La genèse des Courbatures de Coubertin est très liée à son contexte. En mars 2014, le service des Sports de la Communauté de Communes Moret-Seine-et-Loing commence à préparer les Jeux Sportifs de Seine-et-Marne, organisés avec le Comité départemental Olympique de Seine-et-Marne. Ces Jeux doivent avoir lieu au printemps 2015. Un gala d’ouverture est programmé et le service des Sports souhaite qu’une pièce de théâtre fasse partie de la soirée. Moret-Seine-et-Loing (MSL) passe donc commande à la Compagnie de Théâtre Amateur de Moret (alors Groupe Artistique de Moret). Noëlle Champeau nous fait l’amitié de nous associer à cette belle aventure. Le cahier des charges est le suivant : la pièce doit être courte, d’audience familiale, faire le lien entre l’olympisme et l’organisation des Jeux de Seine-et-Marne, tout en évoquant les figures sportives du cru : Réné Pottier et André Leducq, cyclistes émérites seine-et-marnais.
Nous nous sommes donc documentés sur le baron Pierre de Coubertin, Pottier et Leducq, dont nous avons lu des biographies, avant de rédiger le texte au début de l’hiver 2014, alors que le GAM était en pleines répétitions du Partage du gâteau. Nous souhaitions écrire un texte mettant en jeu toute la troupe du GAM. L’idée que nous avons eue tout de suite était de situer l’action au Paradis, avec un Coubertin furieux des dérives sportives actuelles, désireux de faire annuler les Jeux de Seine-et-Marne, et trouvant dans la personne du diable lui-même un allié de poids. On se trouvait donc dans un pastiche de Faust, plus du côté de Marlowe que de Goethe. Nous nous sommes mis au courant des usages paradisiaques, lu les attributs des différents Saints-Patrons, afin de choisir ceux qui pouvaient le mieux porter l’action de notre texte.
Étant donné le format de la pièce, nous avons revu quelques épisodes d’une série que nous affectionnons : The Twilight zone. En effet, plusieurs d’entre eux mettent en scène le personnage du diable. Deux en particulier, ont retenu notre attention : le premier est une pure merveille, un épisode de 1963, intitulé “Printer’s Devil”, écrit par un des auteurs de la série que nous préférons, Charles Beaumont. Le diable y est interprété par un très grand acteur : Burgess Meredith. Sa prestation vaut à elle seule le visionnage de cet épisode. Le cigare tordu qu’il fume comme un pompier durant tout l’épisode nous a paru si drôle et si significatif de son pouvoir maléfique et retors que nous l’avons repris pour notre diable. C’est, en réalité, un excellent cigare, que l’on ne trouve pas dans toutes les caves françaises, mais que nous ne pouvons que recommander : un Partagas du nom de Culebras, que certains amateurs fument par trois… Plus tardivement, lorsque la série a été reprise en couleur dans les années 1980, et même si nous goûtons moins cette saison, un autre épisode intégrant le diable a été tourné, réalisé par Wes Craven. Le titre français en est “Un poker avec le diable”.
Ces épisodes nous ont aidés à nous mettre dans le timing particulier qui nous était demandé : déployer une action complète sur 25 minutes, nous qui pouvons écrire des pièces de 2h30… À travers ces influences, nous retrouvions aussi le théâtre du Moyen-Âge et ses Mystères, où le Diable affronte les Saints du Paradis.