Comédie vaudeville pour 1F/2H
Et si la perfection était la pire des provocations ?
Accordez-nous moins d’une heure de lecture et découvrez comment plonger votre public dans une comédie pleine de rebondissements, de quiproquos et de rires en cascade (même si vous avez peu de moyens).
Le triangle amoureux version boulevard revisité…
On a 3 questions rapides à vous poser :
🆘 Est-ce que vous en avez assez des comédies où tout est prévisible dès la première scène ?
🆘 Est-ce que vous fuyez les histoires sans rythme ni éclats de rire ?
🆘 Est-ce que vous aimez les pièces où les masques tombent et où rien ne se passe comme prévu ?
Les Compagnies qui ont monté Un Mari parfait ont répondu oui à au moins deux questions, vous n’êtes plus seul-e !
Voici le résumé de la pièce : Nicolas est un mari parfait : zélé dans son travail et attentionné dans son couple. Pourtant Christelle le trompe. Comment le mari parfait réagira-t-il en apprenant l’infidélité de sa femme ?
En accédant au texte intégral d’Un Mari Parfait, vous obtiendrez un fichier pdf de 67 pages pour un poids ultra-réduit entre 427 ko. Le fichier est donc très facilement téléchargeable sur votre téléphone, votre ordinateur, votre tablette et imprimable à volonté. La mise en page du texte vous permettra d’insérer vos notes de régie ou de mise en scène avec aisance.
Avec « Un Mari parfait » vous découvrirez :
✅ une comédie vive et rythmée, qui déclenche des rires constants du début à la fin
✅ une intrigue conjugale aux accents de vaudeville moderne, où chaque personnage révèle ses failles avec humour
✅ une mise en scène simple à réaliser, nécessitant peu d’accessoires et un seul décor
✅ une écriture qui mêle comique de situation et comique de caractère, idéale pour séduire tous les publics
✅ une fin à rebondissements, imprévisible et jubilatoire, qui laisse le public hilare
Intéressé-e ?
Téléchargez gratuitement le texte complet d’Un Mari Parfait.
Attention, cependant : cette pièce est fortement déconseillée aux spectateurs qui n’aiment pas les comédies conjugales pleines de mauvaise foi, de charme et d’esprit boulevardier !
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Questions fréquentes sur Un Mari Parfait
Est-ce que cette pièce ressemble à une comédie de boulevard classique ?
Oui et non ! Un Mari Parfait reprend les codes du vaudeville (quiproquos, couple en crise, rythme effréné) mais les détourne avec un ton plus actuel et des dialogues acérés. Le spectateur reconnaît les ressorts traditionnels tout en savourant leur modernisation.
Combien de comédiens faut-il pour monter Un Mari Parfait ?
Trois : une femme et deux hommes (1F/2H). La distribution resserrée facilite le travail de répétition et la cohésion du trio. C’est une pièce parfaite pour les petites troupes ou les ateliers théâtre.
Faut-il beaucoup de décor ou d’accessoires ?
Non, c’est l’un des grands atouts du texte. L’action se déroule dans un lieu unique, avec peu d’éléments de décor. Tout repose sur le jeu des acteurs, les dialogues et la mécanique comique. Une économie de moyens… mais pas de rires !
Quel type de public apprécie le plus Un Mari Parfait ?
Les amateurs de comédies vives, modernes et malicieuses : ceux qui aiment les situations conjugales explosives, les faux-semblants, les rebondissements et les personnages ambigus. C’est une pièce qui séduit aussi bien les spectateurs fidèles du théâtre de boulevard que les jeunes compagnies en quête d’un texte percutant et facile à jouer.
La pièce a été plébiscitée à plusieurs reprises ces dernières années :
🎭 L’Étincelle, Belgique, 2021-2022
🎭 L’Effort Artistique, Bouches-du-Rhône, 2024-2025
Extrait d’Un Mari parfait
Personnages
CHRISTELLE.
NICOLAS, son mari.
JÉRÔME, son amant.
Lieu
Le Salon de Christelle et Nicolas.
Jérôme, seul, en peignoir, est assis sur le canapé. Il se mouche. Il est rejoint par Christelle.
Christelle. — Qu’est-ce qu’il y a ?
Jérôme. — Mon allergie aux acariens.
Christelle. — Tu n’es pas très crédible…
Jérôme. — Je t’assure. Ça me prend à chaque fois que je viens ici. (Il éternue.)
Christelle. — N’empêche. Tu n’as pas l’air bien. Allez, dis-moi ce qui ne va pas.
Jérôme. — C’est juste que… Je ne vois vraiment pas comment j’ai pu te séduire.
Christelle. — Tu ne vas pas recommencer ?
Jérôme. — C’est vrai ! Ma vie professionnelle, ce n’est pas un triomphe ; mes amis, j’en ai presque pas ; quant à mon chez moi, je sais que tu n’en raffoles pas. Alors je me demande ce que je t’apporte.
Christelle. — Tu es normal.
Jérôme. — Normal ? C’est parce que je suis normal, que je te plais ?
Christelle. — Oui, tu me plais parce que tu es normal. Tout le contraire de mon mari.
Jérôme. — Nicolas ?
Christelle. — Lui, c’est un homme parfait ! Il est parfait.
Jérôme. — Christelle, la perfection n’existe pas…
Christelle. — Si, elle existe ! Et elle s’appelle Nicolas, la perfection. D’ailleurs je commence à en avoir marre…
Jérôme. — Pourquoi ?
Christelle. — Parce que la perfection, on s’en lasse…
Jérôme. — Christelle, réfléchis, il est impossible de rencontrer quelqu’un d’absolument parfait !
Christelle. — Tu fais erreur, je t’assure. Nicolas est parfait, et c’est justement ça qui m’emmerde !
Jérôme. — Qu’est-ce que tu racontes ?
Christelle. — Cette perfection, dans tous les domaines, c’est d’un chiant ! C’est bien simple : dès qu’il fait quelque chose, c’est magistral.
Jérôme. — Et tu te plains ?
Christelle. — Oui, je me plains. Parce que j’en ai assez, moi, du champagne qu’il ramène quatre fois par mois, vu que toutes les semaines, monsieur décroche un gros contrat ! J’en ai jusque-là de sa fidélité, parce que depuis qu’on est mariés, pas un écart à lui reprocher, pas même un essai, pas même le début d’un projet ! Quant à ses idées déco, j’en ai ras le pompon ! Dès que quelqu’un entre ici, c’est toujours la même musique : « Mais c’est a-do-rable ! » Je n’en peux plus !
Jérôme. — Et si quelqu’un t’apportait la preuve que ton mari, lui aussi, a des défauts ? Que lui aussi, peut-être, a dévié du droit chemin ?
Christelle. — Ça serait vraiment inattendu. Ça pourrait presque me réconcilier avec lui !
Jérôme. — Ah ? …
Christelle. — Parce que ça prouverait que mon mari est un être humain !
Jérôme. — Bon, alors… je suppose qu’il faut que je me réjouisse que ce jour ne soit pas encore arrivé ?
Christelle. — Ne t’inquiète pas, ce jour n’est pas près d’arriver ! Et toi, rassure-toi, tu es loin d’être parfait !
Jérôme, vexé. — Merci.
Christelle. — Ce n’est pas ce que je voulais dire… Tu es intelligent, sensible, beau. Et en plus tu as quelques défauts.
Jérôme. — N’en rajoute pas, s’il te plaît.
Christelle. — Dans ma bouche, avoir des défauts, c’est une qualité.
Jérôme. — J’aimerais que tu m’expliques comment des défauts peuvent devenir une qualité.
Christelle. — Tout simplement parce qu’ils te rendent humain. Moi aussi j’ai des défauts.
Jérôme. — C’est bien de le reconnaître.
Christelle. — Tous les gens normaux ont des défauts. C’est la perfection qui est anormale ! Et c’est pour ça que tu m’es précieux. (Elle l’embrasse.) Tu comprends ?
Jérôme. — Je crois.
Christelle. — On va dîner, ça va te faire du bien. Je viens de mettre à réchauffer le lapin à la moutarde de Nicolas. Tu vas voir, c’est un poème !
Jérôme, se levant. — Ah non !
Christelle. — Tu n’aimes pas le lapin ?
Jérôme. — Maintenant, c’est moi qui vais commencer à en avoir marre, de ton mari et de sa prétendue perfection !
Christelle. — Ah ! Tu vois que c’est casse-pieds !
Jérôme, montrant son peignoir. — J’ai déjà son peignoir…
Christelle. — Excuse-moi… on s’est déshabillés vite, et quand tu t’es levé, le peignoir était près du lit, alors j’ai pensé…
Jérôme. — Tu as pensé que je serais bien dans ce merveilleux peignoir merveilleusement fait, et merveilleusement choisi par le merveilleux Nicolas !
Christelle. — Ne m’en parle pas. Il est toujours d’un chic, c’est agaçant !
Jérôme. — J’ai ma dose.
Christelle. — Moi aussi, mon chéri, moi aussi…
Jérôme. — Tu ne comprends pas…
Christelle, soudain inquiète. — Quoi ? Tu en as assez ? Assez de nous deux ?
Jérôme, la prenant dans ses bras. — Mais non !
Christelle. — J’ai eu peur…
Jérôme. — J’en ai assez d’ici ! Tout me rappelle Nicolas !
Christelle. — On peut aller à l’hôtel, si tu veux…
Jérôme. — Sûrement pas, ce serait sordide !
Christelle. — On ne va quand même pas aller chez toi ?
Jérôme. — Et pourquoi pas ?
Christelle. — Ton petit studio… il est pittoresque… mais enfin…
Jérôme. — Mais enfin quoi ?
Christelle. — On sent que la déco, c’est pas ton truc…
Jérôme. — Je sais, c’est mon défaut !
Christelle. — Je n’osais pas te le dire…
Jérôme. — Du coup, tu es rassurée ?
Christelle. — Rassurée ? De quoi ?
Jérôme. — Que j’aie aussi ce défaut-là ?
Christelle. — Ah !… euh… oui ! Oui, bien sûr !… Mais tu vois ici, on a malgré tout une clim réversible, un jacuzzi, une superbe vue sur les toits… Et puis c’est très central.
Jérôme. — Ça dépend pour qui ! De toute façon, ici, à l’hôtel ou chez moi, c’est la même chose…
Christelle. — Pas tout à fait, quand même…
Jérôme. — On se voit toujours à la sauvette, entre deux rendez-vous.
Christelle. — Cette fois-ci, on a tout le weekend ! Nicolas ne revient que lundi. Et moi, il me croit chez ma tante, à la campagne. À part le concierge, personne ne sait que je suis là.
Jérôme. — Ça aussi, j’ai ma dose !
Christelle. — Le concierge, ma tante ou la campagne ?
Jérôme. — J’en ai assez de tous ces mensonges ! Je veux vivre notre histoire à la face du monde. Je veux que tout le monde soit au courant !
Christelle. — Même le cabinet ?
Jérôme. — Même le cabinet.
Christelle. — Même Anouchka ?
Jérôme. — Même Anouchka.
Christelle. — Vous êtes quand même fiancés.
Jérôme. — Je considère que nos fiançailles sont rompues ! Ça fait des mois que je n’ai plus de nouvelles. Je suppose qu’elle doit bien s’amuser de son côté…
Christelle. — Je ne sais pas si c’est une bonne idée…
Jérôme. — D’ailleurs tout le monde s’est aperçu qu’il y a quelque chose entre nous.
Christelle. — Tu crois ?
Jérôme. — Christelle, ouvre les yeux ! Tu n’as pas remarqué ces regards en coin quand tu viens m’apporter mon courrier ?
Christelle. — C’est grave, ce que tu me dis là…
Jérôme. — Non, ce n’est pas grave… Ou plutôt si, c’est grave, c’est même très sérieux. Ça s’appelle l’amour. Et l’amour, ça se voit !
Christelle. — Mais enfin… quelqu’un pourrait parler !
Jérôme. — Oui, nous.
Christelle. — Nous ?
Jérôme. — Parlons-en à Nicolas.
Christelle. — Ça va le mettre dans tous ses états…
Jérôme. — Mais ça en vaut le coup, non ?
Christelle. — Oui.
Jérôme. — Tu lui en parles ?
Christelle. — Oui.
Jérôme. — Quand ?
Christelle. — Lundi, il sera crevé. La semaine prochaine, il prépare les négociations avec les Chinois. La semaine suivante, il est à Pékin. Après, il va en séminaire pour une nouvelle gamme de produits séniors. Euh… disons dans un mois ? Un mois et demi, pour être sûrs ?
Jérôme. — Dès son retour.
Christelle, après un moment de surprise. — Carrément… D’accord.
Jérôme. — Promis ?
Christelle. — Promis. (Son téléphone reçoit un appel. Elle le regarde et, soudain inquiète ) C’est Nicolas ! Pourquoi il m’appelle ? Qu’est-ce que je fais ?
Jérôme. — Réponds !
Christelle. — Tu crois ?
Jérôme. — Sinon, il va trouver ça louche.
Christelle, répondant. — Allô, chéri ? Oui, je suis bien arrivée, oui. (Un temps.) Tantine, ça va, mais avec son arthrose, elle a les doigts tout recourbés. Tu la verrais, un vrai rapace… (Un temps.) Oh tu sais, l’air de la campagne, ça m’assomme. Alors je vais boire un tilleul et aller au lit. Et toi ? Déjà à Reykjavik ? (Un temps.) Quoi ? (Un temps.) Et pourquoi ? (Un temps.) Ah merde ! Mais tu es où, là ? (Un temps.) C’est pas vrai ! Allô ? Allô ? (À Jérôme ) Ça a coupé !
Jérôme. — Qu’est-ce qui se passe ?
Christelle. — Il n’est pas parti !
Jérôme. — Qui ?
Christelle. — Nicolas !
Jérôme. — Ah bon ! Pourquoi ?
Christelle. — Grève des aiguilleurs du ciel !
Jérôme. — Zut !… Mais… il t’appelait d’où ?
Christelle. — Du bus.
Jérôme. — Du bus ? Mais alors…
Christelle. — Alors il va débarquer d’un instant à l’autre !
Jérôme, peu convaincu. — D’un instant à l’autre…
Christelle. — Il est dans le bus. Si ça se trouve, il sera en bas de chez nous dans cinq minutes ! Alors prends tes affaires et va-t-en, vite ! (Ramassant les vêtements de Jérôme ) Où est ton slip ?
Jérôme. — Excuse-moi, mais je ne comprends pas…
Christelle. — Ah tu ne comprends pas ? Nicolas arrive ! Son avion a été annulé et…
Jérôme. — Ça, j’avais compris, merci. Par contre, je ne comprends pas ce que tu fais.
Christelle. — Je ramasse tes vêtements pour que tu puisses t’habiller et partir ! Quand Nicolas rentrera, ça serait bien qu’il ne trouve pas mon amant chez lui !
Jérôme. — Et toi ?
Christelle. — Quoi, et moi ?
Jérôme. — Tu ne penses pas qu’il sera surpris de te voir ? Tu es censée être chez ta tante à la campagne.
Christelle. — Ah merde, c’est vrai !
Jérôme. — Écoute, Christelle. Tout ça tombe à pic.
Christelle. — À pic ? Ce n’est pas tout à fait l’expression que j’aurais choisie.
Jérôme. — Réfléchis. On avait décidé de tout dire à Nicolas dès son retour.
Christelle. — Et alors ?
Jérôme. — Et alors cette grève arrive à point : Nicolas est de retour.
Christelle. — J’ai peur de comprendre…
Jérôme. — Parlons-lui maintenant.
Christelle. — J’avais bien compris…
Jérôme. — C’est l’occasion : on est là tous les trois.
Christelle. — Tu parles sérieusement ?
Jérôme. — Évidemment ! Cette grève, c’est un signe du destin.
Christelle. — Tu penses vraiment que je vais laisser mon mari entrer ici, te voir chez lui, dans son peignoir, et lui annoncer la bouche en cœur : « chéri, je te présente mon amant » ?
Jérôme. — Que je sois dans son peignoir ou dans le mien, je ne vois pas ce que ça change.
Christelle. — Ce n’est pas la question du peignoir, c’est la question du moment !
Jérôme. — Avec toi, ce n’est jamais le moment !
Christelle. — Si on dit tout à Nicolas maintenant, on va se mettre dans une posture… une posture très défavorable !
Jérôme. — Christelle, tu trompes ton mari. Que tu lui dises maintenant ou dans huit jours, avec des fleurs ou des chocolats, ça ne changera rien à la chose !
Christelle. — Si, ça changera quelque chose ! Si il te trouve là, on va le placer devant le fait accompli… ce sera très gênant…
Jérôme. — Tu crois ?
Christelle. — Il ne verra pas un couple. Il verra deux pauvres créatures qui se cachent, honteusement…
Jérôme. — Tu as peut-être raison…
Christelle. — Jérôme, je t’en prie, il faut partir…
Jérôme. — Si tu crois que… Mais que ce ne soit pas un prétexte pour remettre l’explication.
Christelle. — Lundi !
Jérôme. — Ce soir !
Christelle. — Je te rappelle que je suis supposée être à la campagne jusqu’à dimanche soir.
Jérôme. — Ah oui, c’est vrai…
Christelle. — Écoute, je sais que tout ça, ce n’est pas très marrant. Mais voyons le bon côté des choses : on a toujours notre weekend à nous, rien qu’à nous. Simplement, on va changer de lieu. On va aller dans ton studio.
Jérôme. — Je croyais que la déco n’était pas top ?
Christelle. — Je n’avais pas l’intention de me focaliser sur la déco…
Jérôme. — Je pensais que mon quartier était mal desservi ?
Christelle. — Avec un taxi, on y sera dans dix minutes.
Jérôme. — Alors, tu tiens toujours à moi, dis ?
Christelle. — Bien sûr. Tu vas t’habiller ; moi, je vais remettre un peu d’ordre, refaire le lit ; et ensuite, toi et moi on descendra…
L’interphone sonne. Jérôme et Christelle restent immobiles.
Christelle. — Déjà ?
Jérôme. — Ce n’est peut-être pas lui.
L’interphone sonne une deuxième fois.
Jérôme. — Vas-y !
Christelle. — Pourquoi il sonne ? Il n’a pas ses clefs ? (Elle déroche le combiné de l’interphone.) Oui ? (Un temps. Puis, rassurée )Ah ! Bonjour M. Ramirez. (À Jérôme ) C’est le concierge. (Soudain inquiète, dans le combiné ) Quoi ? Il monte ? (Un temps.) Il était surpris ? Non, ce n’est pas grave, merci, M. Ramirez ! (Elle raccroche, paniquée.) Nicolas arrive ! Vite ! (Elle aide Jérôme à enfiler un pantalon par-dessous le peignoir.) Il a croisé le concierge qui lui a dit que j’étais là ! Il était surpris, il paraît… tu m’étonnes qu’il était surpris… En principe, je suis à la campagne… Mais vite Jérôme, magne-toi !
Jérôme. — Je fais ce que je peux !
Christelle, aidant Jérôme à enfiler un haut. — Où est la tête, dans ce truc…
Jérôme, se débattant avec le haut tandis que Christelle le fait tourner. — S’il te plaît, ne m’aide pas, ça sera mieux, parce que là…
Christelle, chargeant les bras de Jérôme. — Ton sac, tes chaussures… Non, non, tu les mettras en bas ! Allez, tire-toi, nom de dieu !
Jérôme. — Tu ne viens pas avec moi ?
Christelle. — Je ne peux pas, Nicolas sait que je suis là !
Jérôme. — Eh ben, ça aura été un weekend éclair…
Christelle. — Ah, pas de reproches, hein ? Parce que s’il y en a une qui est dans la merde, ici, c’est moi !
Jérôme. — Ben voyons ! Et moi ? Je marche sur des pétales de rose, peut-être ?
Christelle, le poussant. — La poésie, ce n’est pas le moment ! Casse-toi !
Jérôme. — Tu as vu mon téléphone ?
Christelle, exaspérée. — Il aurait fallu t’en occuper avant !
Jérôme, disparaissant. — Pas la peine d’être désagréable ! Fais chier !
Christelle, le rattrapant. — Attends ! Tu te barres avec le peignoir !
Jérôme, enlevant le peignoir. — C’est ta faute ! Tu me stresses, je ne sais plus où j’en suis…
Christelle, le repoussant. — Et maintenant, dégage !
Jérôme. — En une minute, tu m’as sorti plus de méchancetés qu’en…
Christelle, le faisant disparaître. — Dis-moi plutôt ça par texto ! (Seule ) Ah les bonshommes ! Enfin… on a évité le pire… Maintenant, il faut que je trouve une excuse…
On toque à la porte.
Christelle, d’une voix qu’elle veut normale. — Oui ?
Jérôme, off. — C’est Jérôme, ouvre-moi, vite !
Christelle, faisant entrer Jérôme. — Qu’est-ce qu’il y a ?
Jérôme. — L’ascenseur arrive, j’ai préféré faire demi-tour !
Christelle. — Chut ! (Ils se taisent et écoutent.) C’est le pas de Nicolas, je le reconnais !
Jérôme. — Qu’est-ce qu’on fait ?
Christelle. — Va te cacher !
Jérôme. — Où ça ?
Christelle. — Tu n’as jamais vu de vaudeville ? L’amant se cache toujours dans le placard !
On toque.
Nicolas, off. — Christelle ?
Christelle, bas, à Jérôme. — Va dans la penderie de la chambre. Tout au fond, derrière les manteaux, il y a un cagibi où on range les loques et les vieilles chaussures !
Nicolas, off. — Christelle, tu es là ?
Christelle, bas, à Jérôme. — Vite !
Jérôme s’éclipse tandis qu’entre Nicolas.
Nicolas. — Qu’est-ce que tu fais là ? Je te croyais à la campagne.
Christelle. — Moi aussi…
Nicolas. — Quoi, toi aussi ?
Christelle. — Moi aussi, je pensais partir, mais finalement…
Nicolas, ne comprenant pas. — Quand je t’ai eue, il y a cinq minutes, tu m’as parlé de ta tante, de l’air de la campagne…
Christelle, feignant la surprise. — Moi ?
Nicolas. — Tu m’as même dit que tu allais prendre un tilleul et te mettre au lit !
Christelle, même jeu. — Moi, moi je t’ai dit ? …
Nicolas. — Je t’assure.
Christelle, s’efforçant de rire. — Alors ça, c’est la meilleure…
Nicolas. — Qu’est-ce qu’il y a de drôle ?
Christelle, inventant. — Au moment où tu m’as appelée, je dormais. Je crois que je rêvais que j’étais avec tantine. Alors, quand j’ai décroché, je devais être encore dans mes songes… Mais on a été coupés.
Nicolas. — Mon téléphone est à plat. Il faut que je le recharge. (Il s’exécute.)
Christelle. — Tu es contrarié ?
Nicolas. — Si je suis contrarié ? Plutôt, oui ! Il faut absolument que je passe un coup de fil.
Christelle. — Prends le fixe.
Nicolas. — Je ne connais pas le numéro par cœur.
Christelle. — Le numéro ?
Nicolas. — Le numéro du staff ! Le staff islandais ! Je ne les ai pas encore prévenus.
Christelle. — Quelle histoire !
Nicolas. — C’est très très contrariant…
Christelle. — C’est même complètement chiatique ! Ces aiguilleurs du ciel, quels connards ! (Nicolas est surpris par cet écart de langage. Penaude ) Non, mais c’est vrai… c’était une mission importante pour toi… enfin, d’après ce que tu m’as dit, en tout cas…
Nicolas. — Et toi, pourquoi tu n’es pas partie ?
Christelle. — Moi ? Pourquoi je ne suis pas partie ?
Nicolas. — Oui.
Christelle. — Tu me demandes pourquoi je ne suis pas partie ?
Nicolas. — C’est ça.
Christelle, affectant de rire. — Il me demande pourquoi je ne suis pas partie !
Nicolas. — Tu as bien compris.
Christelle, ayant du mal à trouver quelque chose. — Mais mon pauvre chéri, je ne suis pas partie parce que… parce que… D’ailleurs, j’aurais dû m’en douter… J’aurais dû m’en douter… Dès que je suis arrivée à la gare… j’ai eu un pressentiment… Pauvre tantine, ça me fait vraiment de la peine.
Nicolas. — Il est arrivé quelque chose ?
Christelle. — Eh oui ! Il est arrivé quelque chose…
Nicolas. — Quoi ?
Christelle, pataugeant. — Eh ben… Ce qu’on craint toujours qu’il arrive !… On se doute bien que ça va finir par arriver… alors on espère, on espère que ça n’aura pas lieu… et puis quand ça arrive, on se dit… mais pourquoi c’est arrivé ?!…
Nicolas. — Non, ne me dis pas que…
Christelle. — Si. Elle est morte.
Nicolas. — Aujourd’hui ?
Christelle. — Evidemment !
Nicolas. — Comment ?
Christelle. — Je ne connais pas les détails ! En tout cas, c’est arrivé d’un coup.
Nicolas, ému. — C’est atroce…
Christelle. — Tu sais, elle avait fait son temps…
Nicolas. — Tout de même, elle avait encore de beaux jours devant elle.
Christelle. — Il faut dire ce qui est, ces dernières années, elle avait moins d’allant.
Nicolas, ému. — Oh, Christelle, je suis désolée…
Christelle. — Je vais m’en remettre…
Nicolas, ému. — Pauvre tantine…
Christelle. — Quoi pauvre tantine ?
Nicolas. — J’ai peu connu ta tante, mais je l’aimais bien.
Christelle. — Pourquoi tu parles d’elle à l’imparfait ?
Nicolas. — Tu viens de me dire qu’elle est morte.
Christelle. — Ce n’est pas elle qui est morte, c’est la loco !
Nicolas. — La loco ?
Christelle. — La loco de mon train !
Nicolas. — Ah ! Et moi qui ai cru…
Christelle. — Qu’est-ce que tu veux que je te dise, c’est les trains d’aujourd’hui, ça ! Parce que d’accord, il y a les avions cloués au sol, il y a les aiguilleurs en grève, mais il y aussi les trains qui restent à quai !
Nicolas. — Ton train n’est pas parti ?
Christelle. — Je te l’ai dit, dès que je suis arrivée, dès que j’ai vu cette loco, visiblement fatiguée, la mine pâle, l’œil morne et le nez sale, j’ai pensé : « Oh, elle ne va pas faire long feu » ! Et la suite m’a donné raison. On a entendu une sorte de long sifflement et paf ! Plus rien. Plus de moteur, plus de lumière, plus de clim, rien ! Pauvre tantine, ça me fait de la peine pour elle. Elle qui se faisait une joie de me voir. D’ailleurs, moi aussi ! Mais bon, il n’y a qu’un train par jour. Je prendrai celui de demain. À moins…
Nicolas. — À moins ?
Christelle. — À moins que tu ne sois là demain ?
Nicolas. — Je ne sais pas. Le préavis de grève est reconductible. (Regardant son téléphone, contrarié ) Il en met, un temps ! Toujours pas rallumé ! La batterie était totalement vide.
Christelle. — Écoute, on peut prendre ça pour… pour un coup du destin !
Nicolas. — C’est à dire ?
Christelle. — Un coup de chance !
Nicolas, en colère. — Un coup de chance ? Ma mission à Reykjavik annulée à cause d’une grève ?
Christelle. — Évidemment, sur le plan professionnel, ce n’est pas très satisfaisant.
Nicolas. — Le mot est faible !
Christelle. — Mais sur le plan personnel, on peut prendre ça pour une chance…
Nicolas. — Désolé, mais je ne suis pas d’humeur à être positif…
Christelle. — Ces derniers temps, toi et moi, on ne fait que se croiser. Rendez-vous, réunions… On ne se voit plus ! Cette grève, et ce problème de train qui arrivent au même moment, eh bien, ça nous donne une importunité unique.
Nicolas. — Quel genre d’opportunité ?
Christelle. — L’opportunité de… de… parler tous les deux… de faire un peu le point…
Nicolas. — Le point ? Tu veux qu’on fasse le point ?
Christelle. — Oui, Nicolas. Bon écoute, ce que j’ai à te dire est simple. Simple et… et… difficile à la fois. Tu es un mari parfait.
Nicolas. — Je ne comprends rien à ce que tu racontes.
Christelle. — Tu vas voir où je veux en venir. Dans notre couple, ne nous masquons pas les choses, c’est toi la forte personnalité.
Nicolas. — Je ne suis pas d’accord.
Christelle. — Mais si, Nicolas, mais si. Pour employer une expression, avec toi, c’est rarement la fête du slip !
Nicolas, ramassant un slip. — Qu’est-ce que c’est que ça ?
Christelle, à part. — Et merde !
Nicolas. — Christelle, je te parle : Qu’est-ce que c’est que ça ?
Christelle. — Euh… je… je ne sais pas…
Nicolas, lui collant le slip sous le nez. — Tu ne sais pas ce que c’est ?
Christelle. — Excuse-moi, je n’ai pas mes lunettes pour voir de près, alors comme ça, j’avoue que je ne vois pas très bien ce que ça peut être…
Nicolas, rongeant son frein. — C’est un slip !
Christelle, feignant la surprise. — Non ?
***
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