Vaudeville pour 13 personnages, distribution modulable
Et si la technologie pouvait mettre tout le monde dans un profond sommeil ?
Accordez-nous moins d’une heure de lecture et plongez votre public dans une comédie de situation explosive et rythmée (même si vous avez peu de moyens).
Quiproquos et portes qui claquent !
Avant de vous en dire plus, on a 3 questions rapides à vous poser :
🆘 Vous en avez assez des comédies qui misent tout sur les jeux de mots et autres mots d’auteur ?
🆘 Vous ne supportez plus les pièces qui traînent en longueur et perdent le spectateur en chemin ?
🆘 Vous faites partie de ceux qui détestent les comédies où les personnages manquent de relief ?
Si vous avez répondu oui à au moins deux questions, alors lisez vite ce qui suit !
Voici le résumé d’Adultère et conséquences :
Le docteur Marianeau, croyant sa femme en déplacement, décide de découcher. Mais une grève surprise à la SNCF ramène Madame plus tôt que prévu. Entre malentendus et révélations explosives, le cabinet devient le théâtre de situations rocambolesques où les personnages, tour à tour coupables ou victimes, tentent d’échapper à leurs propres pièges.
En accédant au texte intégral de Adultère et Conséquences, vous obtiendrez un fichier PDF de 106 pages maximum pour un poids ultra-réduit de 639 Ko, téléchargeable sur votre ordinateur, votre tablette, votre téléphone, et imprimable sur n’importe quel support. La mise en page vous permettra de noter sur le texte toutes les indications et notes de régie que vous jugerez utiles.
Avec Adultère et Conséquences vous découvrirez :
✅ Une comédie rythmée et hilarante : Grâce à ses quiproquos bien ficelés et son énergie, cette pièce garantit un spectacle captivant pour votre public
✅ Des rôles variés et flexibles : La distribution s’adapte facilement à vos effectifs (de 10 à 13 personnages), rendant la pièce malléable
✅ Un décor simple : Un simple cabinet médical, ce qui facilite la mise en scène et réduit les coûts pour votre compagnie
✅ Un thème intemporel : L’adultère et les quiproquos qui en découlent trouvent toujours un écho auprès du public, en assurant des éclats de rire.
✅ Des personnages hauts en couleur : Chaque interprète aura l’opportunité de démontrer son potentiel à travers des situations proposant des enjeux forts
Ces dernières années, la pièce a été jouée de nombreuses fois :
🎭 La Compagnie Leitmotiv, Gironde, 2017
🎭 La Compagnie Courant d’Art, Yvelines, 2021
🎭 Amicale Laïque du Pouligou, Loire-Atlantique, 2022
🎭 Association Dunkerquoise Retraite Active, Nord, 2021-2022
🎭 CMPJM Les Démasqués, Loiret, 2023
🎭 Troupe Saint-André d’Ornay, Vendée, 2023
🎭 Amicale Laïque Flora Tristan, Vendée, 2023
🎭 Le Pâté en Troupe, Pyrénées-Atlantiques, 2022-2023
🎭 Centre Culturel de Beloeil, Québec, 2023
🎭 École Intrusion, Rhône, 2023-2024
Intéressé(e) ? Téléchargez gratuitement le texte intégral d’Adultère et Conséquences
et laissez votre public succomber au charme de ce vaudeville irrésistible !
Attention : déconseillé aux spectateurs réfractaires aux quiproquos et aux situations absurdes à la Feydeau !
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Questions fréquentes sur Adultère et conséquences
Est-ce une simple comédie d’adultère ?
Pas du tout. Adultère et Conséquences ne parle pas d’infidélité, mais de panique. C’est une machine à quiproquos où les mensonges s’empilent plus vite que les portes ne s’ouvrent. Le plaisir vient moins du “trompe-moi si tu peux” que du “comment s’en sortir maintenant ?”.
Peut-on la monter sans grand budget ?
Oui — c’est même son terrain naturel. Un bureau médical, trois chaises, et beaucoup de nerfs : le reste se joue sur le tempo et la précision des acteurs. La mise en scène peut rester sobre tout en étant redoutablement efficace.
Convient-elle à un public familial ?
Absolument. La pièce n’est jamais vulgaire. On rit des situations, pas des corps. Les spectateurs y retrouvent le plaisir du vaudeville classique — la tension, le rythme, la mauvaise foi — sans aucune lourdeur grivoise.
Et si nos comédiens sont de niveaux très différents ?
C’est idéal. Adultère et Conséquences offre à la fois des personnages moteurs pour les plus aguerris et des rôles plus secondaires mais savoureux pour les débutants. L’ensemble repose sur le collectif, pas sur une performance individuelle.
Quelle est la plus grande difficulté de la pièce ?
Le rythme. C’est une mécanique comique réglée à la seconde : une réplique trop tard, et le quiproquo s’effondre. Mais une fois la pulsation trouvée, tout roule. Et le public rit… sans jamais reprendre son souffle.
Adultère et conséquences est le fruit d’une commande initiée par Maxence Geley, de la Compagnie Leitmotiv, Bordeaux. La commande a été passée en août 2017 et la pièce a été livrée en octobre 2017. Elle été créée le 9 juin 2018 au Théâtre Le Victoire, à Bordeaux.

Pour l’écriture de la pièce, nous avons repris des situations de Tailleur pour Dames et Le Dindon de Georges Feydeau, nous les avons mixées ensemble pour obtenir un vaudeville neuf.
Depuis, c’est une de nos pièces les plus jouées, en France et à l’International.
Voici quelques exemples parmi les dernières représentations :
- École Intrusion, juin 2023, Gleize, Rhône
- Théâtre des Deux Rives, avril 2023, Beloeil, Quebec, Canada
- Amicale Laïque Flora Tristan, février-mars 2023, La Roche-sur-Yon, Vendée
- La Troupe de Saint-André d’Ornay, février 2023, Nesmy, Vendée
- CMPJM Les Démasqués, janvier-février 2023, Ingré, Loiret
- Le Pâté en Troupe, novembre 2022, janvier, mars, avril 2023, Biarritz, Bayonne, Bassussary, Larressore, Pyrénées-Atlantiques
Deux vidéos de la pièce sont à ce jour disponibles.
Il vous est possible de consulter une vidéo intégrale de la production de l’Amicale Laïque Flora Tristan, mise en ligne le 24 mars 2023.
Vous pouvez aussi regarder une vidéo partielle de la production de l’atelier théâtre du Papillon de Lune, captée le 15 février 2020, lors d’une représentation au Théâtre Illustré de Bessan, Hérault.
Voici quelques affiches et visuels de différentes productions.






Extrait d’Adultère et conséquences
Personnages
Berthier, secrétaire de Marianeau.
De Marcy, directrice de la Clinique Saint-Bernard.
Alicia, patiente de Marianeau.
Laurence, femme de Marianeau.
Marianeau, psychiatre.
Bourrassol, ami des Marianeau.
Samantha, maîtresse de Marianeau.
Montagnac, père de Laurence.
Yvonne, mère de Laurence.
Bright, amant d’Alicia, mari de Samantha.
Le décor
L’action se déroule dans le cabinet du docteur Marianeau, psychiatre. La pièce est partagée en deux par un paravent : d’un côté un divan avec un fauteuil dont le praticien se sert pour ses consultations ; de l’autre côté du paravent, un bureau avec deux fauteuils. Sur le divan, une couverture. Sur le bureau, en plus du nécessaire, un bouton relié à un fil. Il y a trois portes : de chaque côté du paravent, deux portes donnent sur le couloir permettant d’accéder au logement du docteur ainsi qu’à la salle d’attente et une troisième porte, placée côté bureau, mène à une salle d’eau attenante au cabinet.
Acte I.
Scène 1. Berthier, seule.
Berthier, seule dans le cabinet, est au téléphone.
Berthier. — Mais puisque je vous dis que le docteur va combler son découvert ! (On frappe à la porte du côté de la salle d’attente.) Grâce à quoi ? Eh bien grâce au prêt que vous allez lui accorder. (On frappe de nouveau.) Comment ça, « c’est une honte ! » ? Vous devriez être contente : il vous devait dix mille, il vous devra bientôt vingt-cinq mille ! Ça, c’est ce que j’appelle un bon client ! (On refrappe à la porte.) Ah non, vous ne pouvez pas. Vous ne pouvez pas nous refuser ce crédit, c’est impossible. Mais parce que dans « Crédit commercial de Paris » il y a crédit, chère madame. Il y a aussi commercial, c’est vrai, maintenant que vous me le dites… Le docteur a mis au point un appareil… je ne peux pas encore vous en parler, mais ça va être… oh lala ça va être… Dès qu’il arrive, il vous rappelle et il vous explique. C’est ça, je vous remercie, au revoir chère madame, et toutes mes amitiés au service recouvrement et contentieux. (Elle raccroche.)
De Marcy entre.
Scène 2. Berthier, De Marcy puis Alicia.
Berthier. — Oh ! Mme de Marcy !
De Marcy. — Bonjour Berthier. Je suis pressée. Où est Marianeau ?
Berthier. — Il n’est pas là.
De Marcy. — Il n’est pas là ?
Berthier, à part. — Il est sorti hier soir, quand je quittais mon service, ce petit polisson. Il n’est toujours pas rentré. Sa femme s’inquiète.
De Marcy. — Marianeau découche ?
Berthier, riant faux. — Mais non… mais non…
De Marcy. — Que les choses soient claires, si nous devions faire affaire ensemble… J’attache une grande importance à certaines valeurs et je n’admettrai en aucun cas que Marianeau s’amuse à…
Berthier, mentant avec le sourire. — Le docteur est là !
De Marcy. — Faudrait savoir. Il est là ou il est pas là ?
Berthier. — Mais il est là !
De Marcy. — Une explication claire, c’est dans vos cordes ?
Berthier. — Evidemment. Mme de Marcy, nous connaissons vos principes et comme je vous l’ai dit au téléphone, le docteur Marianeau est fils de catholique, petit-fils de catholique, catholique lui-même, baptisé, catéchisé, confirmé, reconfirmé, certifié, garanti 100% catholique, alors j’aime autant vous dire qu’ici on ne plaisante pas avec le domicile conjugal. (Pataugeant ) Pour vous dire la vérité le docteur a passé toute la nuit à baiser/à Béziers… tout ça parce… parce que… parce qu’il voulait ramoner un maximum/ramener un maximum de fellations/d’informations… sur… sur… sur la découverte d’un confrère. Il est revenu un peu tard mais il arrive. En attendant, je vais vous présenter le Sleep-fast.
De Marcy. — Tout de même.
Alicia, paraissant. — Excusez-moi, j’ai rendez-vous avec le docteur et je…
Berthier. — Vous avez rendez-vous ? Mais certainement ! Le docteur ne va pas tarder. Avant la consultation, il vous a prescrit un traitement préliminaire.
Alicia. — Un traitement ?
Berthier. — C’est sans douleur et ça va vous apporter une vraie détente. (Prenant un petit boîtier.) Tout d’abord, permettez-moi d’insister sur la confidentialité de cet entretien. Le brevet est déposé mais la discrétion reste de mise. Bien. Auparavant, l’hypnose était réservée à un cercle restreint d’initiés. Pour placer un sujet en transe, il fallait soit un don, soit une solide formation. Avec Sleep-fast, hypnotiser son prochain devient à la portée de n’importe qui. J’active Sleep-fast, et je dirige le capteur vers le sujet. (Elle oriente le boitier vers Alicia.)
Alicia. — Moi ? Mais qu’est-ce que vous allez me faire ?
Berthier. — Rassurez-vous, vous ne sentirez rien.
Alicia. — Je ne suis pas d’accord !
Berthier. — Ce qu’il y a de pratique, avec Sleep-fast, c’est qu’on peut justement se passer de votre accord ! Quand je dirai le mot « macaroni », vous tomberez dans un sommeil profond et vous ne sentirez plus rien.
De Marcy. — Pourquoi macaroni ?
Berthier. — Ce mot ou un autre, aucune importance. (À Alicia ) À présent, je place le bouton sur la position « sleep ». Attention… Macaroni ! (Soudain, Alicia s’immobilise totalement quoique les yeux grand ouverts.)
De Marcy. — Qu’est-ce qui lui arrive ?
Berthier. — Elle dort !
De Marcy. — Elle dort ?
Berthier. — Profondément. Elle est dans un état d’hypnose parfaite. Appelez-la, vous verrez.
De Marcy. — Madame !… Madame ? … Ohé !… C’est pourtant vrai.
Berthier. — Elle est devenue insensible à toute douleur. (Elle pince Alicia qui demeure de marbre.)
De Marcy. — Un pincement, c’est une chose ; une opération, c’en est une autre.
Berthier. — Ce n’est qu’une démonstration. Le docteur a réalisé de nombreuses expériences qui prouvent l’efficacité du Sleep-fast.
De Marcy. — Mais comment cela fonctionne-t-il ?
Berthier. — Une histoire d’ondes électro magnétiques, mais ne me demandez pas le détail. Le docteur vous expliquera ça dès qu’il sera rentré euh… dès qu’il aura fini son petit-déjeuner ! Bien, nous allons maintenant sortir le sujet de sa transe, tout simplement en tournant le bouton en position « on ». (Elle s’exécute. Alicia redevient mobile mais semble hallucinée.)
Alicia, comme une somnambule, chantant et dansant doucement. — « Je t’ai rencontré simplement, et tu n’as rien fait pour chercher à me plaire ».
De Marcy. — Qu’est-ce qu’elle a ?
Berthier. — C’est un état transitoire quasi-somnambulique qui permet au sujet de passer de la transe à la veille.
Alicia, poursuivant. — « Je t’aime pourtant d’un amour ardent ». (Elle se réveille soudain.) Qu’est-ce qui m’arrive ?
Berthier. — Vous avez dormi.
Alicia. — Moi ?
Berthier. — Oui !
De Marcy. — Vous nous avez entendues ?
Alicia. — Non.
De Marcy. — Vous avez senti quelque chose ?
Alicia. — Non.
Berthier. — Asseyez-vous.
De Marcy. — C’est extraordinaire ! Berthier, vous savez que nous sommes en concurrence avec la Clinique Saint-Antoine ?
Berthier. — Saint-Bernard contre Saint-Antoine, une lutte ancestrale.
De Marcy. — Mais amicale ! N’empêche, ça me ferait plaisir de leur damer le pion, à ces putains de Jésuites ! (Elle se signe, penaude.) Dieu me pardonne… Vous imaginez les retombées financières de votre petite machine dans notre établissement ? Grâce au Sleep-fast… Plus besoin du service anesthésie ! L’amputation d’une jambe ? Sleep-fast. L’ablation d’un rein ? Sleep-fast. Une opération à cœur ouvert ? Sleep-fast.
Berthier. — Sleep-fast, reposez-vous sur lui !
De Marcy. — Bien, bien, bien… Je vais laisser à Marianeau le temps de finir son petit-déjeuner et je reviens dans un moment. En arrivant, j’ai vu dans une brocante une belle promo sur un lot de crucifix ! (Se dirigeant vers la sortie ) En attendant, dites-lui que je suis passée.
Berthier, la raccompagnant. — A qui ?
De Marcy. — Eh bien, au docteur ! (Ayant soudain un doute.) Il est là ?
Berthier. — Mais bien sûr ! Il est là, il est là ! (De Marcy sort. À Berthier ) Mais il est où ? Découcher ! Cette nuit, justement, la veille d’un rendez-vous si important !
Alicia. — Il faut le comprendre, c’est un homme que j’aime/qui aime sa liberté… (Elle est gênée de son lapsus.)
Berthier. — Je vous suggère d’aller un moment en salle d’attente.
Alicia. — Encore ?
Berthier. — Comment « Encore » ? Une patiente, ça patiente ! Autre chose : dans le couloir, à côté de la porte, il y a un panneau. Sur ce panneau est inscrit : « Lorsque la petite lumière est rouge, n’entrez sous aucun prétexte, le docteur est en consultation. » Vous ne l’aviez pas vue ?
Alicia. — Le panneau ?
Berthier. — La lumière !
Alicia. — Il n’y avait pas de lumière !
Berthier. — Pas de lumière ?
Alicia. — Pas de lumière !
Berthier. — Zut, l’ampoule est grillée…
Alicia sort alors que Laurence entre.
Scène 3. Berthier, Laurence.
Laurence, entrant. — Toujours pas là ?
Berthier. — Bonjour Mme Marianeau…
Laurence. — Oui… bonjour Berthier. Vous n’avez pas vu mon mari ?
Berthier. — Votre ? Non. Non, non…
Laurence. — Mais que se passe-t-il ?
Berthier. — Ne vous inquiétez pas…
Laurence. — Ah non ! Pas de ça, je vous en prie ! Je pars hier soir pour Pau visiter trois jours ma grande tante Elisabeth, mon mari m’affirme qu’il va se coucher sans dîner avec un tilleul et La Revue de psychiatrie moderne ; arrivée à la gare, j’apprends qu’une grève paralyse tous les trains depuis 19h00 précises, je reviens ici et je ne trouve personne ! J’ai cherché à le joindre toute la nuit, sans résultat. Si dans cinq minutes je n’ai pas de ses nouvelles, j’appelle la police ! (Elle sort par une des portes couloir.)
Berthier, ironique. — Je crois qu’elle commence à l’apprécier.
Scène 4. Berthier, Marianeau.
Lentement Marianeau entre par une des portes donnant sur le couloir. Il est vêtu d’un smoking froissé, nœud papillon défait, les cheveux en bataille, la mine déconfite, encombré de cotillons et de serpentins.
Berthier. — Oh !… Docteur !
Marianeau, baillant. — Remettez-vous Berthier, ce n’est que moi…
Berthier. — Vous avez passé la nuit dehors ?
Marianeau. — Oui. Enfin non ! Enfin oui ! Enfin, ça vous regarde ? Vous êtes déjà là ?
Berthier. — Il est neuf heures quarante-cinq.
Marianeau. — Si tard ? Comme le temps file, en votre compagnie…
Berthier. — Le temps file encore plus vite quand on a rendez-vous avec Marie-Thérèse de Marcy, directrice de la Clinique Saint-Bernard.
Marianeau. — Oh nom de dieu !
Berthier. — Je vous conseille désormais d’éviter cette expression avec Mme de Marcy…
Marianeau. — Elle arrive à quelle heure ?
Berthier. — Elle est partie il y a cinq minutes.
Marianeau. — Cinq minutes ? Mais… oh non !…
Berthier. — Elle est emballée par Sleep-fast.
Marianeau. — Vous lui avez fait une présentation ? Oh Berthier ! Je ne sais pas ce que je ferais sans vous… Comment vous remercier ?
Berthier, allusive. — Docteur… vous le savez bien ! …
Marianeau. — Ah non Berthier ! Vous n’allez pas remettre ça ?
Berthier. — J’aime les séducteurs…
Marianeau. — Vous m’êtes indispensable ! On ne va pas tout gâcher avec une histoire de …
Berthier. — On peut très bien concilier amour et travail !
Marianeau. — J’ai déjà assez d’emmerdes comme ça…
Berthier, piquée. — Ah c’est comme ça que vous me voyez ? Une emmerde ?
Marianeau. — Ce n’est pas ce que je voulais dire…
Berthier, à part. — Mon petit père… tu perds rien pour attendre… Je te veux et je t’aurai ! (Haut ) Par contre, la banque a encore appelé, il faut absolument que vous…
Marianeau. — Oui, oui, je sais, je sais… Mais si Saint-Bernard m’achète Sleep-fast, ça va m’ouvrir tout le marché catholique ! Il ne reste plus qu’à convaincre Michel de m’avancer les fonds, et ce sera la fortune…
Berthier. — Vous devriez aller voir votre femme.
Marianeau. — Ma femme ?
Berthier. — Elle n’a pas fermé l’œil de la nuit.
Marianeau. — Ma femme est là ? Mais… Mais… Elle devait aller passer trois jours à Pau.
Berthier. — Votre femme n’a pas pu partir. Grève de la SNCF.
Marianeau. — Une grève ?
Berthier. — Depuis hier soir 19h00.
Marianeau. — 19h00 ?
Berthier. — Ah docteur, à la SNCF on ne plaisante pas avec les horaires. Les grèves commencent toujours à l’heure !
Berthier sort.
Scène 5. Marianeau, seul.
Marianeau. — Alors là… si la SNCF se met à faire grève, c’est la fin de tout ! De toute façon, je ne pouvais pas passer cette nuit sans elle ! Notre anniversaire, déjà trois semaines qu’on s’est rencontrés, ça se fête ! (Consultant son téléphone.) Un texto. C’est elle ! … (Lisant ) « Merci pour cette nuit torride et inoubliable » Cette petite diablesse fait vraiment de moi ce qu’elle veut…
Scène 6. Marianeau, Laurence.
Laurence, entrant. — Ah ! Tu es là.
Marianeau. — Oui ! Mais… toi aussi ?
Laurence. — Manifestement.
Marianeau, mal à l’aise et cherchant quoi dire. — C’est vraiment sensas’ que tu sois là, Laurence… mais tu ne devais pas partir pour Pau ?
Laurence. — Grève des trains.
Marianeau. — Ah oui… Quel emmerdement !… Enfin… je veux dire… quel dommage…
Laurence. — Où as-tu passé la nuit ?
Marianeau. — Hein ?
Laurence. — Où as-tu passé la nuit ?
Marianeau. — Oui, je ne suis pas sourd, où j’ai passé la… Ah mais je ne t’ai pas envoyé un texto ?
Laurence. — Non.
Marianeau. — Je ne t’ai pas envoyé un texto pour te dire que j’allais chez Bourrassol ?
Laurence. — Bourrassol ?
Marianeau. — Tu te souviens, ça fait des mois qu’on n’avait plus de nouvelles de Bourrassol. Eh bien je sais moi, maintenant, pourquoi on n’avait plus de nouvelles. Il est très malade, Bourrassol.
Laurence, incrédule. — Ah ! Et tu y as passé la nuit ?
Marianeau. — Eh ben oui ! Tu n’imagines pas l’état dans lequel il est, Bourrassol.
Laurence, narquoise. — Vraiment ?
Marianeau. — J’ai dû le veiller.
Laurence. — En smoking ? Avec serpentins et cotillons ?
Marianeau, s’enlisant. — En smoking, oui… euh non !… Enfin, c’est à dire… oui, oui, en smoking ! Écoute, Bourrassol est dans un tel état que la moindre émotion le tuerait ! Alors pour atténuer la gravité de la situation, on a organisé une petite soirée chez lui, avec des confrères… Une sorte de consultation médicale collective, si tu préfères… une consultation en smoking… on a bu, on a dansé, toujours pour atténuer la gravité de la… Et tout en dansant… mine de rien… (Chantant et dansant ) « C’est le cancer du pancréas, il en mourra quoi qu’on y fasse » (Bis.) On a ri ! Psychologiquement, on ne pouvait pas lui annoncer de manière directe.
Laurence. — Donc, il est perdu ?
Marianeau, catégorique. — Perdu ! J’ai même commandé son cercueil.
Scène 7. Les mêmes, Bourrassol.
Berthier, ouvrant une porte et annonçant. — M. Bourrassol.
Marianeau. — Hein ?
Bourrassol, entrant. — Salut François, ça fait une paye !
Marianeau, à part. — Mais d’où il sort, lui ? (Courant à Bourrassol, bas ) Taisez-vous ! Vous êtes malade !
Bourrassol. — Moi ? Mais pas du tout !
Laurence. — M. Bourrassol, quelle surprise ! Vous allez bien ?
Bourrassol. — Ça peut aller.
Marianeau, à Laurence. — Oui, ça peut aller, bien sûr, ça peut aller, c’est toujours ce qu’on dit, mais c’est pas fameux, crois-moi, c’est mauvais, c’est même très préoccupant, en fait c’est irrémédiable !… (Bas, à Bourrassol ) Taisez-vous, je vous dis que vous êtes malade !
Laurence. — Mais pourquoi veux-tu que M. Bourrassol soit malade, puisqu’il te dit lui-même…
Marianeau. — Il ne sait pas tout ! Il n’est pas médecin. Je te dis qu’il est condamné !
Bourrassol. — Moi, je suis condamné ?
Marianeau. — Eh bah oui, eh bah oui, eh bah oui… Simplement on a préféré vous cacher la gravité de la situation ! (À part )Mais qu’il en crève ! qu’il en crève !
Bourrassol. — C’est vrai que ces derniers temps je me sens un peu patraque…
Marianeau, à Laurence, triomphant. — Tu vois ! Il se sent patraque !
Laurence, à Bourrassol. — C’est même pour ça que mon mari a passé la nuit à votre chevet.
Marianeau, à part. — Oh non !…
Bourrassol. — Il a passé la nuit à mon chevet, lui ?
Marianeau. — Évidemment ! Vous ne vous en souvenez pas ? (À Laurence ) Laisse, Laurence, tu vois bien que cet homme nage en plein délire ! (Bas à Bourrassol ) Mais vous allez la boucler ?
Bourrassol, à part. — Mais qu’est-ce qui m’arrive ?
Laurence, à part. — J’avais des soupçons mais maintenant j’en suis certaine, il me trompe ! (Haut ). Au fait, tu as parlé à mon père pour le prêt ?
Marianeau. — Il est censé passer tout à l’heure.
Laurence, à part. — Moi vivante, cet argent, tu ne l’auras pas ! (Elle sort.)
Marianeau, la suivant. — Laurence, pas de blague… ce prêt est très important pour le développement de Sleep-fast…
Scène 8. Marianeau, Bourrassol
Marianeau, à Bourrassol. — Bien ! On peut savoir ce que vous faites ici ?
Bourrassol. — En fait, j’étais venu pour… Mais ça n’a plus d’importance. Alors, docteur… dites-moi la vérité… je suis foutu ?
Marianeau. — Hein ?
Bourrassol. — Il me reste combien de temps ? Un mois ?
Marianeau. — Mais non !
Bourrassol. — Moins ? Quinze jours ?
Marianeau. — Écoutez, c’est trop long…
Bourrassol. — Trop long ? Je vais claquer demain ou après-demain, c’est ça ?
Marianeau. — Mais non ! C’est trop long à vous expliquer, mais vous êtes arrivé, et j’ai dû, pour les besoins de la situation…
Bourrassol. — Docteur, arrêtez de me prendre pour un idiot ! Je sais que vous êtes très copain avec le docteur Petypon, mon généraliste…
Marianeau. — Écoutez, Bourrassol, vous êtes en forme, en pleine forme !
Bourrassol. — Assez de mensonges ! Il m’a fait faire des examens la semaine dernière. Qu’est-ce qu’il vous a dit, hein ? Qu’est-ce qu’il vous a dit, Petypon ?
Marianeau. — Mais rien, rien du tout, je vous assure !
Bourrassol. — Ces derniers temps j’étais fatigué, c’est vrai, je croyais que c’était à cause de… Mais il y a autre chose, hein ?
Marianeau. — Il n’y a rien !
Bourrassol. — C’est quoi ? Le poumon ? La prostate ? Ah non je sais… C’est le colon !
Marianeau. — Ni le colon, ni la prostate, ni…
Bourrassol. — Si, c’est le colon, je le sens ! J’adore le saucisson à l’ail…
Marianeau, sortant. — Écoutez, Bourrassol, vous n’avez rien, vous m’entendez, strictement rien !
Scène 9. Bourrassol, seul.
Bourrassol. — « Vous n’avez rien », tu parles ! Quitté par ma femme après une journée de mariage, perdu, allant à gauche, à droite, maintenant malade… Qu’est-ce qu’il me reste ? … Finissons-en. (Il fouille dans les tiroirs du bureau, il en sort un tube de cachets.) C’est comme ça, la vie… Ça commence comme une comédie, on croit qu’on va bien s’amuser, qu’on va bien rire… ah ah ah, et ça finit par un massacre. Adieu, mesdames et messieurs, le clown vous tire sa révérence… Monde de merde. (Il avale d’un trait tous les cachets.) Et voilà ! Il n’y a plus qu’à attendre. Alors attendons, oui attendons, attendons que ça arrive, que ça arrive, oui, que ça arrive, mais qu’est-ce qui m’arrive, là ? qu’est-ce qui m’arrive ? Mais qu’est-ce qui ? Mais qu’est-ce que ? Quoi ? Hein ? Mais… mais… (Lisant les inscriptions sur le tube.) « Maxi-Boost, comprimés énergisants, prototype hors vente commerce, vitamine C, caféine, taurine. » Putain que ça donne la pêche, ce truc ! Wouah ! Je crois que je vais aller faire un petit footing !
Il sort vivement par une des portes tandis qu’entre Berthier par l’autre.
***
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