Qui veut devenir maire ?

Comédie télévisuelle pour 5F/3H

Quand la politique devient un jeu télévisé

Accordez-nous moins de deux heures de lecture et plongez votre public dans une comédie satirique sur la politique locale et ses excès (même si vous avez des débutant-e-s dans le groupe).


Un Koh-Lanta version élections municipales…


Avant de vous en dire plus, on a 3 questions rapides à vous poser :

🆘 Vous n’aimez pas les comédies à la construction classique ?
🆘 Vous fuyez les pièces qui sont coupées du monde d’aujourd’hui ?
🆘 Vous ne voulez pas d’un simple divertissement ?

Si vous avez répondu oui à au moins deux questions, alors lisez vite ce qui suit !

Résumé :

Dans la petite ville de Villiers-sur-Loing, l’émission télévisée « Qui veut devenir maire ? » oppose sept candidats hauts en couleur, chacun prêt à tout pour s’emparer du prestigieux fauteuil de maire. Manipulations et révélations rythment cette compétition endiablée où l’ambition personnelle se heurte aux enjeux collectifs. Mais que se passe-t-il quand la maire sortante, Noémie, décide d’intégrer secrètement la compétition sous une fausse identité ? Entre satire politique et comédie humaine, cette pièce offre un regard hilarant sur les rouages de la politique locale.


En commandant Qui veut devenir maire ?, vous obtiendrez un authentique livre, publié aux éditions Art et Comédie.


Avec « Qui veut devenir maire ? », vous découvrirez :

✅ Une comédie qui critique avec ironie les excès de la quête du pouvoir, que le public connaît, hélas, trop bien.
✅ Des personnages variés et mémorables, permettant aux actrices et aux acteurs de délivrer des interprétations savoureuses.
✅ Un décor de jeu télévisé simple à mettre en place.
✅ Une intrigue captivante : des rebondissements et des quiproquos qui maintiennent le public en haleine.
✅ Un texte qui propose au public de réfléchir avec humour sur les limites de l’ambition et les travers des institutions.

Intéressé(e) ?

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 et laissez votre public savourer une pièce où la politique et le spectacle se mêlent avec brio.

Attention : déconseillé aux compagnies qui préfèrent éviter les satires politiques mordantes !


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Questions fréquentes sur Qui veut devenir maire ?

Est-ce une pièce politique ou une comédie de mœurs ?

Les deux à la fois. Qui veut devenir maire ? est une comédie satirique qui détourne les codes de la politique pour en révéler la part d’absurde. C’est une fable sur l’ambition et la mise en scène du pouvoir, plus proche d’une émission de téléréalité que d’un débat d’idées.

Faut-il connaître la politique pour apprécier la pièce ?

Pas du tout. La pièce fonctionne sur plusieurs niveaux : les initiés y verront une critique fine du discours politique, tandis que les spectateurs novices y trouveront une succession de situations comiques et de rebondissements.

Est-elle difficile à monter pour une troupe amateur ?

Non. Le décor unique (un plateau de jeu télévisé) et les nombreux personnages permettent une répartition souple et une mise en scène accessible, même avec des comédien·ne·s débutant·e·s.

Quel type de jeu convient le mieux à cette pièce ?

Un jeu rythmé et expressif, à la frontière du réalisme et de la caricature. Chaque candidat·e au poste de maire peut être joué·e comme un archétype social : la communicante, le technocrate, le populiste, la militante… le tout avec une énergie de plateau TV.

Quel message la pièce laisse-t-elle au public ?

Que la politique, lorsqu’elle devient un spectacle, oublie sa finalité. En riant des candidats, on rit de nos propres contradictions : la fascination pour le pouvoir, la quête de visibilité, le besoin d’exister à tout prix.


Ces dernières années, la pièce a été jouée à plusieurs reprises

🎭 Le Groupe Artistique de Moret, Seine et Marne, 2014

🎭 Le Théâtre d’Henri’re, Moselle, 2017

🎭 Les Gobichonneurs, Morbihan, 2017

🎭 Les Champs de la Terre, Seine-et-Marne, 2019

🎭 Le Théâtre Récréatif Amateur de Montournais, Vendée, 2023


Extrait de Qui veut devenir maire ?

Obscurité, musique angoissante. Soudain, la lampe signalant le direct et le buste de Marianne s’éclairent. Une voix s’élève alors d’entre les ténèbres. Le buste s’éclairera par la suite à chaque fois que Marianne prendra la parole.

Marianne. Ici Marianne. Bienvenue chez moi. Bienvenue dans ma maison. Les candidats vont bientôt arriver. Ils sont 6 mais un seul remportera la victoire. Ce qu’ils veulent tous ? S’asseoir dans le fauteuil du maire. (Le fauteuil du maire s’éclaire.) Pendant un mois, vous allez pouvoir les observer s’affronter au cours d’épreuves de plus en plus difficiles. Qui saura gouverner votre ville ?  C’est vous qui choisirez. Le gagnant remportera 55 000 euros. C’est tout. Pour le moment.

L’espace entier s’éclaire, la musique change, on entend le générique de l’émission tandis qu’apparaît Jean-Loup, sous les applaudissements, costume cravate à la mode.

Jean-Loup, grand sourire. Bonsoir ! Bonsoir à tous ! C’est parti pour la première saison de Qui veut devenir maire ? ! (Applaudissements.) C’est en direct et c’est sur Télé-Gâtinais. Télé-Gâtinais, votre télévision de proximité. Vous le savez, Télé-Gâtinais ne rate pas une occasion de se mettre à votre service, et plus précisément au service des Villarons, les habitants de la petite bourgade de Villiers-sur-Loing. Dans deux mois et demi, à Villiers-sur-Loing comme dans les 36 000 communes de France, auront lieu les élections municipales. Dans deux mois et demi vous vous rendrez au bureau de vote. Mais qui choisirez-vous ? Qui veut devenir maire ? a décidé d’aider Villiers-sur-Loing et de faire un exemple pour toute la France ! Les Villarons et vous tous, chers téléspectateurs, vous allez pouvoir observer, pendant plus d’un mois, ceux qui convoitent le fauteuil du maire de Villiers ! Plus de secrets, plus de dissimulations, jamais vous n’aurez aussi bien connu les candidats à la mairie de Villiers-sur-Loing. Voilà comment j’ai voulu ce jeu. 

 Marianne. Voulu ? Tu n’es pas en mesure de vouloir quoi que ce soit, mon p’tit Jean-Loup. 

Jean-Loup, décontenancé par l’intervention de Marianne mais désireux de faire bonne figure, riant. Ha ! Ha ! Ha ! Sacrée Marianne ! Toujours le mot pour rire ! Mesdames, messieurs, vous connaissez Marianne, âme de la République et de la France, qui nous fait l’honneur de nous accueillir chez elle ! (Applaudissements.)

Marianne. Chez moi, oui. Ne l’oublie pas, mon p’tit Jean-Loup.

Jean-Loup, ayant du mal à dissimuler son énervement derrière son sourire de façade. Elle m’agace à me parler comme ça. (Rire forcé.)

Marianne. C’est tout, pour le moment. 

Jean-Loup, à Marianne, idem. C’est ça, fiche-nous un peu la paix ! (Aux téléspectateurs) Le principe de l’émission ? C’est très simple. 6 candidats vont arriver ce soir dans la Maison de Marianne. Mais à l’issue du jeu, il n’y aura qu’un gagnant. Tous les samedis soirs, les candidats s’affronteront au cours d’une épreuve qui mettra en lumière leurs qualités de maire. À l’issue de chaque épreuve, vous noterez chacun des candidats. Le gagnant de l’épreuve sera celui qui aura obtenu le plus de votes. Les deux perdants, ceux qui en auront obtenu le moins. Concernant ces derniers, vous aurez le droit d’en sauver un sur deux. Celui qui n’aura pas été sauvé par le public quittera définitivement l’aventure. Le gagnant, lui, aura le droit de s’asseoir, pour une semaine, sur le confortable et moelleux fauteuil du maire. (Il le montre.) Ce fauteuil lui donnera une immunité pour l’épreuve suivante. (Désignant le buste de Marianne.) Tout cela, vous pouvez le constater, se fait bien entendu sous l’œil de Marianne, qui veille toujours sur sa Maison et sur nos candidats. 

Marianne. Et sur toi aussi, mon p’tit Jean-Loup.

Jean-Loup, riant jaune. Arrête de m’appeler comme ça, ça m’énerve ! (Aux téléspectateurs) Vous le voyez, nos candidats vont devoir tout donner, ne rien lâcher, aller au bout de leurs possibilités. Dans 5 semaines, ils ne seront plus que 2 à se battre pour la victoire lors de l’épreuve finale. Le grand gagnant remportera la somme de 55 000 €. Faire imprimer des tracts à des milliers d’exemplaires ? Louer un stade avec une fanfare, des majorettes, des confettis et du pâté de lapin ? Distribuer des billets de 500 aux électeurs ? Avec 55 000 €, tout devient possible ! Notre grand gagnant aura donc un atout considérable pour se présenter à la Mairie de Villiers. Car, au final, ce sont bien les électeurs qui trancheront ! (Il met la main sur son oreillette, puis aux téléspectateurs) Bernard, notre réalisateur, me dit que nos candidats vont arriver dans quelques instants. Vous les découvrirez juste après la pub ! (Applaudissements et extinction de la lampe.)

Générique. 

Jean-Loup, quittant immédiatement son sourire, dans son oreillette. Bernard, mais c’est qui cette conne qui fait la voix de Marianne ? Tu sais pas ? Elle est dans la régie finale, à Melun ? (À la cantonade) Hé ! toi, la voix de mes deux, tu te prends pour qui ? J’ai participé à la conception de ce jeu !

Marianne. C’est ce qu’on t’a fait croire. Mais t’es rien qu’une marionnette, mon p’tit Jean-Loup. 

Jean-Loup, sortant. Je vais aller à Melun lui casser la gueule. 

Jean-Loup sort.

Marianne. Comme les autres. Une simple marionnette.

Entrent Noémie, Clotaire et Stéphanette.

Noemie, à Clotaire. Mais enfin, tout le monde vous le dira ! Pour faire Fontainebleau-Rodez, on ne passe pas par Gien !

Clotaire. Mais chère amie…

Noémie. D’ailleurs vous n’allez pas me faire croire que vous conduisez encore ?

Clotaire. Mais chère amie…

Noémie. Et avec quoi ?

Clotaire. Mais chère amie…

Noémie. Votre tas de boue ? Que vous démarrez à la manivelle ?

Stephanette. Tu es bien nerveuse aujourd’hui. 

Noémie. Ça m’énerve de vous voir tous les deux participer à cette pantalonnade !

Stephanette. Nous en avons déjà discuté. Tu ne veux pas participer. Nous ne pouvons pas laisser passer les 55 000 € comme cela.  

Clotaire, à Noémie. 55 000 €, n’ayons pas peur des mots, c’est épatant. Vous imaginez, chère amie, la campagne que cela nous permettrait de faire ?

Stephanette, à Noémie. Car, naturellement, si Clotaire ou moi nous gagnons, la somme ira directement financer la liste que nous avons prévu de monter tous les 3. D’ailleurs, j’ai une petite entreprise à te recommander pour la campagne : Mediacom. Tu sais, récemment on lui a…

Noémie. Nous sommes les meilleurs. Nous n’avons aucunement besoin de cet argent. 

Clotaire. Et puis l’émission sera sans doute très regardée. 

Stephanette. 81% des Villarons annonçaient vouloir suivre le direct de ce soir. 

Noémie. 81% des Villarons pensent que Julien Lepers comprend les questions qu’il pose. 

CLotaire. Et puis Qui veut devenir maire ?, c’est une véritable compétition sportive. Et en tant qu’adjoint aux Sports et à la Vie associative, je me devais de…

Noémie. Vous êtes adjoint aux Sports parce que personne voulait le faire. Vous le savez très bien. 

CLotaire. Mais enfin, je vous rappelle que je suis un ancien athlète. 

Noémie. Un athlète ? Et de quoi ? De la pantoufle ?

Stephanette, à Noémie. Mais calme-toi !

Noémie. Vous me faites rire, tous les deux ! Dites plutôt que vous avez les jetons. 

Stephanette. De quoi tu parles ?

Noémie. Si on repasse pas, vous serez plus adjoints. Et alors, bye bye votre indemnité de 800 € par mois !

Stephanette. Tu t’imagines peut-être que ma motivation…

Noémie. Vous allez me dire que ça ne compte pas ?

Stephanette. C’est vrai que mon salon ne marche pas très fort en ce moment. Alors 800 € par mois, je ne les refuse pas. 

Noémie. La clientèle peine à venir ? 

Stephanette. Oui. Mais j’espère bien que ça va changer…

Noémie. Si tu as besoin d’argent, tu sais très bien que…

Stephanette. Depuis l’accident de papa et maman, tu m’as déjà beaucoup aidée. 

Noémie. Il faudra que je me décide à passer te voir un jour.

Stephanette. Tu n’aimes pas le maquillage, ni les soins.

Noémie. Le Général en parlait comme de la triche. 

Stephanette. Le Général n’était pas Dieu le Père. Et on est parfois plus sincère en trichant un peu. 

Noémie, à Clotaire. Et vous, mon ami ? Avouez que si vous aviez 800 € par mois en moins sur votre compte, vous la trouveriez saumâtre. 

Clotaire. Vous voyez juste… j’avoue que j’aimerais bien entrer au Club des Faisans. Et l’adhésion est de 1200 € à l’année. 

Noémie. Vous aimeriez vous mettre une toque léopard sur la tête une fois par semaine pour pouvoir lire les journaux du soir en compagnie des notables villarons ?

Clotaire. À vrai dire, c’est surtout leur cave à whisky que je vise…

Stephanette, à Noémie. Dis donc, je pourrais te faire une réflexion du même genre ! 

Noémie. Et laquelle ?

StephanetteTu comptes bien te représenter ?

Noémie. Je suis la seule à pouvoir diriger Villiers. 

Clotaire. Nous en sommes convaincus. Vous l’avez prouvé à maintes reprises. Tenez, l’année dernière…

StephanetteLors de la crue du Loing. Tu as géré la catastrophe d’une manière exemplaire.

Clotaire. Au point de faire la une de La Gazette des Bouchers-Charcutiers briards !

StephanetteN’empêche… c’est rien, peut-être, ton indemnité de 2000 € mensuels ?

Noémie. Tu sais très bien que Le Général m’a largement laissé de quoi. Ah ! Le Général… (Rêvant.)

Clotaire, à part, à Stéphanette. Elle ne se décidera jamais à l’appeler « papa » ou même « mon père ». 

Noémie. Lui qui fut pendant trente ans le maire de Villiers. Malgré les probables protestations de ma pauvre mère, Le Général se serait sans doute plu à donner un grand coup de pied dans cette fourmilière. 

StephanetteAlors fais-le. 

Noémie. Pardon ?

StephanetteDonne un grand coup de pied dans la fourmilière. Inscris-toi à Qui veut devenir maire ? Après tout, tu es la maire sortante de Villiers-sur-Loing !

Noémie. Justement. Le Maire est le premier magistrat de la République. Le faire participer à un jeu télévisé, ce serait le transformer en gugusse. 

StephanetteVis avec ton temps ! 

Noémie. Qui sont les autres candidats ?

StephanetteOn n’en sait rien. Le secret a été jalousement gardé. 

Clotaire, à Noémie. Vous êtes en train de rater une occasion. 

Noémie, mordante. Vous me feriez presque douter. Car on peut dire qu’en ratage d’occasions, vous êtes le grand spécialiste. 

 Clotaire. Je sais très bien à quoi vous faites allusion. 

Noémie. Tenez, vous comprenez les allusions, maintenant ?

Clotaire. Oui, je l’avoue, je n’ai jamais osé demander votre main au Général, comme nous l’avions décidé tous les deux… Mais c’était parce que… parce que…

Stephanette. Je vais peut-être vous laisser entre vous. 

Noémie. Tu plaisantes ! Monsieur va faire une grande révélation !

Clotaire. Je n’ai jamais osé demander votre main au Général parce que j’avais peur qu’il me la refuse !

Noémie. Vous êtes un daim !

Clotaire et Stephanette. Un daim ? 

Noémie. Un daim ! Ainsi que Le Général appelait les gens comme vous. Des battements de cils, une jolie petite gueule, mais un pétard mouillé et y a plus personne !

Clotaire. Chère amie, ce n’est peut-être pas le lieu, mais enfin il est encore temps, si nous le voulons, et dans le respect de la mémoire du Général, de…

Noémie. C’est trop tard ! Comprenez-vous ? Ah ! Bordel à queues !

Stephanette. Surveille-toi !

Noémie, penaude. Le juron fétiche du Général. Quand je suis très nerveuse… Il sort tout seul…

Clotaire. Nous le savons, tout Villiers le sait et vous pardonne bien volontiers cet excès passager de langage, ma chère, mais ici, on pourrait vous entendre…

Stephanette, aux deux. Un jour, vous penserez peut-être à vous tutoyer ? (À Noémie) Quant à toi, si tu ne veux pas participer à Qui veut devenir maire ?, tu n’as plus rien à faire ici. 

Noémie. Pas du tout. Je reste. 

Stephanette. Pourquoi faire ?

Noémie. Je suis venu voir mes concurrents. Les vrais. Les autres. 

Clotaire. Vous pouviez le faire depuis votre télévision. 

Noémie. Après tout ce que j’ai fait pour cette ville, je tenais à regarder les yeux dans les yeux ceux qui osent se présenter contre moi. Que l’on sache qu’il y a encore un maire à Villiers. 

Clotaire. Qui pourrait l’ignorer ?

Noémie. Une ville a besoin d’un capitaine qui tient fermement le gouvernail du navire. D’ailleurs, ce matin, j’ai pris un arrêté. 

Stephanette. Première nouvelle. 

Noémie. Il fallait une décision. 

Clotaire. Nous sommes pendus à vos lèvres.

Noémie. Désormais, le premier Villaron qui sera surpris à donner à manger à un chat sur la voie publique écopera d’une amende de 575 €. 

Clotaire. C’est une plaisanterie ?

Noémie. J’ai reçu une pétition de la RATP. 

Stephanette. La RATP ?

Noémie. La Réunion des Amis des Trottoirs Propres. 47 électeurs potentiels. D’ailleurs, j’en ai parlé à Boudinos. 

Stephanette. Le nouveau gardien de la paix ?

Noémie. Un ancien de la Légion. Il m’a juré d’être intraitable. 

Clotaire. Mais… mais… C’est demain que commence Le Festival du Minou ! 350 chats arrivent ce soir à Villiers ! C’est une tragédie… Vous auriez pu m’en parler, tout de même… Pauvres petits minous…

Noémie. Ça aurait servi à quoi ? C’était ce qu’il fallait faire.

Clotaire. Il est prévu une parade sur la Rue Grande. Je ne peux tout de même pas empêcher les maîtres de donner des croquettes à leurs chats, cela fait partie du dressage…

Noémie. Ils sont Villarons, les maîtres ? 

Clotaire. Ils viennent de toute la France. 

Noémie. Eh bien ils remballeront leurs croquettes !

Clotaire. Un événement que j’organise depuis un an ! Mon projet fétiche ! L’occasion unique de faire parler de Villiers ! Je vais passer pour quoi, moi ? 

Noémie. J’ai bien un mot qui me vient à l’esprit…

Clotaire. Chère amie… vous êtes impossible…

Noémie. C’est au maire de trancher. Et le maire, ici, c’est moi. (Sonnerie de portable. Noémie décroche.) Allô ? Boudinos, oui ! Garde-à-vous ! (Elle continue sa conversation en silence.)

Stephanette, confidentielle, à Clotaire. Je me suis décidée à faire faire un sondage secret. 

Clotaire, confidentiel, à Stéphanette. Sur la façon dont les Villarons perçoivent Noémie ?

Stephanette, même jeu que précédemment. Oui

Clotaire, idem. Et alors ? Ils reconnaissent ses compétences ?

Stephanette, idem. Pas vraiment. Les chiffres sont formels. 78% des Villarons trouvent que Noémie est très-très chiante. 

Noémie, terminant sa conversation. C’est ça ! On va leur botter le train, à ce tas de minets ! Rompez ! (Raccrochant, aux deux autres) Vous savez quoi ? Cette campagne municipale, je commence à pas trop mal la sentir ! Obscurité, musique angoissante. Soudain, la lampe signalant le direct et le buste de Marianne s’éclairent. Une voix s’élève alors d’entre les ténèbres. Le buste s’éclairera par la suite à chaque fois que Marianne prendra la parole.

Marianne. Ici Marianne. Bienvenue chez moi. Bienvenue dans ma maison. Les candidats vont bientôt arriver. Ils sont 6 mais un seul remportera la victoire. Ce qu’ils veulent tous ? S’asseoir dans le fauteuil du maire. (Le fauteuil du maire s’éclaire.) Pendant un mois, vous allez pouvoir les observer s’affronter au cours d’épreuves de plus en plus difficiles. Qui saura gouverner votre ville ?  C’est vous qui choisirez. Le gagnant remportera 55 000 euros. C’est tout. Pour le moment.

L’espace entier s’éclaire, la musique change, on entend le générique de l’émission tandis qu’apparaît Jean-Loup, sous les applaudissements, costume cravate à la mode.

Jean-Loup, grand sourire. Bonsoir ! Bonsoir à tous ! C’est parti pour la première saison de Qui veut devenir maire ? ! (Applaudissements.) C’est en direct et c’est sur Télé-Gâtinais. Télé-Gâtinais, votre télévision de proximité. Vous le savez, Télé-Gâtinais ne rate pas une occasion de se mettre à votre service, et plus précisément au service des Villarons, les habitants de la petite bourgade de Villiers-sur-Loing. Dans deux mois et demi, à Villiers-sur-Loing comme dans les 36 000 communes de France, auront lieu les élections municipales. Dans deux mois et demi vous vous rendrez au bureau de vote. Mais qui choisirez-vous ? Qui veut devenir maire ? a décidé d’aider Villiers-sur-Loing et de faire un exemple pour toute la France ! Les Villarons et vous tous, chers téléspectateurs, vous allez pouvoir observer, pendant plus d’un mois, ceux qui convoitent le fauteuil du maire de Villiers ! Plus de secrets, plus de dissimulations, jamais vous n’aurez aussi bien connu les candidats à la mairie de Villiers-sur-Loing. Voilà comment j’ai voulu ce jeu. 

 Marianne. Voulu ? Tu n’es pas en mesure de vouloir quoi que ce soit, mon p’tit Jean-Loup. 

Jean-Loup, décontenancé par l’intervention de Marianne mais désireux de faire bonne figure, riant. Ha ! Ha ! Ha ! Sacrée Marianne ! Toujours le mot pour rire ! Mesdames, messieurs, vous connaissez Marianne, âme de la République et de la France, qui nous fait l’honneur de nous accueillir chez elle ! (Applaudissements.)

Marianne. Chez moi, oui. Ne l’oublie pas, mon p’tit Jean-Loup.

Jean-Loup, ayant du mal à dissimuler son énervement derrière son sourire de façade. Elle m’agace à me parler comme ça. (Rire forcé.)

Marianne. C’est tout, pour le moment. 

Jean-Loup, à Marianne, idem. C’est ça, fiche-nous un peu la paix ! (Aux téléspectateurs) Le principe de l’émission ? C’est très simple. 6 candidats vont arriver ce soir dans la Maison de Marianne. Mais à l’issue du jeu, il n’y aura qu’un gagnant. Tous les samedis soirs, les candidats s’affronteront au cours d’une épreuve qui mettra en lumière leurs qualités de maire. À l’issue de chaque épreuve, vous noterez chacun des candidats. Le gagnant de l’épreuve sera celui qui aura obtenu le plus de votes. Les deux perdants, ceux qui en auront obtenu le moins. Concernant ces derniers, vous aurez le droit d’en sauver un sur deux. Celui qui n’aura pas été sauvé par le public quittera définitivement l’aventure. Le gagnant, lui, aura le droit de s’asseoir, pour une semaine, sur le confortable et moelleux fauteuil du maire. (Il le montre.) Ce fauteuil lui donnera une immunité pour l’épreuve suivante. (Désignant le buste de Marianne.) Tout cela, vous pouvez le constater, se fait bien entendu sous l’œil de Marianne, qui veille toujours sur sa Maison et sur nos candidats. 

Marianne. Et sur toi aussi, mon p’tit Jean-Loup.

Jean-Loup, riant jaune. Arrête de m’appeler comme ça, ça m’énerve ! (Aux téléspectateurs) Vous le voyez, nos candidats vont devoir tout donner, ne rien lâcher, aller au bout de leurs possibilités. Dans 5 semaines, ils ne seront plus que 2 à se battre pour la victoire lors de l’épreuve finale. Le grand gagnant remportera la somme de 55 000 €. Faire imprimer des tracts à des milliers d’exemplaires ? Louer un stade avec une fanfare, des majorettes, des confettis et du pâté de lapin ? Distribuer des billets de 500 aux électeurs ? Avec 55 000 €, tout devient possible ! Notre grand gagnant aura donc un atout considérable pour se présenter à la Mairie de Villiers. Car, au final, ce sont bien les électeurs qui trancheront ! (Il met la main sur son oreillette, puis aux téléspectateurs) Bernard, notre réalisateur, me dit que nos candidats vont arriver dans quelques instants. Vous les découvrirez juste après la pub ! (Applaudissements et extinction de la lampe.)

Générique. 

Jean-Loup, quittant immédiatement son sourire, dans son oreillette. Bernard, mais c’est qui cette conne qui fait la voix de Marianne ? Tu sais pas ? Elle est dans la régie finale, à Melun ? (À la cantonade) Hé ! toi, la voix de mes deux, tu te prends pour qui ? J’ai participé à la conception de ce jeu !

Marianne. C’est ce qu’on t’a fait croire. Mais t’es rien qu’une marionnette, mon p’tit Jean-Loup. 

Jean-Loup, sortant. Je vais aller à Melun lui casser la gueule. 

Jean-Loup sort.

Marianne. Comme les autres. Une simple marionnette.

Entrent Noémie, Clotaire et Stéphanette.

Noemie, à Clotaire. Mais enfin, tout le monde vous le dira ! Pour faire Fontainebleau-Rodez, on ne passe pas par Gien !

Clotaire. Mais chère amie…

Noémie. D’ailleurs vous n’allez pas me faire croire que vous conduisez encore ?

Clotaire. Mais chère amie…

Noémie. Et avec quoi ?

Clotaire. Mais chère amie…

Noémie. Votre tas de boue ? Que vous démarrez à la manivelle ?

Stephanette. Tu es bien nerveuse aujourd’hui. 

Noémie. Ça m’énerve de vous voir tous les deux participer à cette pantalonnade !

Stephanette. Nous en avons déjà discuté. Tu ne veux pas participer. Nous ne pouvons pas laisser passer les 55 000 € comme cela.  

Clotaire, à Noémie. 55 000 €, n’ayons pas peur des mots, c’est épatant. Vous imaginez, chère amie, la campagne que cela nous permettrait de faire ?

Stephanette, à Noémie. Car, naturellement, si Clotaire ou moi nous gagnons, la somme ira directement financer la liste que nous avons prévu de monter tous les 3. D’ailleurs, j’ai une petite entreprise à te recommander pour la campagne : Mediacom. Tu sais, récemment on lui a…

Noémie. Nous sommes les meilleurs. Nous n’avons aucunement besoin de cet argent. 

Clotaire. Et puis l’émission sera sans doute très regardée. 

Stephanette. 81% des Villarons annonçaient vouloir suivre le direct de ce soir. 

Noémie. 81% des Villarons pensent que Julien Lepers comprend les questions qu’il pose. 

CLotaire. Et puis Qui veut devenir maire ?, c’est une véritable compétition sportive. Et en tant qu’adjoint aux Sports et à la Vie associative, je me devais de…

Noémie. Vous êtes adjoint aux Sports parce que personne voulait le faire. Vous le savez très bien. 

CLotaire. Mais enfin, je vous rappelle que je suis un ancien athlète. 

Noémie. Un athlète ? Et de quoi ? De la pantoufle ?

Stephanette, à Noémie. Mais calme-toi !

Noémie. Vous me faites rire, tous les deux ! Dites plutôt que vous avez les jetons. 

Stephanette. De quoi tu parles ?

Noémie. Si on repasse pas, vous serez plus adjoints. Et alors, bye bye votre indemnité de 800 € par mois !

Stephanette. Tu t’imagines peut-être que ma motivation…

Noémie. Vous allez me dire que ça ne compte pas ?

Stephanette. C’est vrai que mon salon ne marche pas très fort en ce moment. Alors 800 € par mois, je ne les refuse pas. 

Noémie. La clientèle peine à venir ? 

Stephanette. Oui. Mais j’espère bien que ça va changer…

Noémie. Si tu as besoin d’argent, tu sais très bien que…

Stephanette. Depuis l’accident de papa et maman, tu m’as déjà beaucoup aidée. 

Noémie. Il faudra que je me décide à passer te voir un jour.

Stephanette. Tu n’aimes pas le maquillage, ni les soins.

Noémie. Le Général en parlait comme de la triche. 

Stephanette. Le Général n’était pas Dieu le Père. Et on est parfois plus sincère en trichant un peu. 

Noémie, à Clotaire. Et vous, mon ami ? Avouez que si vous aviez 800 € par mois en moins sur votre compte, vous la trouveriez saumâtre. 

Clotaire. Vous voyez juste… j’avoue que j’aimerais bien entrer au Club des Faisans. Et l’adhésion est de 1200 € à l’année. 

Noémie. Vous aimeriez vous mettre une toque léopard sur la tête une fois par semaine pour pouvoir lire les journaux du soir en compagnie des notables villarons ?

Clotaire. À vrai dire, c’est surtout leur cave à whisky que je vise…

Stephanette, à Noémie. Dis donc, je pourrais te faire une réflexion du même genre ! 

Noémie. Et laquelle ?

StephanetteTu comptes bien te représenter ?

Noémie. Je suis la seule à pouvoir diriger Villiers. 

Clotaire. Nous en sommes convaincus. Vous l’avez prouvé à maintes reprises. Tenez, l’année dernière…

StephanetteLors de la crue du Loing. Tu as géré la catastrophe d’une manière exemplaire.

Clotaire. Au point de faire la une de La Gazette des Bouchers-Charcutiers briards !

StephanetteN’empêche… c’est rien, peut-être, ton indemnité de 2000 € mensuels ?

Noémie. Tu sais très bien que Le Général m’a largement laissé de quoi. Ah ! Le Général… (Rêvant.)

Clotaire, à part, à Stéphanette. Elle ne se décidera jamais à l’appeler « papa » ou même « mon père ». 

Noémie. Lui qui fut pendant trente ans le maire de Villiers. Malgré les probables protestations de ma pauvre mère, Le Général se serait sans doute plu à donner un grand coup de pied dans cette fourmilière. 

StephanetteAlors fais-le. 

Noémie. Pardon ?

StephanetteDonne un grand coup de pied dans la fourmilière. Inscris-toi à Qui veut devenir maire ? Après tout, tu es la maire sortante de Villiers-sur-Loing !

Noémie. Justement. Le Maire est le premier magistrat de la République. Le faire participer à un jeu télévisé, ce serait le transformer en gugusse. 

StephanetteVis avec ton temps ! 

Noémie. Qui sont les autres candidats ?

StephanetteOn n’en sait rien. Le secret a été jalousement gardé. 

Clotaire, à Noémie. Vous êtes en train de rater une occasion. 

Noémie, mordante. Vous me feriez presque douter. Car on peut dire qu’en ratage d’occasions, vous êtes le grand spécialiste. 

 Clotaire. Je sais très bien à quoi vous faites allusion. 

Noémie. Tenez, vous comprenez les allusions, maintenant ?

Clotaire. Oui, je l’avoue, je n’ai jamais osé demander votre main au Général, comme nous l’avions décidé tous les deux… Mais c’était parce que… parce que…

Stephanette. Je vais peut-être vous laisser entre vous. 

Noémie. Tu plaisantes ! Monsieur va faire une grande révélation !

Clotaire. Je n’ai jamais osé demander votre main au Général parce que j’avais peur qu’il me la refuse !

Noémie. Vous êtes un daim !

Clotaire et Stephanette. Un daim ? 

Noémie. Un daim ! Ainsi que Le Général appelait les gens comme vous. Des battements de cils, une jolie petite gueule, mais un pétard mouillé et y a plus personne !

Clotaire. Chère amie, ce n’est peut-être pas le lieu, mais enfin il est encore temps, si nous le voulons, et dans le respect de la mémoire du Général, de…

Noémie. C’est trop tard ! Comprenez-vous ? Ah ! Bordel à queues !

Stephanette. Surveille-toi !

Noémie, penaude. Le juron fétiche du Général. Quand je suis très nerveuse… Il sort tout seul…

Clotaire. Nous le savons, tout Villiers le sait et vous pardonne bien volontiers cet excès passager de langage, ma chère, mais ici, on pourrait vous entendre…

Stephanette, aux deux. Un jour, vous penserez peut-être à vous tutoyer ? (À Noémie) Quant à toi, si tu ne veux pas participer à Qui veut devenir maire ?, tu n’as plus rien à faire ici. 

Noémie. Pas du tout. Je reste. 

Stephanette. Pourquoi faire ?

Noémie. Je suis venu voir mes concurrents. Les vrais. Les autres. 

Clotaire. Vous pouviez le faire depuis votre télévision. 

Noémie. Après tout ce que j’ai fait pour cette ville, je tenais à regarder les yeux dans les yeux ceux qui osent se présenter contre moi. Que l’on sache qu’il y a encore un maire à Villiers. 

Clotaire. Qui pourrait l’ignorer ?

Noémie. Une ville a besoin d’un capitaine qui tient fermement le gouvernail du navire. D’ailleurs, ce matin, j’ai pris un arrêté. 

Stephanette. Première nouvelle. 

Noémie. Il fallait une décision. 

Clotaire. Nous sommes pendus à vos lèvres.

Noémie. Désormais, le premier Villaron qui sera surpris à donner à manger à un chat sur la voie publique écopera d’une amende de 575 €. 

Clotaire. C’est une plaisanterie ?

Noémie. J’ai reçu une pétition de la RATP. 

Stephanette. La RATP ?

Noémie. La Réunion des Amis des Trottoirs Propres. 47 électeurs potentiels. D’ailleurs, j’en ai parlé à Boudinos. 

Stephanette. Le nouveau gardien de la paix ?

Noémie. Un ancien de la Légion. Il m’a juré d’être intraitable. 

Clotaire. Mais… mais… C’est demain que commence Le Festival du Minou ! 350 chats arrivent ce soir à Villiers ! C’est une tragédie… Vous auriez pu m’en parler, tout de même… Pauvres petits minous…

Noémie. Ça aurait servi à quoi ? C’était ce qu’il fallait faire.

Clotaire. Il est prévu une parade sur la Rue Grande. Je ne peux tout de même pas empêcher les maîtres de donner des croquettes à leurs chats, cela fait partie du dressage…

Noémie. Ils sont Villarons, les maîtres ? 

Clotaire. Ils viennent de toute la France. 

Noémie. Eh bien ils remballeront leurs croquettes !

Clotaire. Un événement que j’organise depuis un an ! Mon projet fétiche ! L’occasion unique de faire parler de Villiers ! Je vais passer pour quoi, moi ? 

Noémie. J’ai bien un mot qui me vient à l’esprit…

Clotaire. Chère amie… vous êtes impossible…

Noémie. C’est au maire de trancher. Et le maire, ici, c’est moi. (Sonnerie de portable. Noémie décroche.) Allô ? Boudinos, oui ! Garde-à-vous ! (Elle continue sa conversation en silence.)

Stephanette, confidentielle, à Clotaire. Je me suis décidée à faire faire un sondage secret. 

Clotaire, confidentiel, à Stéphanette. Sur la façon dont les Villarons perçoivent Noémie ?

Stephanette, même jeu que précédemment. Oui

Clotaire, idem. Et alors ? Ils reconnaissent ses compétences ?

Stephanette, idem. Pas vraiment. Les chiffres sont formels. 78% des Villarons trouvent que Noémie est très-très chiante. 

Noémie, terminant sa conversation. C’est ça ! On va leur botter le train, à ce tas de minets ! Rompez ! (Raccrochant, aux deux autres) Vous savez quoi ? Cette campagne municipale, je commence à pas trop mal la sentir ! 

***

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