— Le numéro du staff ! Le staff islandais ! Je ne les ai pas encore prévenus. 

Armand. — Quelle histoire !

Virginie— C’est très très contrariant…

Armand. — C’est même complètement chiatique ! Ces aiguilleurs du ciel, quels connards ! (Virginie est surprise par cet écart de langage. Penaud ) Non, mais c’est vrai… c’était une mission importante pour toi… enfin, d’après ce que tu m’as dit, en tout cas…

Virginie— Et toi, pourquoi tu n’es pas parti ?

Armand. — Moi ? Pourquoi je ne suis pas parti ? 

Virginie— Oui. 

Armand. — Tu me demandes pourquoi je ne suis pas parti ?

Virginie— C’est ça. 

Armand, affectant de rire. — Elle me demande pourquoi je ne suis pas parti !

Virginie— Tu as bien compris. 

Armand, ayant du mal à trouver quelque chose. — Mais ma pauvre chérie, je ne suis pas parti parce que… parce que… D’ailleurs, j’aurais dû m’en douter… J’aurais dû m’en douter… Dès que je suis arrivé à la gare… j’ai eu un pressentiment… Pauvre tantine, ça me fait vraiment de la peine. 

Virginie— Il est arrivé quelque chose ?

Armand. — Eh oui ! Il est arrivé quelque chose…

Virginie— Quoi ?

Armand, pataugeant. — Eh ben… Ce qu’on craint toujours qu’il arrive !… On se doute bien que ça va finir par arriver… alors on espère, on espère que ça n’aura pas lieu… et puis quand ça arrive, on se dit… mais pourquoi c’est arrivé ?!…

Virginie— Non, ne me dis pas que…

Armand. — Si. Elle est morte. 

Virginie— Aujourd’hui ?

Armand. — Evidemment !

Virginie— Comment ?

Armand. — Je ne connais pas les détails ! En tout cas, c’est arrivé d’un coup. 

Virginie, émue. — C’est atroce…

Armand. — Tu sais, elle avait fait son temps…

Virginie— Tout de même, elle avait encore de beaux jours devant elle. 

Armand. — Il faut dire ce qui est, ces dernières années, elle avait moins d’allant.

Virginie, émue. — Oh, Armand, je suis désolée…

Armand. — Je vais m’en remettre…

Virginie, émue. — Pauvre tantine…

Armand. — Quoi pauvre tantine ?

Virginie— J’ai peu connu ta tante, mais je l’aimais bien. 

Armand. — Pourquoi tu parles d’elle à l’imparfait ?

Virginie— Tu viens de me dire qu’elle est morte. 

Armand. — Ce n’est pas elle qui est morte, c’est la loco ! 

Virginie— La loco ?

Armand. — La loco de mon train ! 

Virginie— Ah ! Et moi qui ai cru…

Armand. — Qu’est-ce que tu veux que je te dise, c’est les trains d’aujourd’hui, ça ! Parce que d’accord, il y a les avions cloués au sol, il y a les aiguilleurs en grève, mais il y aussi les trains qui restent à quai ! 

Virginie— Ton train n’est pas parti ?

Armand. — Je te l’ai dit, dès que je suis arrivé, dès que j’ai vu cette loco, visiblement fatiguée, la mine pâle, l’œil morne et le nez sale, j’ai pensé : « Oh, elle ne va pas faire long feu » ! Et la suite m’a donné raison. On a entendu une sorte de long sifflement et paf ! Plus rien. Plus de moteur, plus de lumière, plus de clim, rien ! Pauvre tantine, ça me fait de la peine pour elle. Elle qui se faisait une joie de me voir. D’ailleurs, moi aussi ! Mais bon, il n’y a qu’un train par jour. Je prendrai celui de demain. À moins…

Virginie— À moins ?

Armand. — À moins que tu ne sois là demain ?

Virginie— Je ne sais pas. Le préavis de grève est reconductible. (Regardant son téléphone, contrariée ) Il en met, un temps ! Toujours pas rallumé ! La batterie était totalement vide. 

Armand. — Écoute, on peut prendre ça pour… pour un coup du destin !

Virginie— C’est à dire ?

Armand. — Un coup de chance !

Virginie, en colère. — Un coup de chance ? Ma mission à Reykjavik annulée à cause d’une grève ?

Armand. — Évidemment, sur le plan professionnel, ce n’est pas très satisfaisant. 

Virginie— Le mot est faible !

Armand. — Mais sur le plan personnel, on peut prendre ça pour une chance…

Virginie— Désolée, mais je ne suis pas d’humeur à être positive…

Armand. — Ces derniers temps, toi et moi, on ne fait que se croiser. Rendez-vous, réunions… On ne se voit plus ! Cette grève, et ce problème de train qui arrivent au même moment, eh bien, ça nous donne une importunité unique. 

Virginie— Quel genre d’opportunité ? 

Armand. — L’opportunité de… de… parler tous les deux… de faire un peu le point…

Virginie— Le point ? Tu veux qu’on fasse le point ?

Armand. — Oui, Virginie. Bon écoute, ce que j’ai à te dire est simple. Simple et… et… difficile à la fois. Tu es une femme idéale.

Virginie— Je ne comprends rien à ce que tu racontes.

Armand. — Tu vas voir où je veux en venir. Dans notre couple, ne nous masquons pas les choses, c’est toi la forte personnalité. 

Virginie— Je ne suis pas d’accord. 

Armand. — Mais si, Virginie, mais si. Pour employer une expression, c’est toi qui portes la culotte ! 

Virginie, ramassant une culotte. — Qu’est-ce que c’est que ça ?

Armand, à part. — Et merde !  

Virginie— Armand, je te parle : Qu’est-ce que c’est que ça ? 

Armand. — Euh… je… je ne sais pas… 

Virginie, lui collant la culotte sous le nez. — Tu ne sais pas ce que c’est ?

Armand. — Excuse-moi, je n’ai pas mes lunettes pour voir de près, alors comme ça, j’avoue que je ne vois pas très bien ce que ça peut être…

Virginie, rongeant son frein. — C’est une culotte ! 

Armand, feignant la surprise. — Non ? 

***

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