Recueil de sketchs médicaux
Comment faire rire avec les pires sujets du monde
En moins d’1h et demie de lecture, découvrez comment plonger votre public dans un univers de sketchs comiques et inattendus (même si votre groupe a peu d’expérience théâtrale).
Avant de vous en dire plus, on aimerait que vous répondiez à trois questions simples :
🆘 Est-ce que vous avez assez de tomber sans cesse sur des textes qui ne correspondent jamais à votre répartition femmes/hommes ?
🆘 Est-ce que vous n’en pouvez plus de voir vos interprètes patauger dans des scènes interminables ?
🆘 Est-ce que vous faites partie de ces personnes qui fuient l’humour à l’eau tiède ?
Si vous avez répondu oui à au moins deux questions, alors lisez vite ce qui suit !
Un médecin et son patient/sa patiente, deux personnes venues voir un-e malade, gros accidents et petits bobos… Brèves de clinique vous proposent dix-neuf sketchs à deux, parfois à trois, autour du thème de la maladie et de la guérison, histoire d’en rire.
En accédant au texte intégral de Brèves de clinique, vous obtiendrez un fichier pdf de 100 pages pour un poids ultra-réduit de 523 Ko. Le fichier est donc très facilement téléchargeable sur votre téléphone, votre ordinateur, votre tablette et imprimable à volonté.
Avec Brèves de clinique vous découvrirez :
✅ un grand choix de sketchs pour mieux sélectionner ceux qui vous plaisent le plus
✅ des dialogues rythmés donnant de l’énergie au jeu scénique
✅ un recueil avec lequel vous pourrez configurer votre spectacle selon que vous ayez besoin de 30 minutes, 1 heure, 1 heure et demie
✅ des textes d’une durée de 4 minutes simples à mémoriser et à jouer
✅ des sketchs à chutes qui surprendront votre public
✅ des textes riant de la maladie et de la mort, pour mieux mettre à distance l’angoisse qu’elles peuvent créer et s’en libérer
Intéressé·e ?
Attention, cependant : ce recueil est fortement déconseillé aux personnes qui n’aiment pas l’humour noir !
Téléchargez le texte complet de Brèves de clinique
Pour jouer Brèves de clinique sur scène,
La déclaration SACD est indispensable :
👉 Faire la demande d’autorisation sur le site de la SACD
Questions fréquentes sur les Brèves de clinique
Est-ce qu’on peut vraiment rire de la maladie ?
Oui, et c’est même recommandé. Le rire, ici, est un traitement préventif : il désinfecte les angoisses et recoud les plaies avec du fil d’ironie. Aucun effet secondaire connu, sauf les fous rires collectifs.
C’est pour quel type de public ?
Pour ceux et celles qui savent que l’humour noir n’est pas une maladie honteuse. Et pour tous ceux et toutes celles qui ont déjà attendu trois heures dans une salle d’attente en se demandant si le docteur existait vraiment.
Les sketchs sont-ils difficiles à jouer ?
Pas du tout : courts, nerveux, précis. Ce sont des dialogues à deux ou trois voix, conçus pour que même les troupes débutantes puissent les faire vivre. L’énergie prime sur la technique.
Peut-on créer un spectacle complet à partir du recueil ?
Oui — il suffit d’enchaîner les consultations ! Le recueil s’adapte à la durée que vous voulez : 30 minutes, une heure ou plus. À vous de composer votre salle d’attente idéale.
Le recueil a été joué à plusieurs reprises ces dernières années :
🎭 Théâtre des Sources, Houdémont, janvier 2022
🎭 O’bord des Arts, Bords, Tonnay-Boutonne, Lussant, Février 2022,
🎭 Les drôles de Jouhet, Jouhet, mars 2022
🎭 Association de sauvegarde de Notre-Dame de Lorette, Saint-Michel-de-Lapujade, mars 2023
🎭 Compagnie Scen’art de Marcheprime, Gironde, mai 2025.
Il a souvent été intégré dans un ensemble plus vaste, ce qui démontre en quoi il peut venir nourrir une séance théâtrale composite.
Extrait de Brèves de clinique
Le brigadier
Ils/Elles s’approchent du rideau et l’entrouvrent discrètement pour regarder dans la salle. Un a un brigadier à la main.
UN. — Doucement… ils vont te voir…
DEUX. — Penses-tu ! … Ils font pas attention… Oh !
UN. — Quoi ?
DEUX. — Y a les auteurs !
UN. — Les auteurs ?
DEUX. — Les auteurs de la pièce.
UN. — Non ?
DEUX. — Si !
UN. — Rivoire et Cartier ?
DEUX. — Rivoire et Cartier.
UN. — Alors ils existent vraiment ?
DEUX, haussant les épaules. — Oui.
UN. — Moi qui pensais que c’était un canular…
DEUX. — Un canular ?
UN. — « Rivoire et Cartier » ça fait un peu… marque de pâtes, non ?
DEUX. — C’est parce qu’ils écrivent à deux : Antoine Rivoire et Jérôme Cartier.
UN. — Où ils sont ? Je les vois pas…
DEUX. — Là-bas… au dernier rang…
UN. — On aurait pu leur laisser le premier rang…
DEUX. — Ils nous avaient pas dit qu’ils viendraient…
UN. — Lequel est Rivoire ? Et lequel Cartier ?
DEUX. — Alors… Rivoire c’est le petit avec son brushing impeccable… Cartier c’est le grand un peu dégarni… À moins que ce soit le contraire…
UN. — En tout cas, ils ont pas l’air en forme…
DEUX. — C’est normal… ils sortent de convalescence…
UN. — Ah c’est pour ça…
DEUX. — C’est pour ça quoi ?
UN. — Ben c’est pour ça qu’il a un bandage.
DEUX. — Qui ? Rivoire ?
UN. — Non, Cartier. D’ailleurs, il a le bras en écharpe.
DEUX. — Qui ? Cartier ?
UN. — Non, Rivoire. Pourquoi ils étaient en convalescence ?
DEUX. — Un accident.
UN. — Oh ?
DEUX. — Un accident de réplique.
UN. — Mince, c’est moche…
DEUX. — Ils ont eux-mêmes reconnu qu’ils avaient un peu abusé.
UN. — Trop d’alcool ?
DEUX. — Excès de vitesse.
UN. — Ils étaient à combien ?
DEUX. — Ils ont été flashés à cent cinquante voire deux cents mots minute.
UN, impressionné-e. — La vache !
DEUX. — Je peux te dire que quand t’es lancé-e dans l’écriture d’une comédie à deux cents mots minute et que, d’un coup, t’as un gag qui te pète à la gueule au coin d’une phrase, tu fais pas le mariole !…
UN. — Et… ils ont morflé ?
DEUX. — Ils ont pris des éclats de rire en pleine poire… Heureusement, les blessures étaient superficielles…
UN. — Mais où t’as appris tout ça ?
DEUX. — Ça a fait les gros titres.
UN. — Quand ça ?
DEUX. — Hier.
UN. — Hier ? J’ai rien vu. Pourtant j’ai regardé le journal de vingt heures.
DEUX. — C’était pas à la télé, les gros titres. C’était dans La Gazette des Bouchers-Charcutiers picards.
UN. — Ah… d’accord… je comprends pourquoi j’en ai pas entendu parler… Je savais pas que t’étais Picard.
DEUX. — Je suis pas Picard.
UN. — T’es pas boucher-charcutier non plus.
DEUX. — Non, mais je suis curieux moi, je m’informe. Alors j’ai pris un abonnement au Monde diplomatique, à Courrier international et à La Gazette des Bouchers-Charcutiers Picards !
UN. — En tout cas, j’espère que le spectacle va leur plaire.
DEUX. — Va savoir… il paraît qu’ils sont pas commodes…
UN. — Oh lala, j’ai le trac… j’ai peur d’avoir des trous…
DEUX. — T’en fais pas, ils s’en rendront même pas compte…
UN. — Tu crois ?
DEUX. — Ils en écrivent tellement, ils peuvent pas se souvenir de chaque réplique.
UN. — Bon alors, on frappe les trois coups ?
DEUX. — Passe-moi le brigadier.
UN, lui donnant. — Au fait, pourquoi on appelle ça un brigadier ?
DEUX. — Parce qu’au théâtre on travaille en équipe, en brigade, si tu préfères… Comme dans la police…. Comme en clinique…
UN. — Comme en clinique ? ça tombe bien, c’est le thème de la pièce !
DEUX. — Bon alors, merde !
UN. — Merde ! Mais au fait, pourquoi on dit merde au théâtre ?
DEUX. — Je t’expliquerai une autre fois !
Il/elle sonne les trois coups.
***
Au fond du couloir
UN. — Excusez-moi, je cherche l’accueil.
DEUX. — Je peux pas vous aider.
UN. — On m’a dit « Au fond du couloir ».
DEUX. — « Au fond du couloir » ?
UN. — Oui.
DEUX, regardant. — Au fond du couloir, y a rien. C’est une issue de secours.
UN. — Pas par-là… (Faisant pivoter Deux) Par-là.
DEUX. — Ah, ce fond-là. (Regardant) Y a rien non plus, c’est un mur.
UN. — Hein ?
DEUX. — Regardez vous-même. Je perds pas la tête…
UN, regardant à son tour. — C’est pourtant vrai. C’est un cul-de-sac…
DEUX, avec satisfaction. — Qu’est-ce que je disais !
UN, continuant à regarder. — Attendez… non… non… c’est pas un cul-de-sac.
DEUX, incrédule. — Quoi « c’est pas un cul-de-sac » ?
UN. — Il y a un mur, mais il y a deux portes. Une à droite et une à gauche.
DEUX, écarquillant les yeux. — Ah oui, c’est vrai. Y a deux portes, oui.
UN. — Oui mais laquelle faut que je prenne ?
DEUX. — Pour ?
UN. — Ben, pour l’accueil ?
DEUX. — Oh j’en sais rien…
UN, embêté-e. — Ah…
DEUX. — Ce que je sais, c’est que l’accueil c’est à côté des consultations externes et des psys.
UN. — Et c’est par où ?
DEUX. — Quoi ?
UN. — Ben, les consultations externes et les psys ?
DEUX. — Les consultations externes ou les psys ?
UN. — Ben… euh… les deux. Les consultations externes et les psys.
DEUX, tendant la main d’un côté. — Alors, les consultations externes c’est par-là. (Tendant la main du côté opposé) Et les psys c’est par-là.
UN, commençant à s’y perdre. — Mais… mais vous venez de me dire que l’accueil est à côté des consultations externes et des psys.
DEUX. — Affirmatif.
UN. — Si les consultations externes sont à l’opposé des psys, comment l’accueil peut être à côté des deux à la fois.
DEUX, s’énervant. — Oh j’en sais rien ! (Montrant sa tête) Y a pas marqué : Jean Nouvel !
UN. — Désolé, mais c’est une simple question de logique…
DEUX. — Vous m’agacez, avec votre logique. Je perds pas la tête !
UN. — Je n’ai pas dit ça…
DEUX. — Si vous voulez, vous avez qu’à me suivre.
UN. — Vous allez où ?
DEUX, amorçant un mouvement dans une direction. — En néphrologie.
UN. — En néphrologie ? C’est quoi, ça la néphrologie ?
DEUX, s’énervant. — Oh j’en sais rien ! (Montrant sa tête) Y a pas marqué : docteur Schweitzer !
UN. — La néphrologie, c’est à côté de quoi ?
DEUX. — La rhumato.
UN. — En ce cas, c’est pas par là.
DEUX. — Pourquoi ?
UN. — Parce que la rhumato, c’est à côté des psys, et que les psys, vous m’avez dit qu’ils sont par-là. (Montrant un côté opposé à celui vers lequel Deux se dirigeait.)
DEUX. — Je perds pas la tête !
UN. — Mais non, mais non… (Lui tendant la main, se présentant) Jacques-line Lapierre.
DEUX, lui serrant la main. — Simon-e Dutourd.
TROIS, avisant Deux. — Ah ! M./Mme Lebourg ! On vous cherchait partout ! (Le/la prenant par le bras) Venez, on va tranquillement retourner dans votre chambre.
UN. — Lebourg ? Mais pourtant ce monsieur/cette dame m’a dit s’appeler Dutourd…
TROIS. — M./Mme Lebourg fait parfois quelques confusions…
UN. — Peut-être pouvez-vous m’aider ? L’accueil, c’est par là ou par là ? (Il/Elle a montré deux côtés opposés.)
TROIS, montrant une troisième direction. — Par là ! Vous prenez l’ascenseur et vous remontez au moins un.
UN. — Ah bon ? Mais… mais… Je crois que j’aimerais autant vous suivre…
TROIS. — Oh là ! ça va pas vous avancer, croyez-moi…
UN. — Oui je sais, vous allez en néphrologie ?
TROIS. — Hein ? Mais pas du tout !
UN. — Moi je dis ça… c’est ce que M./Mme Dutourd… m’a dit, alors…
TROIS, rectifiant. — Lebourg. Eh bien… M./Mme Lebourg a dû faire une petite erreur, comme à son habitude… On ne va pas en néphrologie, on va en neurologie – institut de la mémoire – maladie d’Alzheimer. (À Deux) Allez, venez M./Mme Lebourg.
Trois s’éloigne lentement avec Deux sous le regard abasourdi de Un.
.
***
Allergie
UN. — Je vous écoute.
DEUX, hésitant. — Hum… C’est pas facile…
UN. — Essayez de dire les choses simplement.
DEUX. — Eh bien voilà docteur… je crois que… je crois que je deviens allergique à ma femme.
UN, avec surprise. — Ah. (Silence, puis, se reprenant.) Vous savez, on voit ça dans tous les couples.
DEUX, avec surprise. — Ah bon ?
UN, fataliste. — Hélas… La vie à deux est loin d’être une sinécure et il arrive toujours qu’à un certain moment, on ne puisse plus supporter son conjoint.
DEUX. — Non, attendez, je crois que je me suis mal exprimé…
UN. — Rassurez-vous : c’est souvent temporaire. Je vous comprends : vous êtes un peu perdu ?
DEUX. — Oui, en effet, mais peut-être pas pour la raison que…
UN. — Et vous êtes venu me voir. Au fond, vous avez bien fait. (Cherchant quelque chose) Attendez… je dois avoir ça quelque part… (Trouvant) Ah ! voilà. (Donnant une carte à deux) Martine Cupidon, conseillère conjugale. Je vous la recommande. Ma femme/Mon mari et moi on a eu un petit passage à vide, on est allés la voir et depuis, (avec connivence) c’est reparti comme en quarante.
DEUX. — Docteur, je vous remercie mais il ne s’agit pas de passage à vide. Simplement, je deviens vraiment, mais alors vraiment allergique à ma femme !
UN. — Je ne saisis pas… Elle vous donne des boutons ?
DEUX. —Exactement !
UN. — Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ? Partez tout seul en vacances une semaine et vous verrez, quand vous rentrerez, vous retrouverez votre complicité avec elle.
DEUX. — C’est pas une question de complicité, docteur ! Mais dès qu’elle arrive, elle me file des boutons. Mais attention : des vrais boutons, partout ! Et surtout sur le visage.
UN. — Attendez… vous êtes en train de me dire que quand votre femme arrive près de vous, votre visage se couvre de boutons ?
DEUX. — Et mon corps, aussi.
UN. — Quel genre de boutons ?
DEUX. — Du genre rouges et qui grattent.
UN. — Et c’est venu comme ça ?
DEUX. — Pour être précis, ça a commencé lundi dernier. Je disais à ma femme que ma mère venait déjeuner avec nous dimanche. Et là, elle commence à me dire : « Y en a marre, ta mère, on la voit tout le temps ! Déjà qu’il faut l’amener partout parce qu’elle peut pas se déplacer… en plus, maintenant, faut qu’on se la farcisse tous les dimanches ! » Moi je lui réponds : « Oh, franchement, t’exagères ! En ce moment, elle va pas bien, elle picole tant qu’elle peut, je pense qu’on peut bien faire ça pour elle. » Mais elle persiste : « Pas question, c’est non ! » Et là je lui dis : « Isabelle, arrête ! En ce moment, t’es tellement imbuvable, dès que je te vois, ça me file des boutons ! » Et au lieu de me répondre une vacherie, elle s’arrête, elle me regarde et elle me dit : « Purée, c’est vrai. » Je vais me voir dans la salle de bain, ça n’a avait pas loupé : des boutons partout !
UN. — Votre femme met peut-être une crème ou un produit qui…
DEUX. — Non.
UN. — Souvent, les fonds de teint et les rouges à lèvres peuvent contenir des composants qui…
DEUX. — C’est pas ça, docteur. Au contraire : ma femme se maquille jamais. Justement, je lui ai dit plusieurs fois qu’elle pourrait faire un effort de temps en temps mais elle est têtue comme une mule !
UN. — C’est peut-être hormonal… Votre femme est enceinte ?
DEUX. — Houlà !… J’espère bien que non !
UN. — Ménopausée, alors ?
DEUX. — Non plus.
UN. — Et ces boutons n’apparaissent que quand votre femme arrive ?
DEUX. — Uniquement.
UN. — Inutile de m’en dire plus : je sais ce que c’est.
DEUX. — Ah ?
UN. — Vous somatisez.
DEUX. — C’est-à-dire ?
UN. — Vous êtes en conflit avec votre femme et, votre corps exprime ce conflit de cette façon. Finalement, quand je vous disais d’aller voir une conseillère conjugale, j’étais dans le vrai…
DEUX. — Mais pourquoi ça se déclenche seulement maintenant ?
UN. — Je ne sais pas, moi… En ce moment, vous voyez plus votre femme que d’ordinaire ?
DEUX. — Au contraire, je la vois moins. Elle vient de retrouver du boulot, alors… Avant elle était à la maison toute la journée, mais maintenant, elle arrive toujours après vingt heures…
UN, lui redonnant la carte. — Suivez mon premier conseil : allez voir Mme Cupidon et croyez-moi, cette histoire de boutons ne sera plus qu’un mauvais souvenir.
DEUX. — Vous croyez ?
UN. — Mais oui… Vous savez… des problèmes de couples… on en traverse tous…
DEUX. — Vous avez peut-être raison… Combien je vous dois ?
UN. — Rien.
DEUX. — Docteur, vous plaisantez ?
UN. — J’insiste. Mais vous me promettez d’aller voir Mme Cupidon ?
DEUX, regardant la carte. — Je vous le promets. Elle consulte le samedi ?
UN. — En semaine uniquement. Jusqu’à dix-sept heures.
DEUX. — Zut, ma femme finit à dix-neuf heures trente.
UN. — Qu’elle demande à son patron, exceptionnellement…
DEUX. — Oh ça m’étonnerait qu’il lui fasse une fleur. D’après ce que j’ai compris, ils sont très à cheval sur les horaires, à l’usine de pesticides.
UN, troublé-e. — Ah… eh bien peut-être que… hum… Mme Cupidon pourra faire un effort…
DEUX. — Ah. Merci docteur, me voilà rassuré !
UN, avec un sourire. — Mais de rien. Au revoir !
***
Ablation
Un et Deux, en blouse avec des masques médicaux. Ils/Elles sont autour d’un patient recouvert d’un drap. Ils/Elles sont penchés au-dessus du ventre, qui est découvert.
UN. — Fil et aiguille. (Deux lui donne du fil et une aiguille. Un se met à coudre. Une fois son ouvrage fait) Ciseaux. (Deux coupe le fil. Un lui redonne fil et aiguille.) Compresse. (Deux lui donne une compresse. Un éponge alors la plaie. Un redonne la compresse à Deux et enlève son masque.) J’en peux plus !
DEUX. — Moi non plus !…
UN. — Il m’a donné du mal, le cochon…
DEUX, approuvant. — Il était coriace…
UN, triomphant. — Mais on en est venu à bout !
DEUX, enlevant son masque. — Et maintenant, week-end !
UN. — Vous allez chez votre sœur ?
DEUX, acquiesçant. — Les petits vont pouvoir profiter de la plage. Et vous ? Rome ?
UN. — Depuis le temps qu’on en rêve ! … Allez, à lundi !
DEUX. — À lundi, professeur !
UN, revenant sur ses pas. — Au fait, vous envoyez le foie au labo, comme d’ordinaire.
DEUX. — Pardon ?
UN. — Je dis : « vous envoyez le foie au labo ».
DEUX. — Le foie ? Quel foie ?
UN, désignant le patient. — Celui qu’on vient de lui enlever !
DEUX. — Le foie ? Vous lui avez enlevé le foie ?
UN, avec un ton de reproche. — Vous étiez à côté de moi !
DEUX, se justifiant. — J’avais pas le nez au-dessus de la plaie…
UN, déstablisé-e. — Attendez, vous n’allez pas me dire que…
DEUX, déstabilisé-e à son tour. — Il me semblait avoir lu…
UN. — Où est la check-list ?
DEUX, lui donnant un porte-document. — La voilà.
UN, après avoir jeté un coup d’œil. — Et merde !
DEUX. — Quoi ?
UN. — Fallait lui faire une ablation de la rate.
DEUX. — Hein ?
UN. — Et on lui a enlevé le foie !
DEUX. — « On », « on », c’est surtout vous, qui…
UN. — Un peu de solidarité, merci !
DEUX. — Mais comment vous avez pu confondre ? La rate !
UN, se justifiant. — Je sais pas… le foie, en même temps… c’est juste au-dessus !…
DEUX, avec réprobation. — Quand même !
UN, minimisant. — Écoutez, le foie ça repousse vite ! Il s’en remettra.
DEUX. — Qu’est-ce que vous avez dit ?
UN. — J’ai dit que le foie ça repoussait vite. Voilà un homme qui sera vite sur pied.
DEUX. — De quel homme vous parlez ?
UN. — Du patient !
DEUX. — Quel patient ?
UN. — Il y quelque chose qui ne tourne pas rond ? Je parle de notre patient ! Monsieur… Monsieur… Comment il s’appelle, déjà ? (Prenant le porte document, lisant) « Monsieur Henri Bourrassol. »
DEUX. — « Henri Bourrassol » ?
UN. — Qu’est-ce qu’il y a encore ?
DEUX, montrant le patient. — C’est pas Henri Bourrassol.
UN. — Qu’est-ce que vous dites ?
DEUX, prenant peur. — Je vous dis que c’est pas Henri Bourrassol.
UN, incrédule. — C’est pas Henri Bourrassol… (Soulevant le drap pour voir le visage du patient) Oh putain !
DEUX, les larmes lui montant aux yeux. — Je vous l’avais dit !
UN, fort. — C’est une femme ! Une femme !… bordel… Mais qui c’est, celle-là ?
DEUX, pleurant presque. — Je croyais que vous saviez…
UN. — Jamais ! Je l’ai jamais vue…
DEUX. — Qu’est-ce qu’on va faire ?
UN. — Poubelle.
DEUX. — Quoi ?
UN. — Son foie, poubelle !
DEUX. — Mais…
UN. — Discutez pas !
DEUX. — Et elle ?
UN. — Vous la laissez aux urgences. Ils finiront bien par la prendre en charge et lui feront tous les contrôles. Et vous : vous l’oubliez. Vous ne l’avez jamais vue !
DEUX. — Et Bourrassol ?
UN. — Qu’il aille se faire opérer ailleurs !
***
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