Comédie de l’amour et des apparences pour 1F/2H
Quand l’amour est mis à l’épreuve, peut-on rester fidèle à ses sentiments ?
Accordez-nous moins d’une heure vingt de lecture et découvrez comment faire entrer votre public dans un tourbillon de rires (même si vous avez peu de moyens).
On a 3 questions rapides à vous poser :
🆘 Est-ce que vous faites partie de ces personnes qui détestent les pièces où les intrigues sont plates ?
🆘 Est-ce que vous avez horreur des comédies où l’humour est gras ?
🆘 Est-ce que vous en avez assez des histoires d’amour où tout est prévisible dès la première scène ?
Si vous avez répondu oui à au moins deux questions, alors lisez vite ce qui suit !
Catherine, femme indépendante et affirmée, décide de tester les sentiments de Patrick, son fiancé, en lui faisant croire qu’elle est ruinée. Avec l’aide de son ami Vincent, elle met en place un stratagème aussi drôle que risqué. L’amour de Patrick survivra-t-il à cette épreuve ? Entre mensonges, quiproquos et révélations, cette comédie légère et pleine de surprises explore les pièges et les vérités de la séduction.
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Avec Un Mensonge pour la Vérité, vous découvrirez :
✅ Une comédie riche en situations cocasses, idéale pour déclencher les rires du public
✅ Des personnages attachants, qui donneront à vos interprètes l’occasion de gagner la sympathie du public
✅ Un décor simple : un appartement moderne, facile à reproduire sur scène
✅ Un mélange subtil d’humour et de critique sociale sur les relations amoureuses et les apparences, qui donneront à réfléchir à votre public
✅ Une intrigue pleine de rebondissements, qui tiendra votre public en haleine jusqu’au dénouement
Intéressé-e ?
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Attention, cependant : cette pièce est fortement déconseillée aux compagnies qui n’aiment pas les comédies romantiques modernes !
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Questions fréquentes sur Un Mensonge pour la vérité
De quoi parle cette pièce de théâtre ?
C’est une comédie romantique contemporaine où l’amour se mesure à l’épreuve du mensonge.
Catherine fait croire à son fiancé qu’elle est ruinée, juste pour tester sa fidélité… et tout dérape avec panache.
Résultat : un tourbillon de quiproquos, de rires et de révélations où personne ne sort indemne.
Quel est le ton de la pièce ?
Ni mièvre, ni vulgaire : un humour fin, piquant et actuel, dans la veine des meilleures comédies sentimentales.
Sous le rire, on trouve une vraie réflexion sur l’amour, les apparences et la sincérité.
Bref, une pièce qui fait autant sourire que réfléchir
Combien de personnages et quel type de décor ?
La pièce met en scène trois personnages principaux dans un décor unique : un appartement moderne.
Facile à monter, à transporter et à jouer, même avec peu de moyens.
Idéal pour les troupes amateurs ou professionnelles cherchant un texte rythmé et accessible.
À qui s’adresse Un Mensonge pour la Vérité ?
Aux compagnies qui veulent du rire intelligent et des personnages attachants.
Le texte plaît autant aux troupes aimant la comédie classique qu’à celles qui veulent une pièce moderne et pleine de rebondissements.
Public garanti conquis : des éclats de rire aux soupirs d’émotion.
Extrait d’Un Mensonge pour la vérité
Personnages
Catherine.
Patrick, son amant.
Vincent, ami de Catherine.
Le décor
L’appartement de Catherine, moderne et luxueux. Porte d’entrée, une ouverture vers un couloir, un canapé avec une table basse, un fauteuil, une table à manger sur laquelle le couvert est mis pour deux, plusieurs chaises.
Scène première. Catherine, Patrick.
Nous sommes en début de soirée. L’appartement est vide. Soudain, la porte s’ouvre et laisse paraître Catherine suivie de Patrick.
Catherine, entrant dans l’appartement, très élégante. Et voilà mon petit palais !
Patrick, entrant à son tour, refermant la porte et contemplant l’appartement, ébloui. Petit palais, petit palais… C’est un véritable château ! (Sur le plan vestimentaire, il a tenté d’être au même niveau d’élégance que Catherine, mais c’est moins réussi.)
Catherine, faussement modeste. N’exagérons rien.
Patrick. Tu ne voulais pas que je vienne, mais finalement, tu vois, j’ai eu raison de toi.
Catherine. Moi ? Je ne voulais pas que tu viennes ?
Patrick. Combien de fois tu as dit non ?
Catherine, jouant l’effarouchée. Je ne suis pas de celles qui disent oui dès le premier soir.
Patrick. Et c’est tout à ton honneur.
Catherine. D’ailleurs tu peux parler, tu as toujours refusé qu’on mette les pieds chez toi.
Patrick. Boulevard Amiral-Courbet ? Je viens à peine d’emménager, il y a des soutifs, euh… des souvenirs partout, des sous-plats, des…
Catherine. Ça fait combien de temps que tu viens d’emménager ?
Patrick. Deux mois. J’ai eu du mal à quitter mon loft sous les toits de la rue du Chapitre. (Un temps.) Et puis en ce moment, à l’agence, c’est… c’est… (Il fait un geste signifiant : épuisant. Il donne une carte de visite à Catherine.)
Catherine, lisant. « Glam Events, agence de communication ». (Ironique.) Merci.
Patrick. Pour ?
Catherine, toujours ironique. Pour avoir fait l’effort surhumain de venir jusqu’ici.
Patrick, moqueur. Tu te serais bien passée de ma venue, avoue.
Catherine. Mais qu’est-ce que c’est que cette idée que tu as dans la tête ?
Patrick. Ce n’est pas une idée : tu cultives ton jardin secret, je l’ai remarqué. (Complice.) On pourrait peut-être s’occuper de ton petit gazon ?
Catherine. Pour moi, tout ce qui compte, c’est moi. Euh… (Gênée par ce lapsus.) je veux dire, c’est toi. Le reste…
Patrick. Tu as quelque chose à cacher ?
Catherine. Non. Mais quand tu auras tout découvert de moi, tu m’aimeras encore ?
Patrick. Mon amour pour toi ne finira jamais.
Catherine, chantant. Paroles, paroles, paroles… (Elle soulève deux cloches qui laissent apparaître des collations.)
Patrick, lorgnant les collations. Comment ne pas aimer une aussi belle collation ? Pain, jambon, gros nichons. (Catherine tique.) Euh… cornichons.
Catherine, désignant les collations. Quoi, ça ? Ce n’est pas moi, c’est Mông.
Patrick. Mông ?
Catherine. Mông, ma cuisinière. Une perle.
Patrick. Ah… (Cherchant à se rattraper.) Mais comment ne pas aimer la façon avec laquelle tu as décoré ton chez toi ? (Montrant des meubles, des bibelots.) Quel goût, quelle classe, quel…
Catherine, désignant les meubles et les bibelots. Quoi, ça ? Ce n’est pas moi, c’est Orlando.
Patrick. Orlando ?
Catherine. Orlando, mon architecte d’intérieur. Il a le chic pour réaliser des compositions raffinées.
Patrick. Ah… (Cherchant encore à se rattraper.) Mais comment ne pas aimer ton appartement ? Que dis-je, cette suite royale ? Résidence de standing, exposition plein sud, vue plongeante…
Catherine, désignant la vue. Quoi, ça ? Ce n’est pas moi, c’est Henry.
Patrick. Henry ?
Catherine. Henry, mon sixième mari. Je ne lui ai pas laissé le choix. Quand il a demandé le divorce, je lui ai dit : « soit tu me laisses un bel appartement, soit je te demande une pension qui va te ruiner ». Et voilà ! Il m’a acheté ce deux pièces. Ça ne m’a pas empêchée d’obtenir une pension plus que raisonnable.
Patrick, la regardant soudain les yeux pleins d’admiration. Votre altesse est vraiment une femme extraordinaire. (Il la prend dans ses bras et l’embrasse.)
Catherine. Mangeons !
Patrick, se précipitant sur la collation. Bonne idée ! (Il l’avale d’un coup.)
Catherine, le regardant avec étonnement. Tu avais faim, on dirait…
Patrick. J’ai rien mangé depuis… (Effrayé par ce qu’il va dire, il s’arrête.) Depuis ce matin… Et après ?
Catherine. Après ?
Patrick. Après l’entrée ?
Catherine, mettant un croc dans sa collation. Je ne sais pas si Mông a préparé autre chose.
Patrick, avec déception. Ah.
Catherine. Ne t’inquiète pas, j’ai toujours du stock au cas où.
Patrick, revigoré. Merci !
Catherine, fière d’elle. Tu vois si je suis aux petits soins pour moi. Euh… pour toi.
Patrick, énamouré. Tu es adorable.
Catherine, s’asseyant. Va dans la cuisine.
Patrick, surpris. Hein ?
Catherine. Il doit rester un paquet de riz dans le placard de gauche.
Patrick. Un paquet de … ?
Catherine. De riz. Tu as une perte d’audition ?
Patrick, refroidi. Non non, j’avais bien…
Catherine, terminant sa collation. Placard de gauche.
Patrick, pincé. Bien, votre majesté. (Patrick disparaît. On entend des objets tomber.)
Patrick, off. Et merde ! …
Catherine. Tu trouves ?
Patrick, off. Je cherche…
Catherine. Placard de gauche.
Patrick, off, avec une pointe d’agacement. J’ai compris… (Pour lui.) Oh putain de putain…
Catherine, un peu choquée par ce langage fleuri. Mông est une bonne cuisinière. Mais question rangement… (Elle fait un geste signifiant « C’est pas ça. ». Elle soulève une cloche sous laquelle apparaît une assiette remplie de riz. Voyant cela, Catherine s’en amuse.)
Patrick, off, agacé. Je trouve pas…
Catherine, à part.C’est normal, il est sous mon nez ! J’avais oublié que Mông avait déjà préparé du riz…
Patrick, off, criant. Et si tu venais voir ?
Catherine, faux-jeton. Comment ? Je ne t’entends pas.
Patrick, réapparaissant avec un Tupperware. Il n’y avait que ça ! (Voyant le riz sur la table.) Ah ! Il était là ?
Catherine, faussement candide. Quoi ?
Patrick. Le riz !
Catherine. Bien sûr, qu’il était là !
Patrick. Ce n’est pas ce que tu m’as demandé d’aller chercher à la cuisine ?
Catherine, ouvrant le Tupperware et montrant son contenu à Patrick. La sauce, je t’ai demandé la sauce du riz.
Patrick, humant le contenu du Tupperware. Pouah ! Qu’est-ce que c’est ?
Catherine, un peu dérangée elle aussi. Une sauce au kaki. Encore… Spécialité de Mông.
Patrick, écœuré. Au kaki ? Je ne pense pas que je… Oh je sais : Je vais donner ma part au clochard qu’on a croisé devant la grille.
Catherine. Celui avec qui tu discutais quand je garais la voiture ?
Patrick. Il n’a plus de pain depuis trois jours.
Catherine, superbe. Il n’a plus de pain ? Eh bien qu’il mange de la brioche ! (Se levant.) Je vais voir si je te trouve quelque chose.
Elle sort.
Patrick, répondant à un appel, chuchotant, inquiet. Momo ? Je t’ai dit de ne m’appeler qu’en cas d’urgence. Où je suis ? Eh ben je suis… je suis avec ma copine. Non, je ne me fous pas de toi. Quoi, les clients ? Mais j’en n’ai rien à foutre, moi, des clients ! (Ça hurle au bout de la ligne. Avec plus d’inquiétude encore.) Non, Momo, attends… arrête de gueuler… c’est pas ce que je voulais dire… Il y a du monde à la caisse ? Je suis sûr que tu vas arriver à gérer. Appelle Ahmed, moi je ne peux pas ! Momo, s’il te plaît… Comprends-moi… je suis dans la merde. C’est pas simple à expliquer. Voilà… j’ai menti à ma copine. Je lui ai fait croire que je travaillais chez Glam Events. C’est une boîte d’événementiel, dans laquelle bosse Jean-David, mon ami d’enfance… Alors quand Catherine m’a demandé ce que je faisais, moi j’ai répondu : Glam Events. J’allais pas lui répondre : Momo Burger, en plein dans la Cité Bellevue ! Mais non, j’ai pas honte… il est génial, ton snack, simplement… tu verrais Catherine, c’est une femme tellement chic, tellement… que moi je trouvais que… Momo Burger, tu vois, c’était pas… (Ça semble se radoucir de l’autre côté du combiné. Rassuré.) J’étais sûr que tu comprendrais. Si elle marche ? (Fanfaron.) Elle court ! Et moi, je fourre. Euh… je… je fous rien… Je fous rien, j’ai juste à attendre qu’elle propose : hier, soirée privée au Diam’s Club, aujourd’hui, déjeuner gastronomique… (Répondant à une question.) Eh non, mon vieux, tout ça réglé par madame ! (Autre question.) Si, moi aussi je paye, de temps en temps, mais bon, le moins possible… Tu connais mon copain Franck, le patron du Cabana Coco ? Il m’a promis de nous faire entrer gratuitement. Comme ça il m’invite, et je fais croire à Catherineque je lui offre ! (Autre question au bout du fil.) Oh des mensonges, des mensonges… on peut pas vraiment parler de mensonges… Tu sais, je me présenterais chez Glam Events, je suis sûr qu’ils me prendraient ! Quasiment… Comme coursier ? Oui, peut-être… pour commencer…
Catherine reparaît avec un yaourt.
Scène 3. Catherine, Patrick, puis Vincent.
Catherine. Je n’ai trouvé que ça. (Voyant que Patrick raccroche précipitamment.) Tu avais un appel ?
Patrick. Un client impatient ! Je te l’ai envoyé chier, bien comme il faut ! (Plastronnant.) Je suis comme ça, moi…
Catherine, lui donnant le yaourt. Tiens.
Patrick, le prenant, déçu. Ah… parfait…
On sonne.
Patrick, surpris. Tu attends quelqu’un ?
Catherine, surprise. Non.
Elle se dirige vers la porte d’entrée et l’ouvre. Paraît Vincent.
Vincent, tout sourire. Bonsoir ma belle !
Catherine, décontenancée. Vincent…
Ils se font la bise.
Vincent, regardant Catherine de pied en cap, rayonnant. Mais quelle élégance ! Tu resplendis !
Catherine, touchée. Merci…
Vincent, apercevant Patrick, quittant immédiatement son sourire. Ah, t’es là, toi.
Patrick, peu aimable. Ouais, je suis là.
Catherine, s’asseyant sur les genoux de Patrick. Nous revenons d’un vernissage.
Vincent, acide, les contemplant l’un sur l’autre. Je vais vous lancer un seau d’eau.
Catherine, tendre avec Patrick. C’est l’amour.
Vincent, caustique. À ce point-là, ce n’est plus de l’amour, c’est de l’ajuttessi… de l’attujessi… de l’assuteji…
Patrick, souriant. De l’assujettissement ?
Vincent, piqué. Parfaitement ! C’est de l’assettu… de… ce que tu viens de dire ! (Présentant un bouquet de tulipes qu’il avait jusque-là tenu caché, à Catherine.) Tiens.
Catherine, se levant et prenant le bouquet. Oh ! Elles sont magnifiques.
Vincent, savourant sa victoire, regardant Patrick du coin de l’œil. Je sais que tu les adores.
Catherine. Tu me connais bien !
Patrick, se levant à son tour et regardant Vincent droit dans les yeux, avec un sourire crispé. Attention : je pourrais mal le prendre.
Vincent, mi-figue mi-raisin. On ne joue pas dans la même catégorie.
Patrick, se voulant cordial mais cachant mal son agacement. C’est vrai. Il y a les poids plumes… et puis les poids lourds…
Vincent, soudain inquiet, à Catherine. Les poids lourds ? Tu trouves que je m’impose ? J’arrive au mauvais moment ?
Catherine, qui vient de mettre les fleurs dans un vase. Vous allez arrêter de vous chamailler, tous les deux ? C’est à chaque fois la même histoire !
Patrick, enlaçant Catherine et regardant Vincent avec un air de défi. Ce n’est pas ma faute si monsieur me cherche.
Vincent, sec. Arrête de la tâter comme ça, c’est pas un melon.
Patrick, idem. C’est comme ça qu’on fait quand on est un couple amoureux. Mais bon, l’amour, je sais pas si tu te rappelles, ça fait peut-être trop longtemps ?
Vincent, allusif. Amour ou intérêt…
Patrick, piqué. Quoi ?
Catherine. Maintenant ça suffit !
Patrick, tendre. Excuse-moi, bébé.
Vincent, à part, moqueur. Bébé…
Patrick. Je vais me chercher des clopes. Ça me fera du bien de prendre l’air.
Patrick sort et claque la porte, tandis que Vincent fulmine en silence.
Vincent, ironique. Toujours aussi agréable…
Catherine. Tu le cherches.
Vincent. Je ne le cherche pas, je le trouve ! En l’occurrence, je le trouve toujours fourré dans tes jupes.
Catherine, se justifiant. On sort ensemble.
Vincent. Cathy, ce type est en train de te vampiriser !
Catherine. Tu veux lui planter un crucifix dans le cœur ?
Vincent. Je te le répète : Patrick n’est pas fait pour toi.
Catherine. Et s’il me plaît, à moi ?
Vincent. Tu te berces d’illusions. Ça ne peut pas coller entre vous.
Catherine. L’éternelle rengaine.
Vincent. Tu es, ce qu’on appelle en psychologie une « Protagoniste ».
Catherine. Une quoi ?
Vincent. Ça signifie que tu marches à l’intuition, que les sentiments sont importants pour toi.
Catherine. Je veux bien me l’accorder. Euh… te l’accorder.
Vincent. Mais Patrick, c’est tout le contraire. Il est ce qu’on appelle vulgairement un « Explorateur ».
Catherine. Un « Explorateur » ?
Vincent. C’est un terme savant.
Catherine, vexée. Je sais ce que signifie Explorateur.
Vincent. Tu crois savoir. Mais en psychologie, un explorateur ce n’est pas un gars avec un chapeau colonial et une machette. C’est quelqu’un d’observateur, qui aime l’aventure.
Catherine. Oui eh bien, je ne suis pas d’accord : moi aussi je suis observatrice, et quant à Patrick : il éprouve des sentiments, tu peux me croire.
Vincent. Catherine, je viens juste de te donner quelques éléments de carégo… de catéro… de canégorisa… euh…
Catherine. De catégorisation ?
Vincent. Voilà. Ce sont des tendances.
Catherine, avec une logique imparable. Et des tendances, ça ne prend pas en compte les particularités des gens. Autrement dit : ta théorie, elle ne vaut rien.
Vincent. Écoute Catherine, je suis tout de même diplômé en psychologie…
Catherine. Toi ? Tu as une licence d’Histoire !
Vincent, embêté. Oui… c’est vrai… j’ai une licence d’Histoire… (Comme un argument massue.) mais j’avais pris, en option, un cours de psycho, alors…
Catherine. Beau résultat : t’as foiré ton examen.
Vincent, se voulant indigné. Moi ? J’ai foiré mon examen ? Mon examen de psycho ?
Catherine. Je m’en souviens très bien.
Vincent, incrédule. De quoi tu te souviens ?
Catherine. Martine m’avait dit : « Vincent a tout réussi, sauf son partiel de psycho, où il s’est complètement planté. »
Vincent, mécontent. « Complément planté » ? Eh bien, elle avait le sens de la mesure, celle-là.
Catherine. Elle m’avait menti ?
Vincent, condescendant. Je pense qu’on ne doit avoir la même définition de « complètement planté ».
Catherine. T’avais eu combien ?
Vincent, après un silence. Quatre.
Catherine. Sur dix ?
Vincent. Sur quarante.
Catherine. Quatre sur quarante ? Et tu fulmines contre ma sœur parce qu’elle m’avait dit que tu t’étais « complètement planté » ?
Vincent. Si je m’étais complètement planté j’aurais eu zéro ! Là, d’accord. Mais quatre sur quarante… ça veut dire qu’il y avait quand même quelque chose.
Catherine, ironique. Oui… une copie double et de l’encre !
Vincent. De toute façon, ça ne change rien à l’affaire, ni à ce que je t’ai dit sur Patrick. D’ailleurs, j’ai lu dans la Revue Internationale de Psychologie…
Catherine, le coupant. Et dans mes yeux, qu’est-ce que t’as lu ?
Vincent, sans comprendre. Dans tes yeux ?
Catherine. Tu as regardé mes yeux, quand ils regardent Patrick ? Non, bien sûr… Alors tu ne peux pas comprendre.
Vincent, plus intime. Tes yeux… je les connais par cœur, tes yeux…
Catherine, regardant Vincent différemment. Tu m’en diras tant.
Vincent. Ce sont les mêmes que Martine.
Catherine, après un silence. Pas tout à fait.
Vincent. Non, c’est vrai. Les tiens sont plus foncés, très légèrement.
Catherine. Tu as des nouvelles ?
Vincent. Depuis le jugement, rien. On a du mal à se parler.
Catherine. Un divorce, ce n’est jamais simple.
Vincent. C’est une belle circoloncu… cyclonvolu… circonlocu…
Catherine. Circonvolution ?
Vincent. Voilà ! Affirmer qu’un divorce, c’est jamais simple, ça relève même de l’euphémisme ! Au fait, je ne te l’ai jamais dit, alors : merci.
Catherine. Merci pour quoi ?
Vincent. Merci pour tout. Merci d’avoir été là.
Catherine. Je m’en prie. Euh… Je t’en prie. Elle est ma sœur, tu étais mon beau-frère, on s’est toujours bien entendus, je n’avais aucune raison de couper les ponts.
Vincent. J’imagine qu’elle veut tourner la page. C’est elle qui a choisi de partir.
Catherine. Ça va se tasser.
Vincent, envoyant discrètement une pique. Si je peux compter sur mon entourage. (Soudain, son téléphone sonne. Il répond.)Oui, Élise ? Tu as fini tes livrets ? Tant mieux. Demain ? Euh… Attends… (Il réfléchit.) Demain matin, c’est Marie-Claude qui est de récréation. Euh… oui, tu pourras me faire goûter ton cake au citron. (À Catherine, discrètement.) ça fait une semaine qu’elle m’en parle. (Dans le téléphone.) Pardon ? Ce soir ? Ah non je ne peux pas. Demain soir ? Bof, tu sais, en ce moment, j’ai pas trop envie de sortir… Oui, une autre fois, je te dirai. À demain. (Répondant à une intervention d’Élise.) Avec le cake au citron ! (Il raccroche.)
Catherine, un brin moqueuse. Tu vois que tu peux compter sur ton entourage.
Vincent. Élise ? Je peux surtout compter sur elle pour me coller aux basques ! Le matin à la montée des classes, à midi à la cantine ou le soir à l’étude, elle trouve toujours un prétexte pour venir me causer.
Catherine. Et tu te plaignais que tes amis te délaissent !
Vincent. Élise, ce n’est pas une amie.
Catherine, intéressée. Ah ?
Vincent. De mon côté, les choses sont claires : c’est une collègue. (Catherine marque une déception.) Mais de son côté, je sens qu’elle voudrait plus. (L’intérêt de Catherine renaît.)
Catherine. Et tu n’es pas intéressé ?
Vincent, avec intention. Je préfèrerais que mes vieux amis, et surtout mes vieilles amies, soient là.
Catherine. Mais on est là, Vincent !
Vincent. Plus ou moins.
Catherine, sans comprendre. Plus ou moins ?
Vincent. La semaine dernière, on devait aller au ciné, tu as annulé ; la semaine d’avant, on avait prévu un resto, tu t’es décommandée ; il y a trois semaines, je nous avais réservé deux places au théâtre, tu m’as laissé tomber au dernier moment ; il y a un mois…
Catherine, le coupant. J’ai fait tout ça ?
Vincent. J’étais plutôt en train de te parler de tout ce que tu n’as pas fait.
Catherine, penaude. Je suis désolée.
Vincent. À chaque fois, la cause était la même : Patrick, Patrick, Patrick et encore Patrick !
Catherine, changeant son regard sur Vincent. Tu es jaloux !
Vincent. Moi ? Jaloux ?
Catherine. Mais oui ! Tu es en train de me faire une crise de jalousie !
Vincent. Jaloux ? Moi ? Sûrement pas ! J’aimerais simplement que tu n’abandonnes pas tes amis.
Catherine, lui mettant la main sur l’épaule. Je t’ai peut-être un peu délaissé ces derniers temps. Mais à partir d’aujourd’hui, c’est terminé ! Patrick est mon homme, soit, mais il ne me fera pas négliger mes amis !
Vincent, rassuré. Ça me met du baume au cœur, ce que tu me dis. Je suis ranéserré, rassénéré, ranéressé…
Catherine. Rasséréné ?
Vincent. Oui.
Catherine. Tu as très bien fait de passer nous voir.
Vincent, sans comprendre. J’ai bien fait ?
Catherine. Ah oui !
Vincent. Bien fait de passer vous voir ?
Catherine. Positivement ! Et si l’envie t’en prend une autre fois, n’hésite pas une seconde : passe nous voir.
Vincent, ayant compris. Tu as oublié !
Catherine. Oublié ?
Vincent, recommençant à fulminer. Tu as oublié notre anniversaire.
Catherine, prenant peur. Notre anniversaire… c’est aujourd’hui ?
Vincent, furieux. Comment as-tu pu oublier notre anniversaire d’amitié ?
Catherine, désolée. Vincent…
Vincent, ne décolérant pas. Le jour où, Martine, toi et moi, tous les trois, on s’est juré une amitié éternelle ! Déjà que Martine n’a pas tenu promesse…
Catherine. Vous avez été mariés vingt ans…
Vincent, soudain triste. On s’était promis qu’on resterait amis pour toujours. C’était il y a trente-huit ans, jour pour jour.
Catherine, triste aussi. Pardon, Vincent.
Vincent, donnant un paquet à Catherine. Tiens.
Catherine, émue. Tu as même pensé à un cadeau. De mon côté, je n’ai rien. Je ne sais pas si je peux l’accepter.
Vincent, gentiment grondeur. Tu ne penses pas que tu en as assez fait comme ça ?
Catherine, ouvrant le paquet, touchée. Oh… des berlingots… les mêmes que ceux de notre enfance…
Vincent, heureux de l’émotion de Catherine. Ceux qu’on prenait à la petite boulangerie, en revenant du collège.
Catherine, déposant un baiser sur la joue de Vincent. Merci. Je l’avais complètement oublié, c’est vrai, mais on va fêter notre anniversaire comme il se doit.
Scène 5. Patrick, Catherine, Vincent.
Patrick, entrant, à Catherine. On y va ?
Vincent, à part. Il a ses clefs ?
Catherine, répétant sans comprendre. On y va ?
Patrick. Le yacht appareille dans trente minettes, euh… trente minutes, c’est bien ça ?
Catherine, se souvenant soudain. La soirée en mer !
Patrick. Allons-y maintenant sinon on va rater le départ.
Catherine, sur des braises, à Vincent. Ça aussi, j’avais complètement oublié. Ma copine Mylène donne une soirée sur son yacht avant son départ pour Los Angeles. Je l’avais promis à Patrick. On est obligé de te laisser…
Vincent, défait. Vous… vous partez ?
Patrick, à Catherine. Bibiche, on y va ?
Catherine. Une seconde ! (À Vincent.) Je t’appelle.
Vincent, sidéré. On ne dîne pas ensemble ?
Catherine. Oh mon pauvre, tu dois avoir faim. Mông a préparé son riz au kaki. Régale-toi et claque la porte en partant. Bye. (Elle lui dépose un baiser furtif sur la joue.)
Patrick, bas, à Vincent. Salut ducon.
Vincent, bas, à Patrick. Salut blaireau.
Catherine et Patrick sortent, la porte se ferme. Vincent est seul.
Vincent, s’adressant à un portrait photo de Patrick posé quelque part. Fais pas le malin, toi. Tu as peut-être gagné cette bataille, mais tu n’as pas encore gagné la guerre. (Avec détermination.) Je reprendrai ma place. Coûte que coûte.
***
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