Meurtre au château

Comédie policière et satirique modulable

Vous aimez la vie de château et les meurtres atroces ?

En moins d’une heure de lecture, découvrez comment plonger votre public dans une enquête chic et choc (même si vous avez peu de moyens).

Plongez votre public dans une enquête !



Avant de vous en dire plus, on a 3 questions rapides à vous poser : 

🆘 Est-ce que vous avez marre de tomber sur des textes qui ne correspondent jamais à votre répartition femmes-hommes ?

🆘 Est-ce que vous en avez assez de ces textes qui essaient de faire rire tout le monde pour finir par ne plus faire rire personne ?

🆘 Est-ce que vous ne supportez plus ces comédies qui ont renoncé à éveiller l’esprit critique du public ?

Les compagnies qui ont monté Meurtre au Château ont répondu oui à au moins 2 questions. Vous n’êtes pas seul-e !

Résumé : Alors qu’une réception mondaine bat son plein au château de la Motte-Fleurie, un meurtre est commis. La victime est Kerstin, jeune concertiste suédoise. 

En accédant au texte intégral de Meurtre au château, vous obtiendrez un fichier pdf de 26 pages pour un poids ultra-réduit de 274 Ko. Le fichier est donc très facilement téléchargeable sur votre téléphone, votre ordinateur, votre tablette et imprimable à volonté.

Avec Meurtre au château vous découvrirez :

✅ une véritable enquête policière qui tiendra votre public en haleine jusqu’à la dernière minute

✅ une structure originale, à l’opposé des pièces classiques : 18 monologues suivis d’un dialogue, 

✅ une pièce dont le public, sans s’en douter, est aussi un personnage, ce qu’il ne sera pas prêt d’oublier…

✅ De nombreux monologues créant de la connivence avec le public

✅ 14 personnages pouvant être interprétés par 2 à 14 interprètes : la pièce s’adapte donc à votre distribution

✅ des monologues conçus comme de véritables morceaux de bravoure destinés à mettre en valeur l’art de l’acteur ou de l’actrice 

✅ des thématiques telles que corruption politique, la marchandisation des services publics et d’autres dérives, qui permettent au spectatrices et spectateurs d’exercer leur esprit critique

Intéressé·e ?

Téléchargez le texte intégral de Meurtre au château.

Attention : cette pièce est déconseillée aux Compagnies qui n’aiment pas l’humour noir.


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Questions fréquentes sur Meurtre au château

Quel est le genre de cette pièce ?

Meurtre au Château est une comédie policière à la fois satirique et mystérieuse. Elle mêle intrigue d’enquête, humour mordant et critique sociale, le tout dans une atmosphère aristocratique pleine d’élégance et de secrets.

Combien de comédiens faut-il pour la jouer ?

La pièce propose jusqu’à 14 personnages, mais elle peut être montée à partir de seulement 2 interprètes grâce à la structure en monologues. C’est une véritable pièce “caméléon” : parfaite pour les troupes aux effectifs variables

Pourquoi cette pièce plaît-elle autant au public ?

Parce qu’elle renouvelle le genre policier sur scène : le public devient peu à peu acteur de l’enquête, sans même s’en rendre compte. L’humour noir, les révélations successives et les portraits caustiques des personnages maintiennent une tension comique et dramatique du début à la fin.

Est-elle adaptée aux compagnies amateures ?

Oui, totalement. Meurtre au Château ne demande qu’un seul décor (une réception mondaine), et chaque monologue est un petit “solo” permettant à chaque comédien de briller sans dépendre des autres. C’est une pièce idéale pour travailler la diction, la présence scénique et la gestion du rythme.

Quelles thématiques aborde la pièce ?

Sous ses airs de polar de salon, Meurtre au Château traite de la corruption, du pouvoir, de l’argent et des dérives sociales. Elle invite le spectateur à rire tout en réfléchissant — un équilibre rare dans la comédie policière contemporaine.


Meurtre au Château a déjà été plébiscité par :

🎭 Les Débutants, Thomery, 22 septembre 2019.

🎭 Y Sol en Scène, Belgentier et Néoules, février 2020

🎭 Creathea, Bruxelles, Belgique, mai 2024.

La compagnie des Débutants est la première à s’être attelée au texte. Elle l’a joué entre septembre 2018 et mars 2020, à la fois sur scène et lors de séances privées en théâtre à domicile.

Le projet avait pris la forme d’un défi : seuls deux interprètes jouaient les 14 personnages. Le travail avait dès lors abordé la construction des personnages par le costume, la posture, la gestuelle, l’élocution. C’était un véritable tourbillon de performances scéniques.Voici une brève vidéo rendant compte d’une des représentations de la compagnie.

Un autre exemple de mise en scène appartient à la compagnie Y Sol en Scène. La production de la pièce par regroupait 5 interprètes, 3 femmes et 2 hommes. La troupe avait joué à plein le côté « Cluedo » de la pièce. Un ingénieux système de costumes permettait des changements rapides et donnait aux personnages des allures de cartes à jouer. 

Quel que soit le nombre d’interprètes, l’esprit murder party demeure vivant : le public prend un vrai plaisir à suivre l’enquête et se prête volontiers au jeu des déductions.


Extrait de Meurtre au château

Personnages

Augustin Moleskine, secrétaire de mairie. 

Adeline Bredinfemme de Patrick Bredin.

Bernard Émaux, P.D.G. de La Française de Liquide.

Céline Dublot, députée écologiste.

Patrick Bredin, maire de Villiers-sur-Loing.

Michel Frotte, jardinier des Bredin.

Hortense Pascaud, lieutenant de police.

Pépito Moussu, vagabond.

Toinette Zambeau, bonne des Bredin.

Henri Poisson-Laville, collectionneur d’art. 

Eva Jakobsson, musicienne. 

Lars Blix, musicien. 

Anne Lebeljournaliste.

Madame Maudmaquerelle.

Lieu

Une antichambre 

dans le château de  la Motte-Fleurie.

L’antichambre est vide quelques secondes puis Augustin paraît. 

Augustin Moleskinetrébuchant, manquant de tomber, un verre à la main. — Oh ! Eh ben doucement quoi ! Vous pouvez pas faire attention non ? Un costume tout neuf… acheté hier à Intermarket… Elle s’en fout. Une bonne comme ça, je te la virerais, moi. J’aime pas qu’on me bouscule. (Son regard change.) Vous êtes qui ? (Buvant une gorgée.) Écœurant, ce champagne ! « T’agite pas, Augustin, vas-y mollo. » C’est vrai… j’ai mon petit rythme, et mon petit rythme, j’y tiens. J’aime quand les choses sont faites au juste moment. Pourquoi remettre au lendemain ce qu’on peut remettre au surlendemain ? Non… mon gros problème… c’est un peu ça dont je voulais vous parler… c’est le maire. Quand il est arrivé, il se la jouait déjà jeune cadre dynamique, mais depuis six mois, il est comme un lion en cage. C’est vrai que… ce qu’il a découvert dans les comptes de la mairie… un trou… mais un trou… un trou de première classe. C’est bien simple, j’avais jamais vu un trou comme ça. Il en dort plus. Son obsession ? Colmater, combler, boucher. Mais comment ? Mystère. C’est pour ça qu’il est toujours sur mon dos ! Un véritable adjudant chef. Alors j’ai décidé d’adopter une technique radicale : je suis parti en vacances. Mais au bureau. Mon maître-mot : le farniente. « T’agite pas, Augustin, vas-y mollo. » Au final, lui, je crois qu’il a fini par comprendre. La preuve : il me hait mais il m’a invité quand même. En voilà un autre, de gouffre : ce château ! Mais ça, c’est sa femme… (Il aperçoit Adeline qui a pointé le bout de son nez par une porte.) Oups ! Je vous laisse. (Il sort.)

Adeline Bredinentrant tandis qu’Augustin sort, le suivant du regard. — C’est vous qui avez ouvert la porte ? Il vous a parlé, celui-là ? Vous lui avez dit qui vous étiez ? Qu’est-ce qu’il vous a raconté ? Ne le croyez pas. On était un peu obligés de l’inviter, mais personnellement je m’en serais bien passée : il hait mon mari. Il ne fait que lui mettre des bâtons dans les roues. Ne me demandez pas pourquoi, on n’en sait rien. Les gens sont méchants. Ah ! Le Château de la Motte-Fleurie… Quand je suis passée devant, j’ai eu THE coup de cœur. Style classique, 35 pièces, 600 m2, un parc de 500 hectares, un million deux. Au début, Patrick voulait pas. Et puis j’ai usé de ma technique favorite, celle du « s’il te plaît, s’il te plaît, s’il te plaît ! » Très efficace. Jusqu’à obtention de l’objet désiré, vous répétez en boucle « s’il te plaît, s’il te plaît, s’il te plaît ! »(Ad libitum.) Et ça a marché, comme toujours. Il a raclé ses fonds de tiroir, et je l’ai eu, mon château. Le petit souci c’est que… 600 m2, faut les meubler. Alors j’ai eu une idée de dingue : créer une fondation d’art contemporain ! Faire du château un centre pour les créateurs d’aujourd’hui. (Avec l’accent anglais)The Motte-Fleurie Fondation. Parce que moi, l’art contemporain, j’adore ! En tout cas, j’espère que cette soirée de lancement va bien se passer… j’ai concocté une de ces surprises… Il faut justement que j’aille vérifier que tout est en place. Je vous laisse, je repasse. À tout à l’heure. (Elle sort vivement par une porte tandis que Bernard entre par une autre.)

Bernard Émauxentrant. — Tiens, Adeline m’avait dit que cette pièce était fermée… Vous n’avez pas vu Adeline ? Elle vient de sortir ? Ah… C’est son grand jour, elle a beaucoup à faire. Voilà quelqu’un d’innovant ! Vous avez de la chance d’être assis. Là-bas, plus une chaise disponible ! Mais pardon, je manque à tous mes devoirs, je ne me suis pas présenté : Bernard Émaux, Président-Directeur-Général de La Française de Liquide(Il distribue quelques cartes de visite.) Pardon ? Vous ne connaissez pas La Française de Liquide ? Voilà qui m’étonne. Enfin ! La Française de Liquide… une des entreprises les plus en vues en ce moment… les plus innovantes, et je n’y suis pas pour rien… croyez-moi… Comment vous dire ? À La Française de Liquide, nous nous intéressons essentiellement, principalement, presque exclusivement… au liquide. On n’imagine pas le nombre de situations où l’on a besoin de liquide. Nous travaillons avec toute la France. Mais ce n’est qu’un début et demain, dans le monde entier, quand on cherchera du liquide, c’est nous qu’on viendra trouver. Adeline, je l’ai rencontrée dans un vernissage. Elle m’a très vite parlé de son grand projet : accueillir en son château une fondation d’Art contemporain. Voilà un projet innovant ! J’ai décidé de l’aider, car pour être patron, je n’en suis pas moins homme. Et amateur d’art. Et nous voilà aujourd’hui, jour de l’inauguration, avec toute la magnificence nécessaire. Quel coup de com’ ! Quel progrès pour l’art contemporain ! Et quel projet innovant ! (Une porte s’ouvre. Bernard Émaux regarde dans sa direction.) Oh non ! Pas elle ! Excusez-moi. (Il sort très vivement tandis que Céline Dublot entre le plus vite qu’elle peut.)

Céline Dublotpoursuivant Bernard Émaux. — Monsieur Émaux ! S’il vous plaît ! S’il vous plaît ! Le lâche !… C’est ça ! Fuyez ! Vous ne pourrez pas bien longtemps échapper à vos responsabilités ! J’ai fait le lien. Voilà, pourquoi il pétoche, parce qu’il pétoche, le costume cravate ! J’ai très bien compris que la disparition de la régie municipale de l’eau n’était qu’un début ! L’évaluation et l’entretien des fosses sceptiques ? La Française de liquide. Le ramassage des ordures ? La Française de liquide. Les transports scolaires ? La Française de liquide. De la maternelle au robinet, de la chasse d’eau à la poubelle, La Française de liquide. La méthode ? Des appels d’offre bidons. La contrepartie ? Le financement massif de The Motte-Fleurie fondation, le joujou de la première dame de Villiers. Le bénéfice pour le maire : plusieurs millions d’économies par an. Les conséquences pour les Villarons ? Eau courante, services d’assainissement, abonnements de bus : hausse de tous les tarifs. Impossible à enrayer : situation de monopole. Bredin ? Oh Il a très vite saisi que j’avais saisi. J’ai reçu des lettres de menaces, on m’a crevé les pneus, et puis j’ai été victime d’un cambriolage. Alors j’ai compris que j’avais eu raison de m’inquiéter, et qu’il fallait continuer le combat. Quant à Bredin, il a qu’à bien se tenir. D’ailleurs je l’ai pas encore vu, lui. Je vous quitte, j’ai bien l’intention de lui dire ses quatre vérités, et devant tout le monde, encore ! (Elle sort.)

Patrick Bredin, paraissant lentement. — Elle est partie ? Cette fille est une hystérique. Pas pu faire autrement que de l’inviter : la députée de la circonscription ! Une écolo, en plus… Madame je lave plus blanc que blanc. Ou plus vert que vert. Heureusement, Bernard a amené son service d’ordre. Pas d’esclandre, tout va bien. Sur le fil, sur le fil… Pour moi, y a qu’une chose qui compte : un budget équilibré. C’est ce que j’ai promis aux Villarons : à la fin de mon mandat, un budget équilibré. Mais c’est pas facile. Sur le fil, sur le fil… Quand je suis arrivé, j’ai découvert un trou… mais alors un trou… Je suis tombé dedans et j’en suis pas encore remonté. Là-dessus, Adeline a commencé à me tarabuster pour acheter La Motte-Fleurie. Après, ça a été sa fondation… Heureusement que je connais un peu le Secrétaire d’État chargé de la lutte contre la fraude fiscale. Grâce à lui on a pu bricoler un petit montage financier efficace avec une société écran à Panama, mais ça me coute quand même un rein ! Sur le fil, sur le fil… J’ai vraiment cru que j’allais y laisser ma peau. Ce qui a tout changé ? Nos retrouvailles avec Bernard. Bernard Émaux, le PDG de La Française de liquide. On s’était pas revu depuis la primaire. Un authentique amateur d’art. Enthousiasmé par le projet d’Adeline. Vraiment. Avant je ne savais pas ce que c’était que l’enthousiasme. Depuis que j’ai vu Bernard signer un chèque, je sais. Mes soucis d’argent, envolés ! Il était normal que je le remercie, et que je fasse profiter sa boîte, La Française de liquide, de quelques marchés intéressants à Villiers. Ainsi, le prochain budget municipal sera équilibré ! Et lors des prochaines municipales, je pourrai dire : «Villarons, Villaronnes, je vous avais promis un budget équilibré, j’ai tenu ma promesse ! » Sur le fil, sur le fil… Mais à propos, plutôt que de rester enfermés ici, vous pourriez en profiter pour aller donner un coup de main au buffet, croyez-moi, c’est l’affluence ! (Radieux, il devient inquiet en un éclair.) Allons voir si Dublot n’en profite pas pour répandre son fiel. (Il sort comme s’il partait en filature tandis que rentre Adeline.)

Adeline Bredin, apercevant son mari, électrique. — Patrick ? Patrick ! Pas pu lui glisser un mot depuis le début de la soirée ! Je suis un peu nerveuse… Pour ce soir, je voulais le meilleur. Le meilleur de la musique contemporaine. C’est vrai : pour inaugurer une fondation d’art contemporain, quoi de mieux que de la musique contemporaine ? Grâce au carnet d’adresses de Bernard, j’appelle Pierre Boulez, j’ai son répondeur, je laisse un message, le lendemain j’apprends qu’il est mort ! Les gens sont méchants, les gens sont méchants, les gens sont méchants ! Spécialement ces salopards de compositeurs de musique ! Quant aux instrumentistes, ce sont les pires… Ils pensaient sans doute que je jetterais l’éponge. C’était mal me connaître. On me respecte, moi ! Je ne supporte pas qu’on se moque de moi… Et Bernard non plus ! Ah ! … Bernard… Quel homme !… Lors de la promotion de la branche déchets de La Française de liquide, il avait fait la connaissance d’un ensemble de musique moderne, le trio Recyclea. Trois musiciens passionnés, composant eux-mêmes leurs oeuvres et jouant uniquement sur des objets usagés, jetés au rebut. Tout le gratin de la musique contemporaine, réuni au festival de Donaueschingen, a encensé leur sonate pour fer à repasser, corde à linge et tambour de machine à laver. Sans compter qu’avec leurs instruments, ils ont pu dépanner leur hôtel qui avait un problème de pressing. Ce qu’ils vont jouer ce soir ? Une composition inédite, créée spécialement pour l’occasion. Le titre ? Monopoly, variations pour sac poubelle, douche et moteur diesel. Tout un programme ! Ils vont encore éblouir l’auditoire, j’en suis sûre. Car ils vont jouer… oui, oui, ils vont jouer… quoi qu’il arrive, ils vont jouer ! … Au fait, je suis navrée, vraiment, mais je ne peux faire autrement que vous garder ici, parce que… (Soudain on entend des cris et un mouvement général de panique.) Que se passe-t-il ? Il me semble que… (Troublée, elle sort rapidement tandis qu’entre Michel Frotte.)

Michel Frotte, fort accent paysan de chez Molière. — Bon d’là de bon d’là de bon d’là ! Où ce qu’il est, m’sieur Bredin ? Sacré nom de diou ! J’avons jamais vu ça ! Jamais ! Faut absolument qu’j’y dise ! Alors, ben, désolé, salut la compaguenie, à la revouéyure ! (Il amorce une sortie puis s’arrête.) Minute ! J’pouvons quand même pas vous laisser comme ça comme deux ronds d’flans… Je vous la faisons courte : alle est morte ! Mais… raide morte ! Assassinée. Oui, ça, assassinée, pas de doute ! Quoué ? Qui qu’est morte ? Eh ben la concertiste ! (Quittant l’accent paysan.) Oh et puis flûte ! J’en ai marre de parler comme ça, mais marre ! C’est épuisant, j’avoue. Mais c’était la seule façon de se faire embaucher : monsieur et madame exigeaient un jardinier de la campagne ! Moi qui ai grandi avenue de Clichy ! En plus, il faut que j’annonce la nouvelle à madame. Ordre de monsieur. Un meurtre ! Le soir de l’inauguration de sa fondation ! Je sais ! Je vais aller le voir et profiter de la confusion pour lui dire que, sous le choc, mon accent a disparu. J’avoue, excellente idée. (Il sort tandis qu’entre Hortense Pascaud d’un pas énergique.)

Hortense Pascaud, sortant sa carte professionnelle. — Hortense Pascaud, lieutenant de police. Que personne ne bouge. Vos papiers. Contrôle d’identité général, allez, hop hop hop ! Toutes les personnes présentes au château sont sur la liste des suspects. Même vous. Vous êtes bouclés ici depuis le début de la soirée ? Je veux pas le savoir : je dis ça je ne dis rien, un meurtre vient d’être commis. La victime ? Kerstin Offenbarung, musicienne. L’arme du crime ? Un couteau. L’abdomen a été entaillé de façon profonde et large. Elle baignait dans son sang. Il avait même commencé à dégouliner de l’estrade. (On entend des sirènes.) Les renforts. Je vous l’ai déjà  dit, tout le monde est suspect. Particulièrement Lars Blix et Eva Jakobsson, les deux autres membres du trio, les derniers a avoir vu Kerstin en vie. Mais y en a une que j’ai à l’œil. La Dublot. Elle croyait que je la regardais pas… mais au moment où j’ai annoncé qu’un meurtre avait été commis, vous auriez vu ce sourire qu’elle a affiché ! Enfin, plutôt, qu’elle a voulu dissimuler… Tout le monde sait qu’elle hait Bredin. Mais ce qu’on ignore souvent, c’est qu’il y a trois ans l’ex de Dublot a déposé une plainte pour attaque au couteau. Que Dublot aurait commise ! Je dis ça je ne dis rien. Je reviendrai plus tard. Pour l’interrogatoire. (Elle sort, énergique, alors que Pepito Moussu pointe le bout de son nez.)

Pepito Moussu, une bouteille de champagne à la main. — Oooh ! Y a encore une pièce ici ? (Regardant devant lui) M’sieurs dames. (Avançant) Cette taule, c’est quequ’chose. (Buvant à la bouteille) Carrément dégueulasse. Bien fait pour leur tronche ce qu’il leur tombe sur la gueule ! Ces enfoirés… (Il crache.) Et que je me t’achète un château, et que je me te recrute des domestiques, et que je me te roule en limousine… ça veut jouer les prout-prout mais c’est pas mieux que crotte. Avant, j’étais bien, ici. Le château abandonné, depuis presqu’un siècle, pour moi tout seul. Et le parc. Cinq cents hectares, clos de murs sur treize kilomètres. J’étais le roi. Jusqu’à ce qu’ils me te virent, ces enfoirés. (Il crache.) Mettre à la rue un clochard, fallait le faire ! D’autant que les clochards, ces enfoirés, ils crachent pas dessus quand ils viennent d’Espagne en camion, payés par cette garce de Maud ! La marge qu’ils doivent se faire, ces saligauds… Mais le jour où j’ai été de nouveau sur le trottoir, je l’ai juré : ils l’emporteront pas au paradis ! (Il sort un grand couteau rougi avec lequel il se pèle une pomme.) Le problème c’est Toinette. Vous connaissez pas cette gueuse ? La bonniche des Bredin. Elle veille au grain, cette morue. Quand je pense qu’avant de servir ici, elle officiait dans le claque de cette punaise de Maud… Je suis arrivé en me collant au préfet, je pouvais pas mieux trouver comme cachette. Mais elle m’a repéré, la grue. Là, je me suis arrêté. C’était comme quand mon paternel a vu Saint Benoît Labre. Un silence assourdissant est tombé sur nous comme un voile enchanteur et pourtant menaçant. Oui, à mes heures, je suis poète et je vous pisse à la raie. Bref, j’ai compris que plus rien ne m’arrêterait. (Montrant son couteau) Alors j’ai sorti mon Châtellerault. Vous auriez vu la tronche de l’autre pomme. (Il croque la sienne.) Elle s’est mise à trembler… Et moi je me suis éclipsé. Plus tard, quand j’ai vue l’austro-boche, si belle, si pure, baignant dans son sang, j’ai embrassé mon Châtellerault et j’ai dit « Merci Saint Benoît Labre » ! Mais vous caftez pas, hein, je compte sur vous ?  (Alors qu’Hortense passe la tête par la porte.) Oh non ! La police ! Vous m’avez pas vu ! Enfoirés !… (Il crache.)

***

Lire le texte complet de la pièce (PDF gratuit)


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